21 décembre

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Voilà des jours que mes deux avocats me posent des questions. Je n'en dors plus. Ça remue trop de vieux souvenirs. Trop de mauvais souvenirs. Et puis, je vois la date du procès se rapprocher. Je vois mes chances de m'en sortir s'amincir au fur et à mesure. Je ne ferme plus les yeux, parce qu'à chaque fois que je m'endors, je me vois mourir, en prison, seule, oubliée.

J'ai mis ma chaise devant le petit bureau. J'ai la petite fenêtre juste devant moi. Ça me fait du bien de pouvoir enfin me lever. Je dois faire attention à ne pas bouger trop vite quand même et je dois me tenir à un mur, mais j'ai la liberté de mouvement. Je gribouille un peu sur des feuilles. Une ligne correspond à une idée qui m'angoisse, une idée noire ou une idée que je voudrais oublier, tout simplement. Et aujourd'hui, il y a beaucoup de lignes. Je laisse mon stylo aller où il veut sur la feuille. Je finis par m'arrêter.

Je prends la feuille. Je vais la jeter lorsque je la regarde. Je la retourne. Je souris. J'ai dessiné une tête avec des bouclettes. Plein de bouclettes.

J'ouvre la porte. Il m'a dit qu'il était deux portes plus loin dans le couloir. Je trouve facilement. Je frappe doucement. Je rentre.

Je vais sur le lit avec lui. Je l'embrasse. Je passe mes mains dans ses boucles. Il passe ses mains dans mon dos. Il sourit et ouvre les yeux.

– C'est le meilleur réveil du monde...

Je me colle contre lui. Je le serre. Je ferme les yeux.

– Tu penseras encore à moi, quand je serais en prison ?

– Camille... Tu n'iras jamais assez longtemps en prison pour que je t'oublie. Et puis, je ferais tout pour que tu n'ailles pas en prison.

– Tu sais, tu ne pourras pas...

– Ne me dis pas encore que je n'ai aucune chance de te sortir de là. Je sais que tu n'y crois pas, mais moi, j'ai envie d'y croire.

– Maxime...

– J'y crois pour deux ! Pas la peine d'essayer de me décourager !

Je finis par rire. Bon, d'accord... Fais ce que tu veux. T'es grand après tout. Et puis, je n'ai pas d'inquiétude pour toi.

– Je t'aime, tu sais ? chuchoté-je.

– Je sais. Je t'aime aussi.

Je finis par m'endormir, collée contre lui, rassurée par sa seule présence.

Je reste avec Maxime toute la journée. Les avocats viennent me voir pendant quelques heures, mais ne restent pas très longtemps. Je crois qu'ils ont tout ce qu'il faut. Ils veulent m'entraîner, mais mon état ne le leur permet pas vraiment. Le médecin a réduit le dosage des médicaments, mais je continue à planer. Et puis, tout ça m'angoisse beaucoup trop.

Heureusement que Maxime est là. Il me rassure. Il me soutient. Il reste près de moi tout le temps. J'aime son contact. J'aime être près de lui. Il faut que j'en profite. Je risque de ne plus beaucoup le voir après...

Il ne faut pas que j'y pense.

Je l'embrasse. Son corps et le mien sont l'un contre l'autre. Peau contre peau. Plus de vêtement. Dans la pénombre de la chambre. Je le serre contre moi. Mes lèvres se posent sur les siennes. Se baladent dans son cou. Ses mains caressent mon visage. Descendent sur mes seins, mes hanches.

J'avais tellement besoin de ça. J'avais tellement besoin de lui. De son corps. De ses mots. De son amour.

Mon souffle se mêle au sien. Nos corps ne font plus qu'un. Je l'aime. Je l'aime tellement. Je pourrais mourir pour lui. Je l'aime bien plus que ça. Je l'aime. Tellement fort. 

U4 - CamilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant