Chapitre 38

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- Tu as bien dormi, demandai-je la voix légèrement cassée par mes cris de la veille. 

- Merveilleusement bien, répondit Anton en déposant de nouveaux baisers sur ma nuque. 

Il rapprocha son bassin de mon corps et entoura de ses bras ma taille. Je le sentais se durcir contre moi et il ne sembla pas gêné le moins du monde. 

- Tu es déjà prêt pour un deuxième round? Demandai-je en riant. 

Je sentais moi aussi le désir monter. Le soleil venait à peine de se lever mais dans les bras d'Anton, j'avais perdu depuis bien longtemps la notion du temps.

- Tu n'imagines pas à quel point. 

Je sentais ses dents mordiller la partie fine de la peau de mon cou.

- Tu peux aller te doucher si tu veux, je vais préparer du café, dit-il avant de mordiller fugacement mon oreille. 

                                                                              ***

Une fois douchée, j'attrapai quelques vêtements propres appartenant à Anton. Quel avait été le bonheur d'utiliser une salle de bain aussi luxueuse! Endemol limitait au maximum la diffusion d'eau chaude et obtenir quelques millimètres cubes de tiédeur était devenu un luxe infini. Étrangement, les économies d'énergie ne s'appliquait pas à cette partie de la ville. L'eau avait été brûlante et ce fut, je crois, l'un des premiers vrais privilèges que je constatais dès les premières minutes de ma relation avec Camozzi. 

Je marchais pieds-nus jusqu'à la grande cuisine américaine. Anton était de dos, face à la table où nous avions dîné la veille. J'admirais sa musculature, moulée par son t-shirt. Ses bras puissants étaient posés sur la table, poing fermés. 

Émue par cette vision, je ne peux m'empêcher de le surprendre. J'enroulai mes bras autour de sa taille et embrassa son cou. Voir un homme comme lui, un matin pas vraiment comme les autres dans une pièce aussi familière qu'une cuisine, déterrait des rêves enfouis. Ceux d'une vie de couple, d'une vie paisible, rendus impossibles par Endemol.

Anton se retourna presque avec surprise, je l'avais très peu habitué à ces gestes d'affection. Mais il n'en parut pas déçu et un sourire sincère se dessina sur ses lèvres.

- Il y a du café si tu veux. J'en ai laissé dans la cafetière.  

Je me penchais sur la table, attrapant la tasse fumante qui appartenait à Anton. Mon sourire se  perdit lorsque j'aperçus ce que renfermait la grande feuille posée sur la table à manger. Je restais quelques secondes en suspens, choqué de ce que j'avais devant mes yeux.

- J'ai vu, merci, dis-je en reprenant un grand sourire innocent. 

A peine effleuré par le fait d'avoir volé sa tasse de café, Anton me sourit et m'observa boire la boisson chaude. Un sourire énigmatique avait pris possession de son visage et ses yeux brillait d'une intensité sans pareille.

- Tu es belle.

Mes sourcils se levèrent. Sa douceur m'étonnerait toujours et je restais sans mot devant une telle sincérité. J'eus un sourire crispé mais Anton ne sembla pas s'en rendre compte. 

- Qu'est ce que tu regardais? Demandai-je subitemment, en me retournant vers le contenu de la carte. 

De ce que j'avais pu apercevoir, j'avais reconnu le plan de la ville avec certaines indications qui ne me semblaient pas familières.

Anton sembla hésiter quelques secondes avant de me répondre.

- J'ai reçu ça de la part de mes supérieurs. C'est une configuration différente de la ville. 

Je me penchais et pris loisir de l'observer. Au vu du malaise d'Anton, j'en déduisis que le contenu de cette carte était plutôt précieux. Par respect, ou par tendresse, pour moi, il me laissa la regarder encore quelques secondes, le temps pour moi d'enregistrer le maximum d'informations. 

- Allez, c'est juste du boulot, dit-il en enlevant et rangeant la carte. 

Je jetai un coup d'œil à l'endroit où il venait de la poser négligemment. Je regrettais de ne pas avoir pu prendre cette précieuse source d'informations en photo mais j'espérais au fond de moi que l'occasion se présenterait. 

Même si une partie de moi enfouie regrettait de manipuler Anton, j'étais plutôt ravie. La plupart du temps, les informations utiles pour la lutte contre Endemol venaient à moi, comme sur un plateau. Je souriais en pensant à l'idée. 

                                                                                            ***

- Tu es prête? Me demanda Anton en me caressant le bout de mon cou. 

- Oui, ce n'est qu'une journée comme les autres. 

Je me penchais et déposa mes lèvres sur les siennes. Anton avait insisté pour m'amener à la caserne en voiture. Même si je redoutais le regard des autres lorsqu'ils nous verraient arriver ensemble, j'avais quand même accepté. 

De toute façon, les autres gens de la caserne avaient depuis bien longtemps un avis tranché sur ma personne. 

J'ouvris la portière et sortit du véhicule marqué par le logo d'Endemol. Je marchais vite, sans attendre Anton, ne voulant pas provoquer les médisances maximales en entrant dans le gymnase avec le commandant. 

Comme à mon habitude, j'effectuai ma routine sportive et mon entrainement en discutant parfois avec Sam. En début de matinée, j'avais vu Anton entrer dans le gymnase et saluer quelques-uns de soldats mais j'étais restée dans mon coin évitant que le commandant me regarde. 

C'est à la pause déjeuner que  je commençai à m'impatienter. J'avais l'impression qu'avant d'être aussi proches, je le croisais beaucoup plus souvent et ne pas le voir depuis quelques heures me provoquait une sensation désagréable de frustration. 

Aux alentours de treize heures, le commandant fit enfin irruption dans le gymnase. Automatiquement, mes yeux se dirigèrent vers lui et je me rapprochais discrètement de son champ de vision.

Ce dernier posté à l'entrée, m'accorda un regard brûlant. Je me mordis les lèvres face à cette intensité. Je n'avais qu'une hâte: me retrouver à nouveau seule avec lui. 

Le commandant marcha le long du gymnase et salua quelques membres de mon équipe. Après avoir discuté quelques minutes, le temps que l'attention autour de lui se dissipe, il se dirigea vers moi dans un coin plus sombre du gymnase. 

- Tu vas bien? Me demanda-t-il en caressant ma joue du creux de sa main.

Je fermai les yeux de bonheur, savourant ce contact qui m'avait manqué toute la matinée. Un sentiment étrange m'habitait. Celui de se sentir enfin à sa place. 





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