9 décembre

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Je me réveille. Je me redresse un peu. J'ai soif. J'ai mal au ventre. J'ai encore la tête qui tourne. Je mets un petit temps avant de réaliser que je ne suis plus dans ma cellule. Il fait jour. Il y a une fenêtre ? Je suis où ? Je regarde tout autour de moi. Mauvaise idée. J'ai l'impression que je vais tomber. Je fixe un point, je souffle doucement.

Au bout d'un certain moment, j'arrive à me lever. Je vais jusqu'au lavabo en titubant. Je passe de l'eau sur mon visage. Je bois un peu. Pas trop. Puis, je retourne m'asseoir sur mon lit. Je reste là, immobile, les yeux dans le vide.

Un médecin entre. Un autre que celui d'hier. Il me sourit. Il prend ma tension, ma température, vérifie ma respiration, mon ventre. Il me demande si ça va mieux. Je lui dis que oui, même si je n'en suis pas persuadée. Il me regarde avec insistance.

– Et la vérité ?

Je hausse les épaules.

– Il faut vous reposer encore aujourd'hui. Un juge doit arriver cet après-midi. Vous serez convoquée demain.

– Demain ?

Je souffle le mot. Je n'ai même pas d'avocat. Comment je vais faire ? Je n'ai rien pour me défendre !

– Reposez-vous, d'accord ? Monsieur Van Hecke s'occupe de tout pour vous. Il passera sûrement dans la soirée. En attendant, restez tranquille.

Il me laisse. Il a mis un plateau avec du pain, une boite de conserve, une bouteille d'eau et même une canette. Ils me soignent bien, dis-donc ! Ils prennent soin de moi ! De toute façon, je n'ai pas faim. Je n'ai envie de rien. Je me recouche.

J'entends la porte s'ouvrir. J'ouvre les yeux. Maxime ? Il est quelle heure, là ?

– Comment tu vas ? me demande-t-il.

Je me frotte les yeux. Il vient à côté de moi.

– Tu n'as rien mangé ? Tu n'as même pas bu !

– J'avais pas envie.

– Allez, bois au moins un peu.

Je secoue la tête. J'ai pas envie. Il me tend la bouteille.

– Allez.

C'est un ordre. D'accord. Ok. Je bois un peu. Je grimace. Je referme la bouteille. Il vient à côté de moi. Je le serre dans mes bras. Il m'avait manqué.

– Camille... Demain tu vas passer devant un juge.

– Je sais... Mais je n'ai rien pour me défendre... Je vais finir en prison.

– Non, non. Ecoute, j'ai parlé un peu avec le juge. Tu as le droit à un avocat. Tu y as le droit maintenant et pendant tout le long du procès. Même si on est dans des conditions spéciales, les lois françaises et internationales continuent à s'appliquer. S'ils ne te donnent pas d'avocat, ils bafouent tes droits.

Je me mets à rire.

– Maxime, il doit pas rester beaucoup d'avocats et même le meilleur d'entre eux ne pourra rien faire avec mon dossier ! Je suis sûre qu'ils ont assez de preuves contre moi pour me faire inculper pour le reste de ma vie.

– Non ! On a encore une chance ! J'en suis sûr !

Je souris et je le serre encore plus fort.

– On n'est pas dans les contes de fées. Les happy ends c'est joli, ça fait plaisir à tout le monde, mais ça se passe pas comme ça dans la vie.

– Un conte de fée avec une princesse qui vend de la drogue c'est pas courant, dis-moi ?

– Un conte de fée avec un prince qui était déjà marié et qui tombe amoureux d'une princesse qui vend de la drogue c'est pas courant non plus !

On rit un peu tous les deux. Mes yeux se ferment tous seuls. Je me cale contre Maxime. J'ai la tête contre son torse, mes bras autour de lui, ses bras autour de moi. Je ferme les yeux.

Lorsque je me réveille, Maxime est parti. Je me lève. Je vais manger tout ce qu'il y a sur le plateau. Je bois la canette. Je regarde la pièce autour de moi. C'est une petite pièce, avec le lit, une table poussée contre le mur, la porte à côté, du matériel médical. Je m'avance vers la fenêtre. On n'est plus dans Paris il me semble. Mais je me trompe peut-être. Je n'en sais rien. On n'est pas très haut, premier ou deuxième étage tout au plus. Je pourrais presque passer par la fenêtre...

Je commence à me dire que ce n'est pas une si mauvaise idée. Il fait nuit, personne ne me verrait ! Je pourrais m'en aller, errer en France... Ils me retrouveraient jamais ! Je n'aurais jamais à passer devant les juges. Je n'aurai pas à justifier mes erreurs et mes conneries.

Non. Je ne peux pas faire ça à Maxime. Je ne peux pas le laisser. Je ne peux pas partir sans lui. Je l'aime trop pour lui faire ça. Et je serais perdue sans lui.

Je sors doucement de la chambre. Il n'y a pas un bruit. Il n'y a pas d'électricité. Le couloir est sombre. Pourtant j'arrive à deviner la silhouette d'un militaire tout au bout. Je ne sais pas où est l'escalier. Je vais essayer d'aller de l'autre côté du couloir. Je ferme la porte encore plus doucement que je ne l'ai ouverte. Je me faufile dans le couloir. Il n'y a pas un bruit. Personne. Des portes. Partout. Fermées. Où es-tu Maxime ? 

U4 - CamilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant