Chapitre 19

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A bout de souffle, j'apercevais enfin la voiture. Je distinguais une silhouette sur le siège passager que j'espérais être Eliad. 

Mes pas résonnaient sur le béton et dans la rue silencieuse, on n'entendait que mon souffle erratique. 

- Bouge-toi Nina!!

Eliad était en panique mais je ne fis pas attention. Ce n'était pas quand même lui qui courait sans avoir la conviction de pouvoir monter dans cette foutue voiture!

 Au bout de quelques secondes qui me parurent interminables , j'arrivais enfin à monter dans le véhicule et Eliad démarra sans attendre une seconde de plus. 

- Qu'est ce que tu as foutu Nina!? 

- C'est une blague? 

Ma colère envers lui remplaça très vite la panique que je venais de vivre.

- Je viens de risquer ma vie Eliad, j'étais toute seule dans ce putain d'immeuble parce que tu m'avais laissé toute seule! 

Bon ok. Je perdais quand même un peu mon self-control. 

-Je croyais que tu étais meilleure que moi et que tu pourrais alors te débrouiller en n'importe quelle situation. 

- Ca n'a aucun rapport! Mais merde Eliad! Je... 

Je ne pouvais pas prononcer un mot de plus. Sinon j'allais pleurer. Je venais de vivre une des pires peurs de ma vie. Rien que l'idée d'avoir risqué ma liberté me rendait dingue. Que ce serait-il passé si j'avais été capturée par un des soldats? Ou s'ils avaient vu mon visage? 

J'étais fatiguée. Et je ne voulais pas qu'Eliad me voit pleurer. Alors je restais silencieuse attendant que ma respiration se fasse plus régulière. J'ouvrais la fenêtre, prenant des grandes goulées d'air. 

- Il fallait à tout prix que je récupère les dossiers. Je ne m'excuserai pas Nina. 

Je soufflais, sans même prendre la peine de le regarder. 

- Tu n'as aucun honneur. Tu m'as laissée seule alors que nous étions en situation de crise. Je ne comprends pas... On était sensés être un binôme. 

Eliad ne répondait pas. Je risquais un regard vers lui mais il restait concentré sur la route.

- Peut-être qu'on est pas vraiment un binôme. 

Je restais silencieuse. Cette phrase m'avait fait l'effet d'une balle. 

- Comment peut tu être aussi infect, murmurai-je. 

Je m'étais lourdement trompée sur Eliad. Après avoir découvert sa double vie entre Endemol et résistance  et ses talents de manipulateur, il s'avérait être également cruellement égoïste. Il m'avait convaincu de faire tellement de choses. Sans lui, je ne me serais jamais engagée dans la résistance. Ni même entrée dans l'armée. 

Reconnaissant l'entrée de la ville, je décidais qu'il était mieux pour moi de rentrer à pied. Qu'importe le couvre-feu. Nous étions au petit matin et j'étais sensée être à la caserne dans quelques heures.

- Arrête-toi ici. Je descend. 

Il m'obéit sans émettre aucune objection. Je me détachais avec hâte mais juste avant d'ouvrir la portière, Eliad attrapa ma main. 

- Les gens ne sont pas forcément comme tu le penses Nina. 

J'ignorais ce qu'il voulait dire par là. Ses yeux semblaient exprimer un message que je n'arrivais pas à comprendre. Après lui avoir jeté un dernier regard accusateur, j'ouvris et claqua la porte avec colère. Je commençais à marcher vers chez moi tentant de faire abstraction de la fraîcheur matinale. 

                                                                                        ***

- Alors Nina, on est pas très énergique ce matin?

Connor me dévisageai d'un air narquois. Je l'ignorais, continuant de frapper mollement mon sac de boxe. Je n'avais pas dormi cette nuit, étant donné que j'étais rentrée vers 5 heures du matin. 

- Fous moi la paix Connor, soupirai-je. 

- Je voulais juste te prévenir que nous devons rejoindre le Commandant Camozzi pour notre entrainement. 

Je soupirais une nouvelle fois. Camozzi voulait apprendre à sa garde rapprochée de nouvelles techniques de combat, je m'étais discrètement défilée car malheureusement son "premier cours" était hier soir.

Je pensais que personne n'allait se rendre compte de mon absence. Mais lorsque j'entrai dans le gymnase annexe, Camozzi me dévisagea d'un air sévère. Je tentais de l'ignorer fixant mon regard droit devant moi. 

- Bonjour à tous, conformément à ce que je vous ai expliqué hier nous allons commencer cette séance par ce parcours...

                                                                                  ***

Le cours avait été éreintant. Camozzi était dingue. Il était même étonnant qu'à aucun moment du cours, il ne m'ait pas rappelée à l'ordre. Pourtant, j'avais eu le droit tout le long à ses regards suspicieux.

Je sortais des vestiaires lorsqu'il vînt à ma rencontre. Je tenais ferment en main ma bouteille d'eau, l'utilisant comme seule distraction face à ses yeux noirs inquisiteurs. 

- Tibert. Pourquoi tu n'étais pas là hier soir.

Son ton était froid, sa voix grave résonnant dans mon esprit.

- J'étais malade, dis-je, en évitant son regard et en triturant ma bouteille d'eau.

Lui, au contraire, avançait sa tête vers moi. Mais, je refusais que nos yeux se croisent. Je n'arriverai pas à mentir.

- Ah oui? Dit-moi ça.

Il croisa les bras et j'observais le mouvement de ses muscles, parfaitement moulés dans son t-shirt.

- J'étais...

Je me raclai la gorge en regardant sur le côté. Dieu que l'atmosphère était lourde et pesante!

- Je ne me sentais vraiment pas bien, dis-je la voix claire, osant enfin le regarder dans les yeux.

- Et bien, la prochaine fois préviens-moi. Comme ça, j'apprendrai ton nom dans d'autres circonstance Nina.

Il avait insisté sur le dernier mot d'une façon peu déplaisante et j'avais senti son souffle sur mon visage.

Qu'est ce qu'il m'arrivait nom de dieu?

En quelques semaines, j'avais rencontré deux hommes qui m'avait fait ressentir des sensations folles. A la fac et d'ailleurs dans ma vie en dehors d'Endemol, je n'avais jamais ressenti ce genre de chose. Comme si Endemol faisait sortir les profils les plus atypiques de notre pays. 

Ceux que je n'aurais jamais rencontré.

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Dimanche 21 avril


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