1er décembre

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J'entends la porte s'ouvrir. Une combinaison NBC. Encore.

– Levez-vous. Vous allez être interrogée par monsieur Griette.

Je suis menottée et conduite jusque dans la salle d'hier. Je m'assois. Les deux militaires reviennent pour me surveiller. Le mec dans sa combi NBC revient aussi. Il tire la chaise tranquillement. Il s'assoit devant moi. Il pose ses mains sur la table. Il croise les doigts.

– Bien dormi ?

Je lève les yeux vers lui. Je ne veux pas lui répondre. Je pourrais être désagréable.

– Je voudrais que nous reprenions notre discussion d'hier... J'ai particulièrement écouté ce que vous avez dit à monsieur Van Hecke. Ça m'a beaucoup intéressé.

Il sourit. Je le sais. Je ne le vois pas. Mais au ton de sa voix, j'en suis persuadée.

– Vous avez donc avoué avoir changé d'identité. Vous ne pouvez pas être incarcérée pour ça... Quoi que vous l'ayez fait complètement illégalement ! Et puis, la détention de faux papiers, les nombreuses infractions et crimes commis sous vos deux dernières identités... Vous voulez que je commence par où ?

Je le fixe. Enfin, je fixe ses yeux de mouche.

– Vous n'attendiez que ça. Que j'avoue que j'ai plusieurs identités. Parce que vous ne pouviez pas être certain que ces trois identités étaient réellement les miennes. Donc maintenant, vous pouvez m'accuser de tout ce que j'ai pu faire dans mon passé. Et tout ça, vous le ferez remonter à la CPI, qui se fera un malin plaisir de relier tout ça avec l'épidémie.

Il ne parle pas. Il attend. Il me laisse parler.

– Je n'ai aucune chance de m'en sortir, c'est ça ? Quoi que je fasse, je finirai en prison. Je n'ai pas disséminé ce virus. J'ai été assommée. Les cultures qui contenaient le virus sur lequel je travaillais ont disparues. Le virus a été disséminé à l'extérieur alors que j'étais retenue à Uithof. Avant que vous ne demandiez : non, je n'ai payé personne pour le faire. Ça n'a jamais été dans mon attention. Je n'ai jamais fait ça. Je n'aurai jamais voulu faire ça. Jamais.

Il ne bouge pas. On se regarde, tous les deux. Face à face, immobiles. Je vais la percer, cette foutue combinaison.

– Vous êtes proche de vos élèves, non ? finit-il par dire.

– Pourquoi ça vous intéresse tout d'un coup ?

– Est-ce que vous êtes proche de vos élèves ?

Je soupire. Ok, il pose les questions, je réponds. On ne discute pas. Ok, ok.

– Oui je suis proche de mes élèves.

– Leur avez-vous donné des objets ?

– Des objets ?

– Des clés, des boites...

Je viens de comprendre. Je n'aime pas ce qu'il insinue.

– Rien. Je ne leur ai jamais rien donné à part des cours.

– Vous êtes sûre ?

– Autant que vous le sachiez tout de suite : les élèves n'ont pas accès aux salles de recherche, je ne leur ai jamais donné le moyen d'y accéder et ils n'ont jamais été en contact avec mes cultures !

Il commence sérieusement à m'énerver.

– Vous avez pris des drogues, récemment ?

– Quoi ? Vous allez m'accusez de trafic de drogue maintenant ? Laissez mes élèves en dehors de ça ! Je ne leur ai jamais vendu de drogue ! J'y ai pas touché depuis plus de dix ans !

U4 - CamilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant