Chapitre 40

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- Mademoiselle Tibert. Enchanté.

Je serrais la main du vieillard tout en souriant. Ce dernier m'observait étrangement, un peu comme tous les autres hommes qui m'avaient salué.

Pourquoi? 

La réponse était plutôt facile. Anton m'avait présenté comme sa compagne à ce dîner composé de hauts fonctionnaires de la région. De fait, tous m'observait avec un regard mi-intéressé, mi-intrigué. 

J'avais l'impression d'être venue ici uniquement pour jouer la jolie poupée et servir de repose bras à Anton. Sa proposition était venue par un quelconque hasard un dimanche après-midi. Je n'avais pu pu refuser. Depuis l'appel de Khalfa, j'avais compris que j'étais définitivement coincée entre deux clans. 

J'avais du mal à comprendre comment Khalfa avait pu connaître l'existence de mon téléphone. Anton me l'avait passé et m'avait bien précisé d'en garder le secret. 

Maintenant, j'étais quasiment sûre que j'étais sur écoute. Et me savoir surveillée me rappelait que je m'étais engagée dans un combat dont je perdais peu à peu le fil. 

***

Il y a quelques semaines, certains des hommes de la résistance s'étaient fait arrêtés. Par chance, je n'en connaissais aucun. J'avais pu apercevoir leurs visages dans la salle d'interrogatoire un jour où je voulais rendre visite à Anton. 

Nos regards s'étaient croisés. Je ne sais pas si l'un d'entre eux avait compris ma supercherie que j'avais élaboré en vitesse.

Mon visage avait du adopter une mine quelque peu effrayée devant ces quatre hommes menottés salis par les nombreuses heures qu'ils avaient passé enfermés. 

Je voyais cette situation comme une volonté divine. Une clé de sortie s'offrait à moi et dans cette période mon objectif principal était d'être bien vue par Khalfa. 

Je souris avec crainte à Anton qui fronça les sourcils en me voyant ici. Plus on était proches, plus il me voyait comme une chose fragile. Ce qui parfois me facilitait la tâche. 

Je vins à sa rencontre et l'enlaça. Les rires et moqueries des prisonniers distrayaient les soldats présents. Eux-mêmes devaient être choqués de la promiscuité que j'avais pour le commandant. Mais, de toute façon, se cacher était de plus en plus difficile et nombreux était ceux qui avaient deviné ce qui se tramait entre Camozzi et moi. 

Dans les bras de Camozzi, je fermai les yeux seulement un quart de seconde. Et je dérobais les clés qu'il gardait accrochées à sa poche arrière sans qu'il ne s'en rendre compte. Je les glissai dans ma manche et me défit de son emprise. 

J'eus un sourire timide et dit: 

- Je t'attend dehors. 

Il hocha la tête, déstabilisé par ma marque d'affection. 

Lorsque je le retrouvais plus tard, j'avais eu le droit à quelques sermons de sa part. Mais mon esprit était ailleurs, réfléchissant au plan que j'avais élaboré suivant les informations qu'Anton avait laissé échapper au fil de la discussion. 

Vers cinq heures du matin, les prisonniers allaient être sans surveillance une quinzaine de minutes. C'était le moment de battement où les gardes s'échangeaient leurs postes. Et c'était actuellement ma seule occasion de libérer ces gens. 

J'avais refusé l'invitation d'Anton et prétexté un besoin de dormir chez mes grands-parents ce soir. J'avais à peine réussi à dormir, réfléchissant à ce que je m'apprêtais à faire. 

Mon acte était minime et pourtant, j'avais l'impression que dans quelques heures j'allais déclencher une guerre. 

Lorsque j'étais sortie à 4h40, il faisait un froid glacial et très peu de lampadaires dans la rue étaient allumés. Ce qui guidait ma route, c'était les flash lumineux qui provenaient de la caserne. Mon cœur battait à 1000 à l'heure. Et c'était impossible pour moi de me calmer.Je ne pouvais pas m'arrêter de penser ou de réfléchir.  

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