Chapitre 36

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Anton avait griffonné son adresse sur un bout de papier. J'avais suivi les instructions de ma grand-mère lorsque je lui avais communiqué le nom de la rue où habitait le commandant.

Je prenais de grandes respiration face à la gigantesque bâtisse qui s'imposait devant moi. Ma grand-mère m'avait regardé avec stupeur lorsqu'elle avait compris que j'étais attendue dans le quartier le plus chic de la ville. Je n'avais que très peu réussi à me justifier, prétextant un bal quelconque où ma présence était obligatoire. 

Mais ma grand-mère n'était pas dupe. La tenue que j'avais choisi pour ce dîner laissait peu d'imagination quant à ce que j'attendais de la soirée. Il était clair que je ne m'y rendais pas en tant que soldate d'Endemol. 

En fouillant bien dans ma valise, j'avais réussi à dénicher une robe d'été en soie. Elle était légère, courte. Exactement le genre de vêtement dont j'avais besoin. J'avais envie d'impressionner Camozzi. Et plus encore. 

Lorsque j'étais rentrée de cette journée à la caserne, j'étais tombée sur une lettre qui m'était destinée. L'expéditeur était anonyme mais lorsque j'ouvris l'enveloppe, j'aperçus un tampon que j'avais eu loisir d'apercevoir parfois. 

La lettre était écrite et en haut à droite se trouvait le cacheton des résistants d'Endemol: un bateau voguant entre les flammes à l'encre rouge. 

La lettre était claire. Et j'étais intimement persuadée que Khalfa en était à l'origine. Même si Eliad n'était plus en contact avec moi, j'étais restée un jeton intéressant dans la lutte contre Endemol. Khalfa l'avait bien compris. Je l'avais prévenu de l'intervention organisée par Anton et savoir que j'avais gâché les plans de celui qui faisait battre mon cœur à l'instant même me laissait étrangement de marbre. 

" A N.T. 

Correspondance par courrier car Endemol durcit ses contrôles et surveille téléphones. 

Recherche maximum d'informations sur armement Endemol. 

Accélérer rapprochement avec cible nommée C. 

signé: les insurgés "


Anton n'avait été au début qu'une simple cible. Et bientôt, la situation sera hors de contrôle. J'avais réussi à l'attirer vers moi mais je ne pensais pas que j'allais moi aussi tomber dans les affres de l'amour. 

Je n'avais plus la possibilité de reculer. J'étais coincée entre mes sentiments et mon devoir. Une des rares choses positives qu'avait su m'inculquer Eliad était le besoin éternel de se battre contre Endemol. Pour la liberté. 

Je devais me persuader qu'Anton n'était qu'un dommage collatéral de cette vaste incertitude politique. Et même si son père était à l'origine de tous les maux de notre société, même si parfois Anton se rapprochait de l'image de cet homme cruel et vil, j'étais incapable de le détester.

Et pourtant, je devrais. 

                                                                                  ***

J'appuyais un coup bref sur la sonnerie qui fait résonner une petite musique entraînante. Anton vînt m'ouvrir un fin sourire plaqué sur le visage. 

- J'ai cru que tu n'allais pas venir. 

A vrai dire, j'étais à deux doigts de me défiler sachant que je ne venais pas ici pour de bonnes raisons. Puis, face à la mer, j'avais remis mes objectifs en place. Je préférais le manipuler et être utile pour la résistance que de me formater à cette mascarade. 

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