U4 - Camille

Nuit du 6 au 7 décembre

J'entends du bruit. Je me réveille. Des voix.

– Elle va avoir droit à un avocat dans quelques heures ! On n'a pas le temps pour vos conneries !

– S'il vous plaît, elle pourrait avoir des informations cruciales !

Des informations cruciales ? De qui ils parlent ? De moi ? Je n'en n'ai plus, d'informations cruciales.

– Je vous l'ai dit, on n'a pas le temps. Et puis, vous n'avez pas le droit de l'interroger sans mon autorisation.

– Je veux seulement lui poser quelques questions !

– Non, ça suffit, maintenant.

Ils s'en vont. Je les entends continuer à débattre en s'éloignant. Je me rendors.

La porte s'ouvre. Je sursaute. Un mec rentre. Un homme, cheveux courts, gris, barbe de plusieurs jours. Il a un visage d'une personne stressée. Traits tirés. Je soupire.

– Vous voulez quoi ? lui demandé-je, un peu agressive.

– Est-ce que vous connaissez Stéphane Certaldo ?

– C'est qui lui ?

Pourquoi tu viens avec tes questions sur un mec que je ne connais même pas à trois heures du matin ?

– C'est ma fille. Elle a des cheveux gris, courts, elle est très fine.

– Non je la connais pas ! Laissez-moi tranquille avec vos questions à la con ! Vous avez vu l'heure ?

Fallait pas me réveiller aussi tôt sans avoir un café à me proposer. Je suis encore plus énervée que si c'était mes amis les militaires qui m'avaient posé la question. Je me recouche, mais il insiste.

– Et Yannis Cefaï ?

– Non plus !

Tu sais, si tu restes encore à me poser des questions comme celles-là, je crois que je vais finir par te frapper.

– Et... Vous vous rappelez quels étaient les microorganismes susceptibles d'être rentrés en contact avec le virus sur lequel vous travailliez, dans votre laboratoire ?

Cette fois je me redresse et je me tourne vers lui.

– Bon, écoutez, il fait encore nuit, j'ai le droit de dormir. Si vous voulez des informations, regardez dans mon dossier. Vous aurez de quoi faire une thèse sur ma vie ! Maintenant barrez-vous, laissez-moi dormir.

Je me recouche. Il n'insiste pas plus. Il ferme doucement la porte. Je peux dormir maintenant ?