13 décembre

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Le médecin vient me voir souvent. Mon état ne l'inquiète pas plus que ça, il dit même que c'est encourageant, mais il ne veut pas que j'ai encore un accident. Il dit que j'ai déjà eu de la chance de ne pas avoir de séquelles, alors il ne faut pas tenter le diable. Je pense surtout que ça permet aux militaires de garder un œil sur moi tout en continuant leurs petites affaires de leur côté.

Maxime a l'impression que les militaires sont de plus en plus sur les dents. Il a entendu parler d'un rendez-vous, le 24 décembre. Les jeunes se réunissent en bandes et squattent partout dans Paris. Les militaires sont intervenus dans le quartier des Olympiades et ils comptent intervenir un peu partout dans Paris cette semaine. Maxime m'a aussi expliqué qu'ils avaient mis en place des refuges, pour éviter aux ados de trainer partout comme ça. Mais encore beaucoup sont dehors et sèment le chaos. Enfin, d'après les militaires...

J'essaye de me lever. Je n'en peux plus de rester là. Je me redresse. Je m'assois. Je me tiens à la tête du lit et je me mets debout. Je m'appuie ensuite sur le mur pour avancer. Je vais jusqu'à la fenêtre. J'essaye de l'ouvrir. Ma tête se met tout d'un coup à tourner. Je me tiens. Je ne tomberai pas. Pas aujourd'hui. Je ne le veux pas. Je m'accroche.

J'ouvre la fenêtre. Le vent frais rentre dans la chambre. Ça me fait du bien. Je respire doucement. Je ferme les yeux.

Mes jambes flageolent. Je m'appuie sur le mur et je retourne dans mon lit. Enfin, j'essaye. Il est à un ou deux mètres. Pas plus. Mais c'est déjà loin. Trop loin. Je crois que je ne vais pas y arriver. Allez, Camille. Un ou deux pas. Tu peux le faire.

Je m'écroule. Je suis sur le lit. Ma tête tourne encore et encore. Je fixe le plafond.

La porte s'ouvre. Maxime. Accompagné d'une autre personne.

– Camille ? Est-ce que ça va ?

– Ouais, ouais.

Il s'approche.

– C'est toi qui as ouvert la fenêtre ?

Je ne réponds pas. Qui d'autre ? Pas mon ami imaginaire en tout cas.

– Camille ! Le médecin t'a recommandé de ne pas bouger ! Il faut que tu l'écoute.

– Je sais.

Je soupire. Je sais, il faut que j'écoute les gens de temps en temps. Surtout les médecins. Il m'aide à m'asseoir, la tête calée entre les oreillers. Je regarde la personne dans ma chambre. Je ne la connais pas. C'est une femme je crois. Elle a les cheveux tirés en chignon, de grosses lunettes, un dossier sous le bras. Elle attend que Maxime lui donne son feu vert. Il sourit.

– Je te présente madame Rousserre. Elle est avocate.

– Bonjour, mademoiselle Faussette.

« Mademoiselle » ? Ça me fait sourire.

– Monsieur Van Hecke m'a dit que vous n'aimiez pas le « madame Faussette ».

– Un point pour vous.

Elle s'approche. Elle pose le dossier sur une petite table à côté du lit.

– J'ai commencé à travailler sur votre dossier...

Je soupire. La pauvre.

– J'ai besoin de connaître quelques éléments en plus.

Je la regarde. Je ne lui fais pas confiance. Je ne sais pas pourquoi, mais elle sort de nulle part, essaie d'en savoir plus, alors que je ne lui demande rien. Maxime me prend le bras.

U4 - CamilleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant