22 novembre

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On a réussi à se dégoter des vélos dans une maison à côté de Clairefontaine-en-Yvelines. On a vu l'ancienne maison des Bleus. C'était très calme. Dire qu'il y a encore quelques temps, on les voyait arriver les uns après les autres dans le « temple » du foot, on les filmait en train de s'entrainer pour les Mondiaux, qui aurait dû se dérouler dans quelques mois...

J'ai l'impression qu'avec Maxime, on est des miraculés. Plus un seul signe de vie. Nulle part. A part quelques ados, qui nous regardent passer, incrédules. Ils savent qu'on ne leur veut pas de mal. Et puis avec mon petit vélo rose fluo, ils se doutent que l'on n'est pas des militaires.

On passe au-dessus de l'autoroute. Je m'arrête un moment. Maxime pédale vraiment vite. Il n'a pas l'air comme ça, mais il est hyper sportif. On a fait plus de six heures de marche le premier jour, trois ou quatre hier et il n'est toujours pas fatigué. Moi, j'avoue que je n'en peux plus.

Il s'arrête à côté de moi en riant.

– Tu traines dis-donc !

– Je sais mais avoue qu'une autoroute vide, ça n'arrive pas tous les jours !

Il regarde la route qui s'étale à l'infini et sourit. Aucun de nous deux ne veut réellement réaliser que plus ne sera comme avant. On espère encore secrètement qu'un jour, on verra de nouveau au journal des gens se plaindre des bouchons, les infos route nous dire que c'est un « jour de grand départ », qu'il faut éviter le péage de Saint-Arnoult, les grands axes en direction de la mer...

On est en rase campagne lorsque j'entends un bourdonnement. Lointain, sourd, mais je l'entends quand même. Je m'arrête. Maxime est devant. Je l'appelle.

– T'entends ?

– Non quoi ?

J'écoute un peu plus. Ça se rapproche. Je comprends. Un hélico.

– C'est un hélicoptère !

– L'armée tu crois ?

– C'est sûr.

On se regarde et on se remet en route, silencieux. Il se rapproche. On arrive à côté d'un champ de blé. On descend des vélos, on les traine dans le champ et on se dissimule au milieu des blés. On regarde l'hélico nous passer au-dessus de la tête. On n'est pas vraiment discret ici.

– Allez, on y va, dit Maxime.

Je le suis. On se tire de la région parisienne le plus vite possible.

U4 - CamilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant