Chapitre 41

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Je me réveillais, nauséeuse, prête à vomir à n'importe quel moment. Je gémissais doucement, peinant à ouvrir les yeux. Pourtant, la lumière n'était pas agressive. Je distinguais quelques lumières bleues et rouges, éclairées simultanément par des faisceaux.

Je tentais de bouger mon corps mais mes mouvements furent stoppés par plusieurs cordes, accrochées à mes chevilles et à mes poignets. 

La panique me réveilla un peu plus et je distinguais plus clairement mon environnement. 

- Tu t'es enfin réveillée. 

Je tournai la tête et aperçu le regard moqueur d'Eliad. Une haine indescriptible s'empara de moi.

- Qu'est-ce que tu fous ici? Demandai-je agressivement.

- C'est plutôt à toi que je devrais poser cette question, répondit-il avec amusement. 

- C'est toi qui m'a amené ici, grommelai-je. 

Pourquoi posait-il il cette question alors qu'il avait pertinemment conscience de son absurdité!?

Ma tête me faisait un mal de chien et l'attitude candide d'Eliad ne faisait rien pour arranger ça. 

- Tu vas m'expliquer pourquoi je suis attachée et au bord de l'évanouissement? Demandai-je agacée. 

Il perdit son sourire et quitta notre échange visuel pour concentrer son regard sur le verre de whisky en face de lui.

- Ce n'était pas mon idée au début... Mais, certaines personnes t'ont considérée bien trop dangereuse. On a entendu parler de toi au-delà de la région et ceux qui s'intéressaient à tes actions risquaient de faire remonter à la surface des secrets bien trop enfouis. 

Je fronçais les sourcils. J'étais encore sous l'emprise de la substance qu'Eliad m'avait administré et je n'avais compris que le quart. 

- Mais pourquoi? Qui a voulu faire ça? demandai-je, l'incompréhension se lisant sur mon visage. 

- La réponse n'est pas si difficile que ça Nina. Tu as libéré des agents que Camozzi cherchait depuis des mois. Ton action a eu beaucoup de succès. 

Il me regarda et eut un rictus moqueur. 

- C'est vrai que tu as le don de choisir les bonnes personnes. Camozzi a du être vert lorsqu'il s'est rendu compte que ses trois jouets n'étaient plus là. 

Je soupirais longuement, mes neurones s'assemblant petit à petit. Je me retournais sur le siège et resta allongée sur le dos. 

- Détache-moi Eliad.

- Quoi? Tu n'aimes pas le fait que j'insulte ton Jules? Me demanda-t-il avec un amusement pervers. 

- Je t'en prie... 

Je tournais la tête vers lui, les yeux lui implorant de me détacher. 

Eliad fixa mon regard, il avait perdu son sourire, stupéfait par ma détresse que j'avais rarement eu l'occasion de lui montrer. 

Il soupira. 

- Si je le fais, tu garantis que tu ne tenteras pas de t'échapper?

Je levai les yeux au ciel, commençant à m'impatienter. Même si au fond, j'étais surprise par la rapidité de sa flexibilité. 

- Vu l'état dans lequel je me trouve, il y a peu de risques Eliad. 

Il m'observa quelques secondes, sans doute réfléchissant si sa décision était bonne ou mauvaise. 

Il finit par se lever et se pencha au dessus de moi. Il me jeta un coup d'oeil, je ne l'avais pas lâché du regard, notre promiscuité m'était étrangère. 

Il baissa les yeux au bout de quelques instants et s'éloigna de mon visage. 

Il soupira et d'un mouvement de main, il détacha aisément les liens qui maintenaient mes jambes immobiles. Je n'avais pas bougé mon regard de ses doigts fins, qui avaient avec agilité permis ma libération, partielle. 

Il se rendit compte de mon observation et me fixa à son tour. Une tension montait entre nous deux. Elle était réelle. Mais j'en avais besoin pour un autre but. 

A cause de la drogue qu'on m'avait injecté, mon esprit était encore brumeux. Mais je tentais de retrouver le maximum de lucidité et rassembla mes forces pour donner un coup de pied dans les parties intimes d'Eliad. 

Ce dernier s'écroula de douleur. Je profitai de la surprise et me hissai rapidement. Je venais à peine de me lever du siège qu'un violent vertige me pris. Je tentais de courir mais je sentais que mon corps n'allait pas tarder à me lâcher. 

Je n'étais arrivée qu'à la moitié de la salle que mes pas ralentirent. J'étais incapable de continuer. Mais il le fallait. Je trottinais avec difficulté, je ne prêtais même pas attention si Eliad me suivait ou non. 

J'aperçu la porte de secours. L'espoir de pouvoir m'échapper était devenu puissant. Mais cependant, ma faiblesse continue arriva à son point optimal. 

Sans le voir venir, je m'effondrais sur le sol froid.

J'avais les yeux fermés mais j'entendais. Quelques secondes plus tard, Eliad arriva auprès de moi, son souffle indiquait qu'il avait l'air particulièrement agacé. 

- Quelle idiote... marmonna-t-il.



Je me réveillais moins mal en point. Mes vertiges avaient disparu et je me sentais légèrement plus lucide sur ma situation. Mes bras et jambes n'étaient plus attachés par de vulgaires cordes. Seulement mes mains étaient fixées par de solides menottes. J'ignorais quel pouvait être le mieux. 

J'étais toujours dans la même salle. Sur la même banquette. J'avais quelques coussins et une couverture couvrait mon corps. 

Eliad était encore là. Je lui adressai un regard étonné. 

- Je n'ai pas grand chose à faire ici, dit-il, lui aussi surement amusé par son attention à mon égard. 

Il y avait un grand verre d'eau et un sandwich posé sur la table. En le voyant, mon ventre gronda, ce qui eut don de faire glousser Eliad. 

- Bois et mange. Ils ont été amené pour toi. 

- Qui me dit qu'il n'y pas de drogue dedans? Demandai-je méfiante. 

Les yeux d'Eliad m'envoyèrent des éclairs. 

- Cela dépend si tu as l'intention de tenter de t'échapper une nouvelle fois. 

Je maintenais son regard en le défiant. 

- Je ne veux pas être ici, tu sais pertinemment que je recommencerai. 

Son regard devient noir et persistant. Il s'approcha de moi et susurra:

- On ne joue plus dans la même cour Nina. Ici, les gens te tueraient pour moins que ça, alors si j'étais toi, je resterais tranquille. 

Je levais un sourcil et me rapprocha à mon tour, ayant enfin retrouvé ma soif de combattre ceux qui se mettraient en face de mon chemin. 

- Et toi Eliad? Tu serais capable de me faire quoi si je tentais de m'enfuir une nouvelle fois? 

Ce que j'avais lancé d'abord comme un défi devint un appel au vice. Son regard respirait l'envie. En un claquement de doigts, j'avais renversé la situation. La colère et l'impulsivité était toujours présente. Mais un violent désir pour l'autre avait pris le dessus. 

Nos visages se rapprochèrent une nouvelle fois et j'entrouvris la bouche, prête à l'embrasser. 

Mais ce dernier recula avec un mauvais sourire. 

- A peine 48 heures sans Camozzi et tu retombes déjà dans mes bras? 


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