J'entends des bips. J'ai l'impression d'être dans un autre monde, dans un autre corps. J'ouvre un peu les yeux. Il fait jour ? Mais, j'étais dans le couloir... Il faisait nuit... Et puis il y a eu mes parents... Où suis-je ?
J'ai du mal à comprendre ce qu'il s'est passé. Je cherche autour de moi. Je ne bouge que les yeux. Je suis dans une chambre blanche. Il y a plein de choses autour de moi. Des machines, je crois. Il fait très clair. Il y a beaucoup de lumière. Ça me fait presque mal aux yeux. Je ne peux pas les garder ouverts.
Au bout d'un moment, je sens une main sur mon bras. J'ouvre les yeux.
– Vous pouvez m'entendre ?
Je voudrais lui dire que oui, mais je me contente d'hocher la tête.
– Très bien. Est-ce que vous pouvez bouger la main droite ?
Je serre le poing.
– Mettez-la dans ma main maintenant.
Je monte un peu le bras. Ce n'est pas très précis, mais j'y arrive. J'ai l'impression que mon corps répond en retard. Le médecin sourit.
– Parfait. On fait l'autre main.
Je réitère l'opération. Ce n'est pas très compliqué, mais ça me demande une grosse concentration.
– Vous vous en sortez très bien, Madame Faussette.
Il se met au pied du lit. Il me prend les pieds.
– Est-ce que vous sentez ça ?
Je hoche la tête. Ça me rassure.
– D'accord. Alors vous allez tourner vos chevilles maintenant, d'accord ?
Je m'exécute. Je souris en voyant que je peux le faire. Le médecin revient vers moi.
– C'est très bien. Dites-moi comment vous vous appelez.
– Je... Je m'appelle Camille. Je m'appelle Camille Faussette.
Je prends un temps qui me paraît fou pour pouvoir dire ces deux phrases. Mais j'y arrive.
– C'est super. Ecoutez, il faut que vous vous reposiez. Restez tranquille.
– Qu'est-ce j'ai ?
Le médecin s'assoit à côté de moi.
– Après votre rupture d'anévrisme, vous n'avez pas été suivie correctement. Vous avez eu ce qu'on appelle une hémorragie méningée. Du sang s'est écoulé dans vos méninges. Heureusement, ce n'était pas un saignement conséquent. On a arrêté tous les saignements. On a fait baisser la pression dans votre boîte crânienne. Il ne devrait pas y avoir de complication. Mais il faut que vous soyez vigilante. On vous garde en observation. Vous devez rester tranquille. D'accord ?
Je n'avais pas prévu de faire un jogging non plus. Il s'en va. Je peux enfin me reposer.
—
Maxime vient me voir dans l'après-midi. Il s'assoit à côté de mon lit et me prend la main. J'ouvre les yeux.
– Bonjour.
– Salut, réponds-je en soufflant.
– Comment tu te sens ?
– Ça va. Je crois.
J'essaye de me redresser, mais je n'ai pas assez de force. Il m'aide en me prenant par le dessous des bras. Il remonte l'oreiller derrière moi. Il regarde mon crâne et passe la main dessus en riant.
– C'est dommage, ça commençait à repousser.
– Ça repoussera encore !
Je passe la main. Le pire, c'est qu'ils ont rasé une partie de ma tête mais pas l'autre. Je dois avoir un style exceptionnel. Je pense que c'est encore pire que lorsqu'ils avaient tout rasé. Maxime rit.
– Allez, ne t'inquiète pas, tu es belle quand même !
Il me prend la main. J'ai du mal à garder les yeux ouverts.
– Je suis désolée, je crois que les médicaments sont un peu violents...
– Tu es sûre que ça va ?
Je suis incapable de lui répondre. Mon corps n'est pas le mien, la douleur est diffuse, je ne ressens rien ou presque, j'ai l'impression d'être une autre personne. Je sers la main de Maxime, la seule chose qui me semble réelle. Il met sa deuxième main sur la mienne.
– Allez, je te laisse tranquille. Repose-toi, je me charge de tout.
Je te fais confiance. Il pose un baiser sur le dos de ma main. Il s'en va. Il me laisse. Il se charge de tout.
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U4 - Camille
FanfictionJe m'appelle Camille. Je travaillais sur les recherches pour éradiquer Ebola. Désormais, je suis accusée de "crime contre l'humanité". Mais je ne suis pas une terroriste. Je ne veux pas aller en prison. Sauf que personne ne peut m'aider. Tout le mon...