Chapitre 39

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Les jours passaient sans vraiment se ressembler depuis qu'Anton était entré dans ma vie. Les quelques soirs passés chez lui étaient plus synonymes de nuits torrides que de missions secrètes contre Endemol. 

Depuis que j'avais vu cette carte, le premier matin avec Anton, je n'avais plus eu l'occasion de la prendre en photo. Du moins, je ne l'avais pas cherchée. 

J'avais l'impression d'être coincée dans cette routine douce et agréable qui me faisait oublier Endemol. Mais pouvais-je continuer à vivre éternellement de cette façon? J'engouffrais ses pensées sombres en moi mais je redoutais le jour où je ne pourrais plus les faire taire. 

- A quoi tu penses ma belle? 

Je levai les yeux vers Anton. Nous étions tous les deux avachis sur mon canapé, j'étais lovée dans ses bras appréciant son souffle dans mon cou. 

- A rien, dis-je en souriant.

- A voir ta mine renfrognée, j'ai du mal à la croire. 

Je riais face à sa moue adoucie lorsque ses yeux croisaient les miens. Je rapprochais mon visage pour apprécier une nouvelle fois le contact de mes lèvres sur les siennes. Mais bien avant que je puisse assouvir mon désir, je fis distraite par la sonnerie de mon téléphone. 

Anton me sourit, m'encourageant à répondre. Je me détachais alors de ses bras et me dirigea vers la table où était posé mon téléphone. 

- Allo? Dis-je incertaine. 

Le numéro était inconnu. Peu de personnes avait accès à un téléphone aujourd'hui, mis à part quelques privilégiés. Et il faut croire que j'en faisais parti. De même que mon interlocuteur. 

- Nina. J'espère que je ne te déranges pas. 

- Non... Non pas du tout. 

- Je voulais m'assurer personnellement du suivi de ta mission. D'après ce qu'on ma rapporté, il parait que tu prennes ta tâche un peu trop à cœur. 

- Je fais ce que je peux, dis-je en tentant de ne pas laisser les émotions de mon visage me trahir. 

Anton me scrutait avec intérêt, se demandant sûrement pourquoi je me sentais soudainement en position de danger. 

- Bien. J'espère que maintenant que tu as conscience de l'attention particulière que je te porte. Et tâches de t'en souvenir, tu œuvres pour la liberté. Et non pas pour Endemol ou pour un combat personnel. 

Je hochai la tête, sachant très bien que Khalfa ne le verrais même pas. 

- Je te souhaite une bonne fin de journée Nina. 

- Au revoir, dis-je à demi-mot. 

Je raccrochais et jetai un coup d'œil à Anton. Et durant quelques secondes, un silence régna dans l'air.

- C'était seulement ma grande-mère, dis-je incertaine.

Il fronça les sourcils. Bien évidemment, il ne me croyait pas. Doucement, il se leva et fit quelques pas vers moi. Face à sa mine assombrie par le doute et sans doute aussi par la jalousie, je revis le visage du commandant. Il avait le visage imperturbable. 

Et malgré la position d'insécurité dans laquelle je me trouvais, je ne pouvais m'empêcher de l'admirer dans toute sa démonstration de force. C'était d'abord cette part de lui qui m'avait séduite.  

Une fois à mon niveau, il souffla.

- Je pense que l'on sait tous les deux que tu me mens. 

Je baissai la tête, presque honteuse de le décevoir. 

- Je ne t'obligerai pas à me dire qui était-ce, dit-il doucement en attrapant mon menton. 

Je l'observai alors, la surprise visible sur mes yeux. Pourquoi tant de gentillesse? 

- Mais n'oublie pas que si je t'ai accordé un téléphone à toi et à tes grands-parents c'est pour te faciliter la vie. Pas pour que tu replonges dans des magouilles. Rappelles toi la dernière fois que tu as voulu jouer avec Eliad. 

A l'évocation de son nom, il serra involontairement la pression de sa main sur mon menton. Je remarquai à peine la légère douleur tant sa phrase avait pris sens. 

La dernière fois que tu as voulu jouer avec Eliad. 

Je me souvenais du mensonge que j'avais servi à Anton ce jour-là. Prétendant faire des affaires au marché noir, Eliad avait exigé de moi que j'offre mes services à certains hommes. 

Evidemment que c'était faux. Mais ça avait été le seul mensonge crédible que j'avais pu trouver. Ce qui distinguai la moi d'il y a quelques semaines, c'était que j'étais passée maître dans l'art du mensonge. 

Je pris une mine désolée. 

- Tu as raison. Je sais que tu l'as fait pour moi. Je ne veux pas tout gâcher. 

Anton sembla me croire et il me sourit légèrement. Je me penchais vers lui pour ignorer la piqûre dans mon cœur. Je ressentais parfois une douleur lorsque je lui mentais. Et depuis quelques jours, elle était de plus en plus forte. 

Elle grandissait. Comme un corollaire face aux sentiments que j'éprouvais envers lui. Et la seule manière que j'avais trouvé pour la faire taire, c'était de m'enfoncer un peu plus dans cette vaste mascarade. 

Je déposais délicatement mes lèvres sur les siennes. Et au fur et à mesure du baiser, la passion pris rapidement possession de moi. C'était de même pour Anton. Je l'entendis grogner contre ma bouche et je penchais la tête, lui laissant accès libre à mon cou. 

Continue. 

Permet moi d'oublier que je te fais plus de mal que de bien.

Et que le jour où tu le découvriras, ce baiser échangé sera anéanti. 


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2 septembre 2019



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