Chapitre 12

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Fire on Fire - Sam Smith

Mes mains me brûlaient.

Quelques plaies s'étaient réouvertes.

Mais je n'en avais que faire, mon entrainement n'était pas encore terminé. Je voulais absolument progresser en boxe. Je ne supportais pas le rapport de force entre mes collègues et moi.

- Nina.

Cette voix que je connaissais que trop bien prononça mon nom dans un souffle. Je restais droite concentrée sur mon sac que je continuais à frapper.

- Laisse-moi m'expliquer. J'ai fait une connerie mais tu ne vas pas tout lâcher pour ça? Je ne veux pas que tu me laisses.

Je restais silencieuse. Bien sûr que son discours me touchait. J'avais passé les derniers jours à me morfondre à m'entraîner continuellement. Même la misère des rues ne me touchait plus, Endemol contribuait plus que largement à ma déprime.

Je stoppais mes frappes et pris ma bouteille d'eau.

- Je n'en ai rien à faire de tes excuses. Laisse-moi tranquille.

Peut-être que ma réponse lui donna espoir, son regard traduisit une légère surprise. Il devait sans doute être ravi que je lui réponde enfin.

- Ecoute-moi... Juste une fois. Rendez-vous ce soir à 21 heures sur la plage...Ok?

Je pris plusieurs gorgées et lorsque j'eus fini de boire, je le quittai sans avoir répondu à sa question. J'attrapai mon sweat et commença à me diriger vers la sortie de la salle d'entrainement.

Je passais devant les différents rings de boxe et mon regard se tourna vers Camozzi qui m'observait les bras croisés. Notre échange se prolongea, son regard était noir et le mien devait l'être aussi.

Il existait une certaine animosité entre nous. Quelque chose que je n'arrivais pas à contrôler.

Un peu comme cette attirance pour Eliad qui ne voulait pas me quitter. Je n'avais aucune envie de le rejoindre ce soir mais dans mon cœur je sentais encore cette attraction forte.

Je coupais l'échange de regard entre Camozzi et moi et j'ouvris la grande porte qui donnait directement sur l'extérieur de la caserne. Pour l'instant, ma vie de soldat d'élite se résumait à des entraînements et à quelques discours vides de Camozzi.

De toute façon, tout était vide de sens avec Endemol. L'économie était parfaite mais il n'y avait aucun miracle, nous étions revenu au XIXème siècle, la plupart d'entre nous travaillaient dans d'immenses usines.

Notre pays était devenu un gigantesque pays industriel, composé seulement de la fumée des cheminées des usines qui aspiraient à la fois l'énergie et les âmes.

                                                                                       ***

Le jour suivant, je n'aperçus pas Eliad à la caserne, ce n'est que plusieurs jours plus tard qu'il vînt me voir. Pour une fois, je déjeunais avec des collègues, ce qui était assez exceptionnel.  Je l'avais vu m'observer de l'autre côté de la cantine et une fois isolée, il vînt à ma rencontre.

Son regard était assez froid et sa voix neutre.

- Tu n'es pas venue vendredi.

Je soupirais. Jamais ne me laisserait-il tranquille? Il en devenait agaçant.

- Non. Je n'en avais pas envie.

- Et tu n'es pas venue mardi non plus. Mégane était déçue de ne pas te voir.

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