Nuit du 23 au 24 novembre

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Je ne dors pas. Je suis épuisée, mais je suis trop stressée pour dormir. On se rapproche de plus en plus de La Rochelle et j'ai de plus en plus peur d'y retourner. C'était ma ville, il y a une dizaine d'années. Il y avait ma maison. Mon école. Mon collège. Mon lycée. Mes amis.

Mes amis... Ils sont sûrement morts, eux aussi. Tout comme mes parents. Comme mon cousin. Comme monsieur Riard, professeur à l'Université de La Rochelle, qui m'a transmis son goût des sciences. Comme Anthony, qui croyait vivre dans une cité, Le Petit Marseille... Comme tous les autres.

Je regarde Maxime dormir à côté de moi. Lui, au moins, il ne s'embête pas. Il me suit. Il ne sait pas vraiment où on va, je crois. Mais il a l'air pressé d'y aller. Il dort paisiblement, au milieu de la pile de vêtement. J'enfile un pull et je sors doucement. Le ciel est splendide. Je souffle, pour faire de la fumée blanche. Je la regarde s'élever et disparaitre. Il faudrait vraiment que je dorme. J'en ai besoin.

J'entends un frémissement dans les herbes, un peu plus loin. J'ouvre les yeux. Je ne bouge pas, j'observe. Un renard montre son museau. Je devine son pelage à la lumière de la Lune. Il me regarde pendant quelques instants et il file dans la campagne.

Lui non plus, ne s'embête pas. Il chasse deux ou trois oiseaux pour manger, il va boire dans les flaques... Alors que nous, on commence sérieusement à manquer de nourriture. Pour l'eau, on a réussi à trouver des petits ruisseaux. J'ai filtré autant d'eau que je pouvais. On ne mourra pas de soif, déjà. Mais de faim...

Il faut que l'on trouve une voiture. On ne doit pas être très loin d'une ville. On pourrait aller voir, s'il y a encore de quoi manger et peut-être se dégoter une bagnole par-là...

Je retourne à côté de Maxime. Mon regard se pose sur le fusil de chasse. On ne s'en est pas encore servi. J'espère qu'on ne s'en servira jamais. 

U4 - CamilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant