Chapitre 34

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- Nouvelle décharge s'il vous plaît.

Un homme cria. Mais les individus qui étaient dans la salle restèrent de marbre, attendant que ce dernier délivre des informations attendues. 

- Encore une, mais plus forte que la précédante. 

Un nouveau cri déchirant résonna. La torture prenait un nouveau tournant. L'homme était sur le point de craquer. Tous ceux présents dans la salle le sentaient. Ce dernier cri était témoin de l'énergie du désespoir, comme un dernier son accordé à la bête humaine. 

- Je ne peux pas vous dire ce que vous me demandez, murmura l'homme avec difficulté. 

Camozzi se tourna vers un homme en chemise qui semblait contrôler la machine responsable des maux de l'homme. Mais avant que ce dernier puisse ouvrir la bouche, je posais ma main sur son bras. 

- Il a déjà dit beaucoup. Je ne pense pas qu'une nouvelle décharge serait vraiment utile. 

Camozzi m'observa les yeux perçants. 

- Ne me faites pas regretter de vous avoir amenée ici Tibert. Cet homme est responsable de plusieurs attentats qui ont fait des morts parmi les soldats d'Endemol. 

- Vous avez vu dans quel état il est? Il est à deux doigts de s'évanouir, forçai-je. 

Les autres individus de la salle nous observaient avec neutralité. Mais dans leur regard, je voyais leur jugement. Comment Camozzi pouvait-il écouter un temps soit peu cette jeune femme? 

- Je ne crois pas que vous soyez experte en ce qui concerne la torture et la récupération d'information, dit-il en me tournant le dos. 

- Peut-être. Mais au moins, je sais garder un  regard humain même dans les pires moments, lançai-je au moment où Camozzi leva la main pour faire signe d'une nouvelle décharge. 

L'homme cria de nouveau et c'en fut trop pour moi. Je quittai la salle avec hâte, échappant à cette atmosphère malsaine que Camozzi avait voulu à tout prix me faire découvrir. J'ignorais quelles aspirations voyait il en moi. 

Quoiqu'il en soit, j'avais directement flairé la mauvaise affaire lorsqu'il m'avait proposé d'assister à l'interrogatoire d'un prisonnier. Mais jamais je n'aurais cru assister à une séance de torture plus qu'inhumaine. 

Les instruments scientifiques qu'utilisaient Camozzi et ses comparses m'étaient inconnus et n'envisageaient rien de bon pour une paix future et peu probable. J'avais peu de doute quant aux traitements des prisonniers chez les opposants d'Endemol. Ces derniers étaient sans doute aussi inhumains que ceux auxquels je venais d'assister.

Mais le voir de mes propres yeux me conféraient une nouvelle interrogation. Comme si j'avais moi aussi ma part de responsabilité dans toute cette mascarade. Le monde dans lequel je vivais était terriblement malsain. Deux parties de la population se déchiraient, entre les adeptes d'Endemol et ceux qui les combattaient. 

Quelle était ma place au milieu de cette société toxique? Sans doute nulle part, coincée entre un Eliad et un Camozzi. Tout cela me rendait un peu plus malade au fil des jours qui avançaient. Je voyais mon futur s'égrener, mes rêves se briser, enfermés dans une réalité que je n'avais pas choisie. 

Je voulais être libre. Seulement libre. 

Je fermais les yeux et ne les ouvris pas lorsque j'entendis la porte s'ouvrir. 

- Une torture est toujours difficile à voir. Mais souvent ceux derrière cette salle sont les êtres les plus inhumains qu'il m'a été donné de voir, dit Camozzi doucement. 

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