Nuit du 15 au 16 décembre

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Je n'en peux plus. Etre attachée comme ça, comme une folle ou un animal dangereux, ça me rend nerveuse. Non. Ça m'énerve. Ça me rend complètement dingue. Je ne supporte pas ça. Je ne peux pas dormir. Les menottes et la corde m'oppressent. Il faut que je les retire.

J'essaye de tirer sur la corde. Je pourrais resserrer le nœud et avoir un peu plus d'espace pour passer la corde jusqu'à mes pieds. Mais ça ne fonctionne pas. J'essaye de faire tourner la corde pour pouvoir défaire le nœud. Mais je n'y arrive pas.

Je tire. Je tire. Je tire. De plus en plus fort. La structure en métal du lit couine. Elle râle. De plus en plus. Mais je m'en fous. C'est moi qui gagnerai. Je tire encore. J'en ai mal aux bras. Aux mains. Mais je m'en fous.

– Calme-toi, dit doucement Maxime en posant sa main sur mon épaule.

Je ne l'avais pas vu rentrer. Il est debout à côté de moi. Je le regarde.

– Qu'est-ce que tu fais ? me demande-t-il.

– Ça se voit pas ?

Il soupire. Il se frotte les yeux. Il n'est pas réveillé. Pas du tout.

– Tu sais que ça ne sert à rien de t'énerver comme ça ?

– Je m'en fous ! Je veux pas rester attachée ! Je suis pas folle !

– Ecoute-moi. Je sais que ça ne te plait pas. Mais il faut que tu te calmes. Tu vas te faire mal.

– Détache-moi, s'il te plaît !

Je ne lui demande pas. Je le supplie. Je n'en peux plus. Je ne supporte pas tout ça. Aide-moi, Maxime. Je t'en supplie.

– Je ne peux pas. Je n'ai pas les clés. Et ça ne nous apporterait que des problèmes.

Je baisse les yeux. Je n'en peux plus. Je sens mon corps lâcher. Je me mets à pleurer. Je ne peux pas m'en empêcher. Maxime vient à côté de moi sur le lit. Il me prend dans ses bras.

– Allez, ne t'inquiète pas. Je suis là. Je suis là.

Je sais. Mais tu ne feras pas le poids. Tu ne pourras pas supporter tout ça... Regarde-moi. J'ai essayé ! Regarde où j'en suis ! Même tous les deux, on n'y arrivera pas... On s'effondrera avant de pouvoir y arriver. Et puis, je ne veux pas que tu plonges avec moi. J'aurai encore besoin de toi, plus tard. Tu es mon seul soutien. La seule personne qui compte encore.

Je pose ma tête contre son torse. J'écoute les battements de son cœur. Je ferme les yeux. Ça me rassure qu'il soit là.

– Merci, lui dis-je doucement.

Il me serre un peu plus. On est bien. On est tous les deux. 

U4 - CamilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant