Chapitre 32

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Les soldats présents rirent doucement. Je restais stoïque préférant garder mes principes plutôt que de correspondre à leurs attentes. Mais ce n'était pas ce que Connor attendait de moi. 

- Elle a trop peur de se blesser, dit-il en plaisantant. 

Je levais les yeux au ciel et regarda le commandant. 

- Nous sommes censés être en mission, pourquoi perdre du temps ici? Lui demandai-je. 

Il resta d'abord silencieux et m'observa quelques secondes. Sans doute attendait-il de moi que je fasse une réplique bien sanglante à Connor. Mais c'était très peu pour moi. Nous étions dans un situation à risque et à l'instant présent je ne voulais pas perdre de temps à ces bêtises. 

- Nous allons former des petits groupes de trois, je cherche un homme en particulier. Ramenez le moi à tout prix. 

Il sortit son téléphone et défila ses photos avant de nous montrer le visage d'un homme qui m'était inconnu. 

Les groupes se formèrent et j'attendis qu'ils soient tous faits avant de me mettre avec deux filles qui ne m'avaient jamais parues sympathiques. Camozzi s'était mis avec Connor et un autre soldat, tandis que les autres s'étaient déjà hâté à la recherche de l'homme souhaitant sans doute une récompense ou un honneur. 

Je suivais les filles qui déambulaient avec hésitation dans un des couloirs du bâtiment. 

- Tu penses qu'il faut aller par là? Chuchota une d'entre elle. 

- Non, j'ai peur de tomber sur un groupe de rebelles, répondit l'autre.

Je soupirai. 

- Peut-être faudrait-il se concentrer sur les sorties du secours, il a sans doute voulu prendre fuite, tentai-je. 

Elles retournèrent vers moi et me jaugèrent avec désintérêt. 

- Mouai. Pas sûr. 

Je levais les yeux au ciel et continuai de marcher derrière elle, l'arme toujours coincée en main. Mes idées ne leur plaisaient pas seulement parce que j'étais mal vue et moquée. Ce qui était complètement ridicule. 

Au bout de quelques minutes, je commençai à m'impatienter. Les filles devant moi continuaient à avoir espoir de trouver par hasard le rebelle. La situation n'évoluait pas et dans ces cas-là je devenais souvent irréfléchie. 

Par agacement, je pris la première porte qui s'offrit à moi et entra l'arme prête à tirer. 

- Mais qu'est ce que tu fous!? 

- Mais elle est dingue!

Elles furent bien obligées de me suivre. Nous avions l'obligation de nous couvrir à un un de façon à ce que les blessés soient le moins nombreux. 

- Endemol!! 

Plusieurs hommes étaient dans la salle et très vite je reconnus celui que nous cherchions. Les deux filles avaient pris la situation en main et se chargèrent de neutraliser les individus présents. Un seul leur avait échappé. Elles ne l'avaient pas vu. 

Je sautais par dessus les tables qui obstruaient mon chemin et couru vers l'homme qui tentait de m'échapper. 

Qu'étais-je en train de faire? Je courrais réellement contre une proie d'Endemol, avec la même soif que mes comparses. Cette soif que je méprisais au plus haut point, que je considérais comme un manque d'humanité. Maintenant m'habitait-elle? 

L'homme n'était plus qu'à quelques mètres que moi. Mon esprit était concentré uniquement sur ma proie. Je sautais alors afin de plaquer l'homme que j'entrainais dans ma chute.

- Elle l'a attrapé! Cria une des filles. 

- Pardon?! 

Très vite, je neutralisais l'homme. Ignorant les cris de ma conscience qui me soufflaient que moi aussi, je basculais du côté des alignés. Je m'étais promis de ne jamais appliquer les ordres d'Endemol. Pourtant mon prisonnier m'assurait un prestige certain de la part de ceux que je considérais comme "ennemis". 

L'homme que je tenais fermement m'insultait et tentait de se débattre. Ce n'était pas sans compter l'aide des filles qui le menottèrent. Je continuais à le tenir tandis qu'elles assuraient mes arrières. 

Nous avancions dans le couloir, présentant notre prisonnier comme une parade. 

Mon prisonnier. 

- Il vaudrait mieux aller chercher les autres, souffla une des filles qui était incertaine quant à notre capacité de ramener l'homme jusqu'au point de rendez-vous. 

La seconde acquiesça et très vite, sans mon consentement, nous ne furent plus que deux à attendre dans l'angle du couloir l'arrivée de nos collègues. 

Le silence était de mise et mise à part les quelques insultes du prisonnier, aucun bruit n'était audible. 

Au bout de quelques minutes, un bruit résonna. Il provenait d'un autre couloir perpendiculaire au nôtre. Mon acolyte m'observa et d'un commun accord, elle partit à la recherche du bruit étrange qui ne pouvait être que celui de nos collègues en marche vers nous.

J'étais seule avec l'homme et ce dernier en profita pour chercher à me déstabiliser. 

- Elles ne t'aiment pas vraiment non? Dit-il sur un ton moqueur. 

Je ne répondis pas et garda le regard fixe devant moi. 

- D'ailleurs on voit tout de suite que tu n'es pas réellement de leur camp. 

- Ce ne sert à rien de tenter de me faire changer d'avis, dis-je calmement. 

Il ria doucement. 

- Et pourtant, tu n'as pas les mêmes aspirations que les autres, je présume? Tu m'as sauté dessus pour m'atteindre mais est-ce que tu voulais réellement m'attraper? N'était-ce pas plutôt pour prouver quelque chose? 

J'observai furtivement l'homme. Il était doué à la fois pour lire en moi comme un livre ouvert et à la fois pour me manipuler avec aisance. 

Un coup d'œil me suffit pour constater que ses mains n'étaient plus attachées et qui lui était libre de s'échapper mais j'ignorais depuis combien de temps.

Je m'apprêtais à sortir mon arme mais ce dernier fut plus rapide et m'asséna un coup à la tête si fort que je trébuchai par terre. 

Au sol, je le vis se lever rapidement, prendre mon arme... Et au lieu de me tirer dessus, il la rangea simplement dans le creux de son dos.

- On se reverra très vite petite, souffla-t-il avant de s'échapper vers un des nombreux couloirs. 

C'est pile à ce moment-là que mon binôme choisit de retourner à mes côtés. Me voyant à terre, elle s'écria. 

- Mais où est-il putain!? Comment t'as pu le laisser s'échapper?? Camozzi et les autres sont en route! 

- Tu n'aurais pas du me laisser seule, grommelai-je. Maintenant aider moi à me lever, il m'a bien frappé ce con. 

- Qu'est ce qui vous est arrivé?? Demanda Camozzi qui venait d'arriver avec à sa suite le reste de l'unité. 

- Il s'est échappé, dis-je en me relevant difficilement. 

Tous restèrent silencieux mais ce silence parla bien plus que des milliers de moqueries. Je sentais que tous étaient déçus. De moi, de ne pas avoir eux-même trouvé l'homme, de regretter que ce soit moi la pire femme du groupe à être tombée dessus. 

Camozzi même me regarda avec déception. Mais être douée en salle d'entrainement ne m'avait jamais garanti une réussite militaire. Et tous le comprirent aujourd'hui, je n'étais pas celle sur qui il fallait compter. Les phrases du fugitif m'avait marquée plus que ce que j'aurais pensé. 

Des simples mots seulement là pour me déstabiliser m'avaient suivi tout le trajet du retour. Je ne savais pas qui j'étais, en quelles idées je croyais. 

Je ne savais plus qui en croire.

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