8 décembre

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J'aurais tellement voulu le serrer dans mes bras cette nuit... Le sentir contre moi, comme ces nuits lorsqu'on était en route pour La Rochelle, pouvoir me blottir dans ses bras, comme lorsqu'on était à Paris, l'embrasser, encore.

Mais qu'est-ce que je fais ? Sérieusement ?

J'avais oublié ce que c'était d'aimer quelqu'un... Cela faisait si longtemps... Maxime... Ce foutu virus m'a au moins donné une chance de l'aimer. Je l'aime comme j'ai aimé Abigaëlle avant lui. Je l'aime peut-être plus encore. J'ai besoin de son amour pour survivre dans cet enfer. J'ai besoin de lui pour me dire que tout ça n'est pas vain.

Il m'a trahie. Je ne peux pas l'oublier. Il m'aime. Mais il me trahit. Alors ? Je peux lui faire confiance ? Je peux ? Vraiment ? J'aimerais tellement y croire... Y croire encore. Qu'est-ce que je dois faire ? Sans lui, je n'ai aucune chance de m'en sortir. Mais s'il ne fait rien, je ne pourrais rien faire non plus.

On m'apporte mon déjeuner. Je mange un peu, assise par terre. Ils ne s'intéressent plus à moi, je crois. Ils me laissent enfin tranquille. Ils ont certainement mieux à faire. Ou alors, ils ont assez de preuves pour m'inculper. Peu m'importe. J'ai la paix.

Enfin... J'espère qu'ils n'ont pas encore assez de preuves. Est-ce que j'ai encore une chance de m'en sortir ?

Ça fait des heures que je suis là. Je dors à moitié. Si je me rappelle bien, on doit partir pour La Haye dans deux jours. Je n'ai toujours pas d'avocat. Et rien pour m'innocenter. A part Maxime. Mais ils ne le croiront pas. Personne ne le croira. Sauf s'il retrouve celui qui a fait ça.

Je me redresse. Bien sûr. Il faut qu'on le trouve. Qu'on le fasse parler ! Il pourrait avouer ! Je l'y obligerai ! Il sera obligé de me le dire ! De le dire devant les juges ! Ils seront obligés de m'innocenter !

Mais il y a ce virus... Et merde ! Si l'autre est mort, ce sera impossible... Merde, merde, merde ! Fais chier. Saloperie de virus !

Je m'énerve sur le mur à côté de moi. Je frappe dedans, je m'en fais mal aux mains. Je lâche encore quelques injures. Et puis je m'arrête. Ça ne sert à rien de se débattre encore. C'est foutu. Je vais finir en prison. Je n'ai plus de raison de continuer à me défendre.

S'il te plaît, Maxime, reviens pour me dire que ça va aller, qu'on va trouver une solution. Dis-moi que tu vas m'aider, que tu vas me sortir de là...

Je me réveille à cause du froid. Je me suis endormie par terre, calée entre la banquette de béton et le mur. J'attrape le gilet qu'ils m'ont passé et je l'enfile. C'est l'heure du dîner ? Déjà ? Je me force à manger quelque chose. Mais j'abandonne. J'ai mal au ventre. Je demande à aller aux toilettes.

Je m'enferme. J'ai l'impression que mon corps va me lâcher. Je suis complètement stressée, impossible de me détendre. Mon corps tout entier se prépare au pire. C'est comme s'il savait que l'issue serait forcément celle que je voulais éviter.

Tout d'un coup, je m'écroule et je vomis le peu que j'ai réussi à manger. J'ai des hauts le cœur. Mon abdomen se contracte, c'est comme si tout voulait sortir de moi : mes organes, mes muscles, tout ce qui va avec. Je vomis encore et encore.

– Madame Faussette ? Est-ce que ça va ?

Je ne peux pas répondre. Même pas faire une remarque sur le « madame ». J'ai tellement mal que je suis incapable de bouger. Ils forcent la porte. Ils ont appelé un médecin. Il arrive derrière moi.

– Calmez-vous, madame Faussette. Je vais chercher de quoi calmer vos vomissements.

J'ai la tête qui tourne. Encore une contraction au niveau du ventre. Je régurgite de la bile. Tout tourne tellement autour de moi que je suis obligée de m'accrocher à la cuvette des toilettes. Je sens la main du médecin sur mon bras. Il me met quelque chose dans la bouche. Ça ne passe pas.

Je n'arrive plus à me tenir. Le médecin me rattrape avant que ma tête ne touche le sol. 

U4 - CamilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant