Je n'en peux plus. Je vais craquer. J'aimerai tellement pouvoir tout arrêter, là, maintenant. Madame Rousserre, qui veut que je l'appelle Ophélie, continue à vouloir m'aider. Maxime aussi. Lui plus que tout le monde. Mais c'est trop dur. Je ne supporte plus d'être ici. Je ne supporte plus rien.
A part lui.
– Tu peux rester encore un peu ?
Allez, s'il te plait, reste encore avec moi.
– Bon, d'accord. C'est bien parce que c'est toi !
Je souris. Je suis collée à lui. Il me montre des photos qu'il gardait avec lui. Il y a sa femme, sa fille, sa mère, la plage, la campagne, sa maison, Utrecht... J'aime bien voir sa vie, d'avant. Elle était tellement bien. Il était tellement heureux...
– Et toi ? Qu'est-ce que tu faisais, avant ?
– Moi ?
Je souris.
– Je faisais des recherches. Je faisais un métier que j'aimais, tu vois. Je venais d'arriver à Utrecht. J'étais contente, parce qu'en plus des recherches, je donnais des cours dans l'Université.
– A Uithof ?
Je rigole en entendant de nouveau cet accent néerlandais.
– Oui... Je voulais te demander... Tu es français ou néerlandais ?
– Un peu des deux : mon père est Groningue et ma mère vient de Nantes. Donc à la maison on parlait français et néerlandais et parfois anglais aussi.
– C'est génial ! Et tu parles combien de langues ?
– Français, néerlandais, anglais et un peu allemand aussi.
– C'est génial...
Je remets un peu le coton sous les menottes. Ça m'évite d'avoir trop de blessures. C'est mieux pour dormir aussi. Je suis blottie contre lui, mes yeux se ferment un peu.
– Et toi, qu'est-ce que tu parles comme langues ?
Je ris.
– Moi c'est pas le même genre ! Italien du côté de mon père et quelques notions d'albanais du côté de ma mère. Et puis l'anglais pendant mes études.
– Tu parles italien ?
– Oui, mais je t'avoue que ce n'est pas une langue que j'affectionne particulièrement.
Il faut me comprendre, parler la langue du mafieux qui se trouvait sous mon toit, ça ne laisse pas de bon souvenir. Surtout que j'ai appris plus vite à dire des insultes en italiens qu'à demander mon chemin.
Il continue à parler pendant quelques minutes. Mais je ne l'écoute plus. Je m'endors. Le soleil se couche. Tout est noir. Tout est silencieux.
Je fais des cauchemars. Je meurs. A chaque fois. Parfois en prison, oubliée de tous ; parfois entourée de plein de gens qui m'accusent de tout ; parfois mise à mort devant des millions de personnes. J'angoisse.
Le psy est inquiet. Le médecin aussi. Ils sont venus me voir tous les deux. Ils sont restés longtemps. Ils m'ont posé des dizaines et des dizaines de questions. Ils m'ont donné de nouveaux médicaments. Plusieurs. Ça m'a assommé encore plus. Ils me donnaient déjà des cachets par poignées qui me faisaient dormir tout le temps, mais là... Je n'arrive même plus à penser. Mais je suis toujours angoissée. Je ne sais plus pourquoi, voilà tout. Peut-être que c'est mieux comme ça.

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U4 - Camille
FanfictionJe m'appelle Camille. Je travaillais sur les recherches pour éradiquer Ebola. Désormais, je suis accusée de "crime contre l'humanité". Mais je ne suis pas une terroriste. Je ne veux pas aller en prison. Sauf que personne ne peut m'aider. Tout le mon...