Chapitre 13

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La nuit était déjà bien tombée lorsque je sortît de l'appartement d'Eliad. Mégane m'avait expliqué quelques détails et j'avais fini par les quitter estimant que j'en savais assez pour l'instant.

Je marchais dans la rue capuche sur la tête. J'évitais de croiser les regards. Par sécurité, j'étais passée par le port à côté de la boite de nuit dans laquelle j'avais rencontré Eliad. J'avais moins de chance de croiser les rares soldats qui voudraient surveiller l'application du couvre feu.

J'ignorais si mon statut de soldat d'élite me conférait ce genre de droit. Et de toute façon, je ne voulais pas prendre le risque de me faire contrôler en pleine nuit. Pour moi, le couvre feu s'appliquait à tous. Et même si je ne le respectais pas, je tenais à ce que nos droits restent égaux.

                                                                                  ***

A six heure, le bruit désagréable de mon réveil retentit. Je grommelai le visage encore enfoui dans l'oreiller. Depuis que j'étais soldat, j'étais assez libre sur ce que je faisais de mes journées. J'avais seulement l'obligation d'être à la caserne à 7h du matin, ce qui était assez contraignant et sans grand intérêt.

Je me débrouillais souvent pour partir en début d'après-midi. De toute façon, je m'ennuyais. Mes journées consistaient à m'entrainer dans la salle de sport. J'avais un grade trop élevé pour faire des patrouilles et Camozzi me considérait sans doute comme trop faible puisque je ne l'accompagnais jamais dans ses déplacements.

Avec tout ce temps libre, j'avais pu progresser. Mes muscles s'étaient développés en particulier au niveau des bras. Je sentais que ma force de frappe s'était considérablement augmentée. Au moins Endemol m'avait permis d'améliorer ma force physique.

La caserne était située à quelques rues de chez moi. Le trajet était alors plutôt rapide. J'entrais dans la salle de sport et comme à son habitude, la porte grinça. L'ensemble des personnes présentes dans la salle regardèrent dans ma direction afin de voir qui venait d'arriver.

J'ignorais la plupart des regards et je me dirigeais vers mon coin habituel, bouteille d'eau en main.

- Tibert.

Je tournai la tête vers la personne qui m'adressait la parole si tôt. Au grand malheur, c'était Camozzi. Je fis un léger geste de la tête afin de le saluer, plutôt par courtoisie forcée que par sympathie.

- Tu es censée te mettre au garde à vous. Tu es un soldat.

Il me dévisageait de son regard froid. Je levai les yeux et obéit. Mon salut était ridicule et l'élan de mon bras faible.

Il soupira, conscient que je ne prenais pas au sérieux cette manie. L'armée et sa sévère hiérarchisation était loin d'être ce à quoi je me destinais après mes études.

- Tu m'accompagnes en mission aujourd'hui. Va te préparer. Nous partons à dix heures.

Je le fixais avec de grands yeux. J'allais enfin avoir une quelconque utilité.

- Ok, dis-je faiblement.

Il serra la mâchoire. Il avait l'air énervé pourtant je n'avais rien fait de particulier.

- Tu m'appelles Commandant. On est à l'armée je te rappelle, je ne serais pas toujours aussi clément. Respectes les règles.

- Bien mon Commandant, dis-je de la façon la plus neutre possible.

Camozzi m'observa quelques secondes encore et partît sans doute ravi de m'avoir rappelé à l'ordre.

Je grimaçai face à son dos qui était agréablement musclé. Je me remis à m'exercer. Autant être bien échauffée pour cette première mission.

Mon entrainement fini, je me dirigeais vers le vestiaire où j'étais censée trouver ma tenue de militaire lorsque nous déplacions en civil. Après avoir enfilé ma combinaison avec ces motifs horribles, je m'observai dans le miroir curieusement. C'était la première fois que je la mettais et j'aurais dû depuis longtemps l'essayer.

Elle était beaucoup trop moulante à mon goût. Mais vu l'heure, je n'avais pas le temps de l'échanger.

Outre que ma taille et mes fesses soient moulées, la combinaison me plaisait sur moi. J'avais l'air si forte. Si intouchable.

Je jetais un coup d'œil à l'horloge murale.

9h55.

Il fallait que je me dépêche. J'arrivais alors presque essoufflée au lieu de rendez-vous. Tous les autres étaient déjà là et Camozzi m'accorda un regard glacial lorsqu'il me vit. Par réflexe, je l'ignorais, regardant fixement un point imaginaire.

- Votre mission aujourd'hui est de m'accompagner dans la ville la plus pauvre de la région Pendant que je m'occuperais des habitants et vérifieraient les installations, vous veillerez à l'ordre. Il y a beaucoup de soldats là-bas mais avec votre statut d'élite vous devez vous assurez d'avoir le respect de la population.

Il s'arrêta quelques secondes pour appuyer ses propos.

- En clair, je veux que vous terrifiez les habitants. Ce quartier est réputé dangereux car les habitants ont la mauvaise habitude de résister et les soldats là-bas sont beaucoup plus clément. La criminalité est forte donc vous devez être vigilants. Il est hors de question que cette visite ne se transforme en règlement de compte. Montez dans le camion, les armes sont entreposées dedans vous en prendrez une chacun votre tour.

Il fit de nouveau une pause, parcourant l'assemblée du regard pour s'assurer que tout le monde ait bien compris. Il s'arrêta vers moi et lança.

- C'est clair Tibert?

Il me provoquai c'est certain. Il avait un sourire mauvais, ravi que les autres me regardent avec dédain.

- Oui mon Commandant, dis-je calmement.

Je n'avais aucun intérêt à répondre devant tous les soldats. C'était un conflit entre Camozzi et moi.

- Bien, montez dans le camion et au pas de course!

Nous étions une dizaine à participer à la mission, je laissais passer les autres devant moi. Malheureusement pour moi, Camozzi fit de même si bien qu'à la fin nous étions les deux derniers encore à terre.

- Allez-y Tibert, m'intima Camozzi.

Bien sûr, c'est qu'une fois à l'abri des regards qu'il était plaisant.

Je pénétrais dans le camion et m'assied à une des dernières places. Camozzi grimpa à son tour et au lieu de se mettre au siège libre en face de moi, il choisit de se poser à côté de moi. Malgré ma réticence, je tentais de caler mon arme entre mes genoux mais peine perdue.

Notre proximité était extrêmement gênante. Nos jambes se touchaient et il ne faisait rien pour remédier à cela. J'essayai en vain de me décaler mais nous étions à l'étroit dans ce foutu camion.

Je lui jetai un coup d'œil, espérant ne pas être la seule de nous deux à être intimidée par la situation. Mais il regardait par la fenêtre, le visage impassible comme si nos cuisses n'étaient pas collées!

Abandonnant mes gesticulations pour échapper à la situation, je penchai la tête en arrière et fermais les yeux. Nous avions presqu'une heure de trajet. Autant récupérer de mon entrainement de ce matin.

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