Chapitre 46

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J'étais devant sa porte.

C'était la dernière fois que j'y toquai. 

Et c'était la dernière fois qu'il m'ouvrait.

Toc Toc

Eliad m'ouvrit. 

- Ah Nina! Entre. 

Je haussai les sourcils d'étonnement. Eliad semblait surexcité, ce qui contrastait avec son habitude ordinaire. 

Je pénétrai dans l'appartement compact. Une bonne odeur de pizza régnait dans la seule pièce.

Une bouteille de Whisky était placée au centre de la table. 

La même marque que celle d'il y a quelques jours, lorsque nous avions couchés ensemble. 

- Je t'en prie, assieds-toi, ajouta-t-il. 

Je me tournai vers lui. Il était adossé au pas de la porte, les bras croisés. Il me regardait avec un fin sourire. 

Je le détaillais de haut en bas. Il portait un col roulé noir ce qui n'était pas du tout dans ses habitudes. Il n'avait plus son jean habituel mais un pantalon droit en tissu. 

Vraiment quelque chose clochait.

- Pourquoi tu me regardes comme ça Nina? 

Je fronçai les sourcils. 

- Je ne sais pas... Tu es habillé différemment. Et puis tu as l'air plus jovial que d'habitude. 

Il eut une grimace. Presque imperceptible. Son visage ne se tordit qu'un quart de seconde mais c'était suffisant pour que je m'en rende compte. 

Je me levai de mon siège. 

- Qu'est ce qui se passe Eliad? Demandai-je avec agacement.

Il pris un air agacé et tourna son visage vers la fenêtre pour éviter de croiser mon regard.

- Rien Nina...

Je croisai les bras à mon tour.

- Fait pas l'imbécile. Dis moi ce que tu me caches, insistai-je.

Il croisa mon regard. Il s'apprêta à dire quelque chose puis se ravisa. J'intensifiai mon regard plongé dans le sien. Il brisa le silence.

- Khalfa. 

- Quoi Khalfa? 

Je commençai à m'impatienter. 

- Il est mort. 

Il me jeta un regard pétillant. Je restais sans voix.

- Je voulais fêter ça. 

- Mais... Mais c'est génial, dis-je sans y croire encore. 

Je me rapprochais vers lui comme pour vérifier s'il disait la vérité. 

- Comment tu l'as appris? 

- Des gens importants ont gardé contact avec moi. Viens la pizza va refroidir, dit-il en me pressant vers la table. 

La suite du repas passa entre rire et petites piques, comme j'avais l'habitude de marcher avec Eliad. J'avais conscience que je jouais un numéro. Encore. C'était fatiguant de faire semblant que je l'allais encore le revoir pendant des années alors que j'avais fixé mon départ à demain soir. 

Parfois, son regard s'assombrissait et les souvenirs de notre dernière nuit ensembles resurgissaient. Mais je n'avais pas l'intention de coucher avec lui. Il ne méritai pas ce cadeau en guise d'adieu. 

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