Eliad me raccompagna chez moi et je m'endormis aussitôt. Depuis que je le connaissais, je dormais beaucoup mieux. Mes longues insomnies entrecoupées de cauchemars commençaient à se faire rares. Je ne me réveillais plus en sueur en plein milieu de la nuit.
Le lendemain, ma grand-mère me réveilla, j'avais reçu mon affectation. Je l'ouvrais devant elle, dans la cuisine, feignant d'être impatiente même si je savais déjà quelle était la réponse du papier.
Je la parcourus des yeux rapidement et essaya de paraître déçue.
- Je suis prise dans l'armée.
La seule réponse que j'obtenu fût un silence. Elle m'arracha ma lettre et commença à la lire attentivement. Puis, elle alla chercher mon grand-père et ils s'enfermèrent tous les deux dans le salon.
Je patientais seule dans la cuisine en entendant de faibles chuchotements. Ma grand-mère arriva avec mon grand-père, et ils me regardèrent d'un air grave.
- Ma chérie, je sais que tu es déçue de travailler au plus près d'Endemol mais en lisant plus attentivement, ton grand-père et moi nous nous sommes rendus compte que tu n'allais pas être un simple militaire, mais un vrai soldat d'élite.
Elle prenait une voix douce pour atténuer la vérité, cela me toucha. Tristement, je me rendis compte que mes grands-parents essayaient toujours de me protéger malgré ce qui arrivait à notre pays, à ma vie.
- Ce qui signifie..., continua ma grand mère, que tu vas travailler parmi les meilleurs pour les grands représentants de la ville, Oh ma chérie, je suis fière de toi quand même tu te rend compte, on est sauvé! Il n'y pas de souci à se faire pour notre sort ici, car on va être chouchoutés par Endemol, pas vrai, Alphonse ?
Ma grand mère s'adressait à mon grand père et ils me laissèrent seule dans mes pensées, qui se dirigeaient automatiquement vers Eliad. J'avais envie de le voir, qu'il me parle de la résistance, je n'arrivais pas à supporter l'idée qu'Endemol veuille prendre soin de moi sans que je puisse obtenir quelconque nouvelle de mes parents et que des milliers de gens mourraient sous leurs coups. Ils me manquaient tellement, je ne savais même pas si ils étaient encore en vie et leur absence me pesait énormément.
***
Dans la soirée, je sortis me dégourdir les jambes. Mon travail commençait après-demain et je voulais profiter de mes derniers moments de liberté. Sur la route en direction de la plage, je croisai Eliad qui sortait d'un immeuble, on se regarda surpris et je me décidai d'aller le rejoindre.
- Bonjour, vous travaillez bien contre et pour Endemol?
J'arrivais vers lui en mimant un pistolet avec mes mains, il m'attrapa par la taille et me fît basculer en arrière.
- Oui, c'est bien ça, dit-il en me regardant en souriant.
- Alors, vous êtes en état d'arrestation, chuchotai-je, nos visages ne sont qu'à quelques millimètres.
Nos lèvres se rencontrèrent, en ayant du mal à cacher mon sourire qui me plaisait foutrement.
- Viens, il faut que je te montre quelque chose.
Je le suivis, en prenant sa main. On rentra dans l'immeuble duquel il venait de sortir. Au dernier étage, il lâcha ma main et ouvris la porte et je me retrouvai face à une dizaines d'ados de mon âge, filles et garçons confondus. Mais il y avait quand même beaucoup plus de filles. Je regardais Eliad avec un air suspicieux et j'imaginais déjà comment il avait recruté ces filles. De la même manière que moi.
- Bonjour, tu dois être Nina.
Une dame plus âgée avec des cheveux épais aux nuances de roux, s'avança vers moi. Je ne l'avait pas remarquée. Elle continua et me présenta les autres ados:
- Je m'appelle Mégane, avec Eliad on s'occupe de ce petit groupe de jeunes résistants. Bon, on fait pas des merveilles, on est spécialisé dans tout ce qui est vandalisation des infrastructures d'Endemol, on tague, on détruit les lignes de chemins de fer, etc. Mais bon, on fait du bon boulot. On venait de terminer notre réunion. C'est toutes les semaines, le mardi à 18h. Si tu connais Eliad, on peut te faire confiance mais n'oublie pas que même si la plupart d'entre nous sont relativement jeunes, on punit les traîtres comme il se doit.
Un peu refroidie par ce petit groupe, je m'installais sur le canapé une fois les autres partis. Qu'est ce que j'ai pu être idiote, je m'imaginais être unique, la seule à qui il parlait. Mais c'est évident que pour recruter des gens, toutes les manières sont possibles.
Lorsque Eliad s'assit à côte de moi,j'étais toujours en train de ruminer ces pensées jalouses qui n'avaient pas lieu d'être. Il me demanda automatiquement pourquoi je faisais cette tête.
- A ton avis ? Je suis super ravie d'être la 20ème nana que tu séduit pour l'embrigader !
Il m'observait sans comprendre, puis rigola silencieusement. Il me pris le menton et me força à le regarder.
- T'es la première que j'amène ici, tu peux vérifier, c'est Mégane qui s'occupe de l'embrigadement.
Il fît une pause.
- Mais j'adore quand tu es jalouse comme ça, chuchote-il en souriant.
Et il m'embrassa, doucement au début, puis notre baiser se fît de plus en plus pressant et je montai sur ses genoux. Il m'embrassa dans le cou, exactement comme dans le placard à balai, lorsqu'il revient à ma bouche. Je plonge, à mon tour, la tête dans son cou,et je dépose des petits bisous tout le long de sa clavicule. Il m'attrape par les cheveux et pousse un petit juron de plaisir. Je souris, ravie de lui faire cet effet là.
***
Deux semaines ont passées, je ne l'ai presque pas vu. Même pas au travail, qui est assez nul pour l'instant. Le dirigeant de la ville n'est pas encore arrivé, ici, alors je ne fais que m'entraîner. A la boxe, à la musculation, aux tirs... En parallèle, j'apprends à connaître la bande de Mégane. Je n'ai fait qu'une mission pour l'instant, avec trois de la bande, on est allé taguer la mairie en écrivant des choses du style '' Endemol ne vaincra jamais''.
Si c'est seulement ça pouvais être vrai. Ici, tout empire: les gens sont affamés, épuisés... Excepté mes grands parents, moi et les autres familles qui travaillent pour Endemol. Alors, on fait comme on peut et on essaye d'aider les plus démunis en donnant de la nourriture, des médicaments. J'aimerai tellement changer tout ça.
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Legacy
RomanceLa pauvreté et la misère faisaient partie de notre quotidien. Les hommes se déchiraient entre eux. Le chômage et l'inflation étaient au niveau mondial et le réchauffement climatique n'avait jamais autant fait parler de lui. Ça vous rappelle quelque...