D'accord, ce qu'a dit Van Hecke m'a révolté sur le coup, mais en y réfléchissant...
Je mène discrètement ma petite enquête. Les personnes qui me surveillent ne savent pas qu'il y a un ordinateur portable dans le bureau. Bien rangé dans le tiroir. Je l'ai discrètement sorti de sa cachette, ce matin avant l'aube. J'ai fait le moins de bruit possible. J'ai fouillé dans les dossiers disponibles sur l'intranet de l'école, mais il n'y a pas les vidéos de surveillance du labo. En revanche, j'ai accès, grâce à mes petits codes spéciaux de chercheuses, aux heures de présence dans les différentes salles allouées aux collaborateurs du projet.
Il y a trois suspects potentiels : Liam Andersons, l'Américain, Ibrahim Boko, le Malien, et Liu Abe, la Japonaise. Je dis trois suspects, mais ils ne le sont pas vraiment. Ils étaient dans les salles près du laboratoire, mais aucun d'eux n'y est rentré. Il n'y avait que moi. Est-ce que je dois me considérer comme suspecte ?
Le soleil va se lever. Je cache l'ordinateur et je m'installe confortablement en face de la fenêtre. J'ai réussi à récupérer quelques vêtements et d'autres couvertures pour avoir un petit nid douillet, autant en profiter.
—
Combien de temps est-ce que j'ai dormi ? Au moins dix heures, je pense. Le soleil est haut maintenant. Je me lève et m'étire un peu. Ils m'ont laissé mon petit-déjeuner, mais je n'ai pas faim. Ce qui est étrange, ce matin – ou peut-être cet après-midi –, c'est qu'il n'y a plus de scaphandrier devant la porte. Je passe la tête au-dehors de la salle. Personne dans les couloirs. Qu'est-ce qu'il se passe ?
Je regarde par la fenêtre du couloir, qui donne sur l'entrée du bâtiment. Il y a un blindé qui garde la porte ! Et des militaires en combinaisons NBC ! Un frisson me parcourt le dos. Ils viennent pour sécuriser le bâtiment ou pour... Moi ? Ils ont des armes, de vraies armes ! J'ai les jambes qui flageolent. Je me réfugie en vitesse dans ma petite salle de classe. Je bloque la porte avec une chaise, puis avec une barre que je trouve et je me cache dans un coin.
J'attends, j'attends. Et puis, au bout d'un long moment, il y a du bruit dans le couloir. On appuie sur la poignée. On insiste. On frappe à la porte.
– Madame Faussette ? C'est l'inspecteur Van Hecke. Ouvrez, s'il vous plait !
Je frémis. Qu'est-ce que je fais ? Je reste cachée là jusqu'à la fin de ma vie ? Je lui ouvre ?
– Madame Faussette ? dit-il plus fort.
J'entends des voix derrière lui. Il n'est pas seul. Sûrement les militaires. On frappe à la porte. Plus fort.
– Madame Faussette, ne faites pas l'enfant ! dit une voix plus grave en anglais. Ouvrez, ou il y aura des répercussions.
– Allez vous faire foutre ! lui répond-je avec un accent américain piqué aux plus grands rappeurs des States.
J'ai peur, ma voix tremble un peu. J'entends qu'ils parlent néerlandais. Je comprends vaguement que Van Hecke demande aux autres de le laisser faire. Il parle de moi, mais je ne saisis pas ce qu'il dit. Il me parle de nouveau à travers la porte.
– Madame Faussette, reprend-t-il en français, vous avez peur parce que vous êtes fatiguée. Je sais que ces derniers jours ont été difficiles. Je peux vous aider. Mais il faut que vous m'ouvriez pour ça.
– Vous allez m'aider ? Sérieusement ? Depuis le début, vous insinuez que je suis coupable ! Et aujourd'hui, vous osez dire que vous allez m'aider ! Avec vos copains militaires, c'est ça ? Eux aussi ils veulent m'aider ?
Je cris tellement fort qu'on doit m'entendre dehors. Van Hecke est plus calme, lui.
– Je ne savais pas qu'ils allaient venir. Je vous le promets.
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U4 - Camille
FanficJe m'appelle Camille. Je travaillais sur les recherches pour éradiquer Ebola. Désormais, je suis accusée de "crime contre l'humanité". Mais je ne suis pas une terroriste. Je ne veux pas aller en prison. Sauf que personne ne peut m'aider. Tout le mon...