19 novembre

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Je me réveille. Encore. Je n'ai pas beaucoup dormi, j'ai planifié tout notre parcours. On ne repassera pas par porte de Versailles. On passera un peu plus loin. Après, il faudra que l'on trouve une voiture. Peut-être sur le périph'. Et puis, il faudra qu'on aille jusqu'à La Rochelle, en évitant les grandes agglomérations.

Maxime se réveille. J'ai emballé toutes nos affaires.

– T'es déjà réveillée ?

Je lui souris. Je vais m'asseoir à côté de lui.

– J'ai pas vraiment dormi.

Il y a un moment de silence.

– On s'en va aujourd'hui. On apporte que des problèmes aux garçons, et si les militaires sont dans le coin, ils ne vont pas tarder à nous retrouver.

– Comment tu vas ? demande-t-il, un peu inquiet.

Je ne réponds pas. J'en sais trop rien. Et puis, on s'en fout.

– Camille, on ne va pas partir tant que tu ne vas pas mieux.

– Donc tu préfères attendre que les militaires nous trouvent plutôt que d'essayer de sortir de Paris ?

Là, c'est lui qui ne répond pas. Je le regarde dans les yeux. Il m'avait manqué, ce regard. Ça y est, la connexion est rétablie. On peut de nouveau se parler avec les yeux.

On va y aller, aujourd'hui. On trouvera une voiture, sur le périph' ou plus loin.

Quoi ? Quels risques ? C'est pas plus risqué de se barrer que de rester ici.

Non on a plus le temps !

On frappe à la porte. Mickaël ouvre.

– Camille, Maxime, je sais pas si vous voulez partir aujourd'hui, mais les militaires sont vraiment près ce matin.

– On y va.

Je ne te laisse plus le choix. Tu prends ton sac, je prends le mien et on se casse. Mickaël ne comprend pas ce qu'on est en train de se dire avec les yeux, mais il n'interrompt pas la conversation pour autant.

Maxime se lève en soupirant. Je sais, t'as pas envie. Mais tu vas voir, on va se sortir de cette merde et tu verras, on sera encore plus heureux que maintenant. Ce ne sera jamais comme avant, mais on va s'y faire.

Il finit de s'habiller et de plier ses affaires rapidement. On a juste le temps de mettre quelques provisions que nous donne Mickaël dans nos sacs qu'Hakim arrive.

– On a pas beaucoup de temps. On vous emmène jusqu'à la sortie de Paris.

– Tu veux pas y aller alors ? demande Mickaël.

Hakim hésite. Je sors mon carnet et je déchire un morceau d'une page. Je note l'adresse dessus.

– Si jamais vous voulez passer nous voir.

Hakim prend le papier et sourit.

– On y pensera. Merci Camille.

Ils vont me manquer, tous les trois. Enfin, tous les deux. Je me demande où est Christophe.

– Allez, on y va, finit par dire Maxime.

On marche depuis plus de trente minutes. Les militaires sont partout. On leur a échappé par chance. On doit rester vigilant. Je suis focalisée sur notre objectif : La Rochelle. Mais pour y aller, il faut vraiment que l'on se trouve un moyen de transport plus rapide que nos pieds. Plus on reste dans la périphérie de Paris, plus on a de chance de se faire attraper.

Maxime est collé à moi. Il a peur que je ne tiennes pas le coup. Mais ne t'inquiète pas, je ne risque pas de faiblir. Pas maintenant. On est dans une petite rue au nord de Châtillon. On évite toutes les grandes rues. On se cache derrière les voitures garées dès qu'on entend un bruit.

On marche depuis presque deux heures. Je suis épuisée. Je m'arrête sur un banc, Maxime à côté de moi.

– Ça va ?

– Je suis désolée, j'en peux plus.

– C'est pas grave. Tu me donneras ton sac pour repartir, d'accord ?

– Non ! Je ne veux pas que tu te fatigues à cause de moi.

– Camille, ne t'inquiète pas pour moi.

Je soupire.

– Où est-ce qu'on est ? demande-t-il soudain en regardant autour de lui.

– On est... Vers...

Je regarde autour de moi. J'en sais rien. Dans le regard de Maxime, je vois une ombre d'inquiétude. Allez, t'inquiète pas. En continuant vers le sud, on finira bien par retrouver La Rochelle. On se remet en marche, lui devant, les deux sacs sur le dos, moi derrière, qui traine un peu la patte. Il me prend par la main et me tire un peu. Heureusement que tu es là, toi. 

U4 - CamilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant