30 novembre

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Je n'aurais jamais dû lui raconter tous ces mensonges. Je m'en veux. Je m'en veux horriblement. Je suis collée tout contre lui, j'ai la tête posée sur son torse. Il croit qu'il peut me faire confiance, que je lui ai dit la vérité... Je m'en veux. Je l'entends respirer doucement. Il me serre un peu plus fort. Je ne veux pas le laisser. Je ne veux pas qu'il s'en aille.

Je le regarde. C'est fou, mais je n'avais pas encore remarqué que sa barbe avait poussé. Et pourtant, elle a déjà une belle longueur. Elle est de la même couleur que ses bouclettes. Un peu rousse. Un peu brune. Je souris. Quand est-ce que je pourrais vraiment lui dire ?

Il y a du bruit dehors. Je me redresse. Maxime entrouvre les yeux. Je regarde la porte d'entrée, que l'on devine depuis le canapé. Il se redresse et veut se lever, mais je l'en empêche. J'ai un mauvais pressentiment.

– C'était quoi ce bruit ?

– Un truc pas cool, dis-je.

La porte s'ouvre avec fracas. Je me protège la tête. Une dizaine de mecs rentrent, fusil en main, combinaison NBC noire. Ils nous visent avec leurs armes. Ils nous gueulent dessus. Maxime essaie de leur parler, doucement, mais rien à faire.

– A genoux ! Les mains derrière la tête !

Ils nous ont retrouvés. C'est fini, Maxime. Fais ce qu'ils disent. Je baisse les yeux à cause de leurs lampes. Ils nous scrutent. Ils nous passent les menottes en nous gueulant encore dessus. Je regarde Maxime. Son regard trahit sa peur. Son visage est déjà la carapace qu'il revêtit pour faire son boulot. Distance, stoïcisme. Il se tourne vers moi. Il ne comprend pas.

– Je suis désolée, lui soufflai-je.

Ça fait longtemps que je suis là, que j'attends je ne sais pas quoi. Il y a deux militaires en combi NBC qui me surveillent. Je suis toujours menottée. Je suis assise, une table devant moi, une caméra et un micro posés dessus. Je ne bouge pas. Je ne pense à rien.

La porte s'ouvre d'un seul coup. Encore une combinaison NBC. Avec un dossier sous le bras. Elle s'assoit en face de moi et pose le dossier sur la table.

– Comment est-ce que je dois vous appeler ? me demande l'homme dans la combinaison.

Je lève les yeux vers lui.

– Camille Faussette, Faustine Chapes ou Filumena Caperossi ?

Je ne dis rien. S'il sait ça, il sait tout le reste.

– Bien, commençons par... Camille Faussette !

Il ouvre le dossier.

– Vous êtes suspectée d'avoir provoqué l'épidémie mondiale...

– Pandémie.

– Pardon ?

– C'est une pandémie, pas une épidémie.

– Et qu'est-ce que ça change ?

– Une épidémie, c'est la grippe. Ça tue pas 90% de la population mondiale.

– Je disais donc, vous êtes suspectée d'avoir provoqué une pandémie mondiale, d'avoir...

– C'est fou, parce que je croyais que la cour pénale internationale me considérait comme « témoin » et plus comme « suspecte ».

Il me fixe. Il cherche à rester calme.

– La cour pénale internationale ne nous a pas fourni de preuves suffisantes. Par ailleurs, c'est elle qui vous accuse de crime contre l'humanité. Son directeur a porté plainte pour divulgation d'informations confidentielles. Vous êtes également poursuivie pour vous être enfuie de La Haye.

U4 - CamilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant