Chapitre 15

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- Nous devons retrouver le reste de l'unité. J'appelle des renforts. 

Camozzi s'éloigna et sortit son talkie-walkie. Je restais alors seule face au spectacle désolant qui s'animait devant mes yeux. 

Un des murs de l'usine s'était complètement effondré, si bien que je voyais l'extérieur qui avait été autant endommagé, sinon plus que le bâtiment. Je voyais des silhouettes qui tentaient de se soulever ou qui observaient, comme moi, la scène. 

J'étouffais. 

Cette vision d'horreur était insupportable. 

Le chaos, la destruction, la souffrance des hommes. 

Tout était beaucoup trop intense pour que je sorte de ce cauchemar. 

- Commandant! On a un blessé parmi nous! 

Deux membres de mon unité accouraient vers nous, tenant à bout de bras un homme ensanglanté.

Ils déposèrent le corps devant nous. C'était un de mes collègues, Connor. Le voir dans cet état là ne me traumatisait pas davantage. Une fois, je l'avais vu lancer des miettes de pain à des enfants réclamant à manger devant la caserne puis se moquer d'eux, refusant de les nourrir davantage. 

Il était clair qu'il n'était pas un modèle de vertu. Je me désintéressais bien vite de lui, il y avait d'autres blessés. 

- Je vais aller aider les autres, dis-je. 

Quelques soldats qui ne faisaient pas parti de mon unité avaient commencé à fouiller les débris et à emmener à l'infirmerie les blessés les plus graves dans un endroit plus reculé. 

- Non Tibert. Vous restez avec l'unité. C'est le rôle des soldats d'ici de s'occuper des blessés, nous, nous rentrons. 

Je m'indignais, sans tenir compte des trois soldats devant nous, si l'on comptait Connor. 

- Mais ils doivent avoir besoin d'aide, l'explosion était énorme! 

Camozzi se rapprocha de moi, l'air froid.

- Vous êtes sensée assurer ma sécurité. Si vous voulez jouer les mères Theresa, vous n'avez qu'à quitter l'armée. 

Je serrais les lèvres. Il adorait être sec avec moi. Je le voyais dans ses yeux, il fulminait de plaisir. Et ça me donnait envie d'éclater sa tête au sol.  

- Nous partons. Les autres doivent être déjà près de notre camion. 

Il me jeta un coup d'œil puis me tourna le dos pour avancer. Les autres commencèrent à le suivre, portant Connor. 

- Plus un geste. 

Je me crispai. Je ne connaissais pas cette voix. 

Je me retournai avec violence. Un homme barbu nous visait avec un pistolet en mauvais état. Il devait faire parti des responsables de l'explosion. 

Camozzi me fixait, attendant sûrement que je réagisse. Mais une fois de plus, j'étais figée au sol, incapable de réagir à la situation. 

Je ne savais pas quelle position adopter. Sauver un résistant ou accomplir mon rôle de soldat? 

La passivité restait la meilleure solution. Je continuais de dévisager l'homme, ignorant le regard incendiaire de Camozzi. 

- Vous! Venez avec moi. Ils seront contents si je ramène le chef.

L'homme s'était rapproché de Camozzi, le menaçant toujours avec son arme. Il avait l'air tellement instable que j'avais presque peur qu'il tire sur le commandant.

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