Chapitre 29

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- Je te laisse fermer le gymnase Nina?

J'acquiesçais sans même prendre la peine de regarder un de mes collègues.

Je frappais ce sac de sable depuis une vingtaine de minutes. Mais je n'en étais pas à mon premier exercice. Depuis 13h, je m'acharnais dans le gymnase. J'avais jeté mon dévolu sur toutes les machines de musculation qui auraient pu me fatiguer et par la même occasion m'empêcher de penser à Eliad.

Eliad.

J'avais laissée ses mains me toucher en étant pleinement consentante. A cet instant, rien ne me dégoutait autant que ma personne. Comment avais-je pu faire cette erreur? Lui faire confiance avait été regrettable et si aujourd'hui j'étais autant en colère contre lui, c'est parce qu'au fond de moi j'avais l'impression qu'il m'avait abandonné.

Une voix grave retentit au milieu du silence du gymnase et du bruit de mes coups contre le sac.

- Vous ne devriez pas frapper autant.

Je me stoppais et me retournais pour observer Camozzi. Mais je restais silencieuse, n'ayant pas la force ce soir-là de l'affronter.

- Vous aviez quelque chose à me dire je vous rappelle, continua-t-il froidement. 

Je soupirais longuement, posant mon front contre la texture fraîche du sac de boxe. Il fallait qu'en plus j'explique à Camozzi que signifiaient les allusions de Eliad. Heureusement que je n'en étais pas à mon dernier tour de passe-passe.

- La cible dont parlais Eliad en réalité est... 

Je jetais un coup d'œil hésitant vers Camozzi. Dommage pour moi, son regard était concentré vers moi. Il avait croisé ses bras, la position habituelle qu'il habituait pour montrer sa situation de force. 

- En fait... Dis-je à moitié en m'étranglant. 

Il fallait à tout prix que je joue mon rôle à 100%. Personne ne résisterait à la vision d'une pauvre jeune femme... 

- J'ai eu des problèmes avec le marché noir. 

- Vous êtes ce genre de personne à y aller? Demanda-t-il surpris. Pourtant, ce qu'Endemol vous attribue est suffisant...

- Ma grand-mère avait besoin de médicaments. Et on m'avait parlé d'Eliad comme quoi il avait certains... contacts. 

Ma capacité à mentir avec aisance était impressionnante.

- Vous voulez dire que Eliad vous a entrainé dans des magouilles de marché noir? Gronda-t-il. 

Il n'était plus là. Alors je n'avais aucune raison de le protéger.

- Son contact voulait... Certaines choses en échange des médicaments? dis-je en appuyant mon regard pour qu'il comprenne mon allusion. 

Camozzi jura doucement. 

- Lorsque j'ai refusé, Eliad m'a proposé une autre forme de rémunération. Il fallait que je manipule l'homme en question pour une quelconque histoire d'argent qu'Eliad n'a pas voulu m'expliquer. Mais tout est fini maintenant... Terminai-je en passant ma main faussement tremblante dans mes cheveux. 

- Et à aucun moment vous n'avez jugé judicieux de m'en parler? Dit-il se rapprochant à pas de loup. 

- Pourquoi faire? Demandai-je avec arrogance. 

Il me croyait. J'en étais certaine. Désormais il ne tenait qu'à moi de maintenir cette image de femme en détresse que Camozzi aurait irrésistiblement envie de sauver. 

- J'aurais pu vous aider Nina... J'aurais pu t'aider, rajouta-t-il se rapprochant une nouvelle fois. 

Mais à quoi jouait-il? Eliad venait de quitter la ville, je n'étais pas encore prête à jouer à ce petit jeu. Enfin... C'est ce que clamait la partie consciente de mon cerveau. 

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