14 novembre

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Je me réveille. Le soleil est déjà haut. Je m'étire. Je ne sais pas comment, mais Maxime a trouvé un réchaud. Il a fait bouillir de l'eau. Il est vraiment fort !

– Tiens, la marmotte se réveille ? lance-t-il, un peu taquin.

– Commence pas !

Il sourit et m'invite à venir m'asseoir avec lui à la table de la cuisine. Il me tend une boite de maïs. Du maïs !

– C'est bien pour le matin, c'est sucré...

Je lui prends le maïs des mains et je commence à manger. Il me fait un café et me propose même du sucre !

– C'est le palace ici !

– Il faut qu'on en profite un peu ! Avec tout ce que j'ai pu prendre à l'institut, on a de quoi tenir quelques semaines.

Je ne suis pas sûre de ce qu'il dit, mais j'aime son optimisme !

On descend prudemment. A chaque étage, on s'arrête pour écouter, pour être sûr qu'il n'y ait personne. On a réussi à remballer presque toutes nos affaires. On a fait un brin de toilette, je me sens incroyablement bien. Maxime reste derrière moi, j'ai l'impression qu'il est encore plus stressé que moi. On arrive en bas. Je lui lance un petit regard avant d'ouvrir la porte. Il a un couteau à la ceinture, il est prêt à le sortir. J'ai le mien aussi.

On est dehors. Il fait vraiment froid. On marche rapidement. On peut descendre toute la rue de Vaugirard pour arriver sur le parc des expos, porte de Versailles. De là, on peut passer sous le périph' et continuer sur Issy-les-Moulineaux ou... On verra.

Cette rue, d'habitude si agitée, si dynamique, est déserte. Il y a des déchets partout, des voitures abandonnées en plein milieu de la chaussée... Et des cadavres. Des masses sanguinolentes, qui se décomposent doucement en plein air, parfois déchiquetés par les animaux. On marche en évitant tout ça, on ne regarde pas.

Devant une pharmacie, je m'arrête. Elle a été pillée, mais peut-être qu'on peut encore trouver de quoi faire une vraie trousse de premiers secours.

– Je vais faire un tour à l'intérieur.

– Je t'attends là.

J'aime bien quand on se comprend comme ça. J'entre dans la pharmacie par la devanture ; la vitre a été brisée, je dois faire attention aux débris de verre. Je me glisse dans les rayons, je chope tout ce qui peut nous servir : sparadrap, compresses stériles, couverture de survie. Je prends ce qu'il reste – c'està-dire pas grand-chose. Mais ça devrait suffire.

Je me dirige vers la réserve, pour voir si je peux trouver encore quelques produits utiles. J'entends un bruit. Un tiroir qui se ferme, un autre qui s'ouvre. Je prends mon couteau et j'avance prudemment. Je le vois.

– Qu'est-ce que tu fais ? dis-je.

Il se retourne. C'est une fille. Une ado, peut-être seize ou dix-sept ans. Elle regarde mon couteau avec des yeux effarés.

– Je... Je prends simplement des médicaments.

Je range mon arme.

– Tant mieux. Moi aussi.

Ses bouclettes brunes tombent sur ses épaules. Elle est plus grande que moi, son corps est élancé, elle est sportive. Je ne veux tuer personne ici, je range mon couteau. Je me mets à chercher dans les tiroirs. Elle s'y remet aussi. Elle prend des antibiotiques et des vaccins.

– Qu'est-ce que tu cherches ?

– De l'eau de Dakin, répond-elle.

Je vais dans le fond. Dans des cartons un peu moisi, je trouve des crèmes antibactériennes, des sprays désinfectant, de l'eau oxygénée et de d'autres antiseptiques. C'est un véritable trésor !

U4 - CamilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant