Chapitre 8

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Sortis du placard, un silence gênant s'installa. Je raccompagnais Eliad devant l'entrée du gymnase et lorsque je m'apprêtai à partir, il m'attrapa par la taille et me tira vers lui.

- J'ai envie de te voir ce soir... Viens me retrouver sur la plage.

Un peu surprise par sa proposition, je lui répondis mal à l'aise.

- Tu sais qu'Endemol commence sérieusement à surveiller le respect du couvre feu?

J'hésitais à accepter, je m'étais déjà mise en danger hier et je ne voulais pas risquer d'aller en centre de détention pour lui...

- Tu penses bien que si ils me voient, ils te laisseront tranquille, dit-il avec un petit sourire.

Je soupirais en sachant très bien que j'ignorais beaucoup trop de choses à son propos.

- Ok j'accepte.

- Super, à ce soir alors, rendez vous à 22h devant chez toi.

A mon grand étonnement, il m'embrassa délicatement sur la joue avant de rentrer dans le gymnase.

***

A l'heure convenue, je sortis de chez moi. Eliad était déjà devant ma maison, souriant sûrement depuis que j'avais ouvert la porte.

Il faisait déjà nuit lorsque l'on arriva à la plage, Eliad s'assieds sur le sable et j'en fis de même. De nouveau, un petit silence s'installa. Pour m'occuper, je laissais mes mains jouer dans le sable en prenant des petites poignées puis en les laissant couler sur mon autre main. Eliad, lui, fixait le large, assez pensif.

- T'as fini de jouer avec le sable? M'interrogea-t-il soudain, visiblement agacé.

Enfin, je retrouvais le garçon un peu distant et désagréable.

- Tu es tellement passionnant que je n'ai trouvé que ça comme activité intéressante.

J'arrêtais néanmoins de jouer. Même si je préférais être distraite par le sable que par les remontrances d'Eliad.

- En début de soirée, avec mes collègues, on a découvert les affectations et j'ai la tienne.

Il me regardais l'air tranquille mais je l'empêchait de continuer.

- Découvert? C'est pas vous qui les choisissez?

-Non, c'est un programme informatique qui s'occupe du pays entier, en fait Endemol possède désormais une fiche détaillée sur chacun des individus. Elles sont composées de tes résultats aux tests et des appréciations des jurys, des soldats qui doivent de surveiller, etc... , me répondit-il amusé.

Un peu choquée qu'il me livre toutes ces informations, je lui répondis du tac au tac.

- Toi, tu dois me surveiller?

Ses yeux s'écartèrent. Qu'est ce que je racontais? Je devenais complètement parano.

- Quoi? Non, pas du tout, t'as rien fait qui peut nuire à Endemol. Non, quand je dis qu'ils te surveillent c'est si t'obéis à leurs ordres ou pas.

Il semblait un peu décontenancé. Ce qui était complètement normal lorsqu'une fille vous soupçonne de l'espionner.

- C'est quoi ton rôle dans tout ça, je chuchote sans le vouloir, l'impact du Rétablissement, dans nos vies, m'impressionnant soudain.

Il me sourit et me regarda dans les yeux.

- Si je te le dis, ce ne serait pas drôle.

Je ne répondais rien. Malgré mes tentatives de combattre ma parano, je n'arrivais pas à savoir si je devais me sentir en sécurité avec lui. Quelque chose au fond de moi, sans véritables arguments. me poussait à me méfier de lui.

Il jouait tellement bien le séducteur. Son rôle pouvait m'amener à me méfier de lui. Comme je me méfiais d'à peu près de toutes les personnes qui partagaient ma vie depuis qu'Endémol avait pris le pouvoir.

Cependant, il avait raison, je n'avais rien fait qui puisse nuir Endemol, si on oubliait la nuit où j'ai rencontré Eliad. Mais s'il devait me surveiller comment il aurait su par avance que j'allais enfreindre la loi. Ou alors, c'était un test? Mais, un test de quoi? Comment les gens d'Endemol peuvent me connaître?

Plongée dans mes pensées paranoìaques, je ne voyais pas qu'Eliad m'observait.

Comme moi, il chuchota.

- A quoi tu penses Nina?

Je le regardais, sans aucune émotion ni chaleur dans les yeux et je lui répondis froidement.

- A toi.

***

Il avait un sourire mauvais.

-A moi? Je suis trop flatté.

Il m'agaçais, il était trop secret et ne pas contrôler la situation me rendais folle.

- Bon, c'est quoi mon affectation? Dis-je avec un brun d'énervement dans la voie.

Il me regardait avec un sourire de gamin fier de lui.

- Dans la garde rapprochée du chef de la ville, une sorte de brigade d'élites.

J'étais consternée.

- C'est exactement ce que je voulais... dis-je ironiquement.

Il haussa les épaules et je soupirais. J'allais être au plus près d'Endemol, devoir protéger les hommes qui détruisaient l'équilibre de nos vies. Exactement ce que Bruno m'avait dit d'éviter...

Eliad se rapprocha de moi et posa sa tête près de la mienne.

- C'est ironique?

Je le regardais alors avec dédain. Tout ceci me dégoûtait, j'avais l'impression que c'était lui le responsable dans tout ça, de mon affectation...

Je chassais cette idée de ma tête. La dernière chose que je voulais c'était devenir folle et soupçonner tous ceux qui m'entouraient.

Pendant quelques secondes, un silence s'installa.

- Nina?

-Hmm?

- Viens on va nager? Il se lève énergiquement et je le regardais interloquée par cette proposition qui n'avait aucune logique.

- Mais non, il fait trop froid! Répliquai-je mollement et je continuais de le regarder, il m'observa avec un sourire un peu gêné. Puis son regarde devient plus séducteur et il dit d'une voix plus grave:

- Allez... Il me tend la main, je te réchaufferai au pire.

J'essaye de ne pas prêter attention à sa remarque coquine et décide d'attraper sa main. Il ne faut pas que j'oublie de m'amuser, sinon je perdrai contrôle et Endemol aura réussi à me transformer moi aussi en bête docile.

Je veux me sentir vivre même si le monde se meurt autour de moi.

Main dans la main, on marche rapidement vers l'eau. En face, la lune est brillante et semble nous observer.



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