23 octobre

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Je n'aurais pas dû m'énerver. Je sais. Ils sont contre moi, maintenant. Tous. Ou presque. Une lettre m'est parvenue, glissée sous la porte. De la direction de la CPI. Je n'ai pas le droit de sortir du bâtiment et pire, je n'ai plus le droit de communiquer avec l'extérieur sans surveillance, jusqu'à ce que la cour m'ait entendue et qu'un jugement soit rendu.

Je n'ai plus d'autre choix que de m'en aller. Je le connais déjà le jugement : prison. Pas le temps pour ça, il faut qu'on trouve un remède contre cette maladie, dehors.

Je prends mon sac et je fourre le maximum d'affaires que je peux dedans. Je prends même un « kit de survie spécial Camille ».

Il est très tôt, trois heures à peine. Je me faufile dans les couloirs, doucement. Je vérifie qu'il n'y ait personne, je longe les murs. J'arrive au niveau des escaliers. Mon plan est de sortir par les rails qui mènent à la station Voorburg. Mais rien n'est encore fait.

Je descends jusqu'au sous-sol. Dès que j'entends un bruit, je me tapis dans l'ombre. La peur me tiraille le ventre – et pourtant j'en ai fait d'autres. J'arrive dans le parking. Je cherche une porte, donc. Pour aller sur les rails. J'ai mis ma capuche, pour dissimuler mon visage. Je fais une première fois le tour du parking, sans trouver une seule porte. Et puis, j'entends des pas. Je me faufile entre les voitures et je me cache au milieu de grosses berlines et de deux autres véhicules plus petits. J'espère qu'il ne m'a pas vu. Ça me rappelle un peu avec les potes, les premières années sur Paris...

Je calme mon rythme cardiaque, je me concentre sur les pas. Ils s'approchent, mais semblent ralentir. Et puis, l'autre s'arrête.

– Madame Faussette ? chuchote-t-il. Je vous ai vu.

Et merde.

– Madame Faussette, c'est Maxime Van Hecke.

Lui ? Encore ? Mais qu'est-ce qu'il me veut ? Je ne bouge pas. Il ne me voit pas, sinon il se serait approché. Je n'ai pas d'échappatoire. Il me verrait bouger entre les bagnoles. J'entends qu'il s'éloigne. C'est le moment. Je change de cachette rapidement. Mais lorsque je vois une ombre, plus grande et beaucoup plus imposante que l'inspecteur, je fais demi-tour. Je me réfugie de nouveau entre les voitures. J'ai cru voir une arme. Un fusil automatique, je crois.

J'entends une voix s'adresser à Van Hecke en néerlandais. On lui demande ce qu'il fait là. Il répond avec assurance qu'il venait chercher des affaires dans sa voiture.

– A trois heures du matin ? l'interroge l'autre.

– L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ! s'exclame-t-il.

Van Hecke saisit ses clés et appuie sur le boutons pour ouvrir sa voiture. Elle est toute près. Il va me voir, c'est sûr. Il passe entre deux voitures et arrive à mon niveau. Il me lance un bref regard mais ne dit rien. Il ouvre le coffre et fait semblant de chercher quelque chose à l'intérieur. En vérité, il me fait de grands gestes pour me dire de monter. Je ne sais pas pourquoi, mais je lui voue une confiance totale à ce moment. Je passe discrètement entre les voitures et je monte dans le coffre. Il me fait signe de me taire et de rester calme. Il prend une bricole à côté de moi et referme.

Une portière se claque. Je me réveille en sursaut. Merde, j'ai réussi à m'endormir ? Je me relève et regarde par-dessus les sièges arrières : c'est Van Hecke. Je soupire. J'ai mal au cou. Il oriente son rétroviseur intérieur pour me voir sans se retourner.

– Ecoutez, je vais vous sortir d'ici.

– Et comment vous comptez faire avec moi dans votre coffre ? Dire que je ne suis qu'une poupée de cire ?

U4 - CamilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant