Chapitre 4 : Ennemis

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Quand Ayasha reprit conscience, la benjamine ne parvint même pas à se redresser tant son corps encore trop affaibli la faisait souffrir. Les yeux alors rivés au plafond étincelant de blanc, l'amérindienne essaya de se sortir de son état d'endormissement.

Il était indéniable qu'elle avait manqué des événements puisqu'elle se réveillait dans un lit propre, entourée de machines produisant des "bip" sonores, accompagnée par la lumière de l'après midi qui traversait la fenêtre décorée de jardinières. Son premier réflexe fut de s'assurer que tout son corps fonctionnait encore. Elle remua donc ses orteils endolori, puis ses doigts quand tout à coup... Ayasha se rendit compte qu'elle ne sentait plus un de ses bras. Ouvrant des yeux ronds de panique, la benjamine tourna sa tête dans son oreiller moelleux pour observer ce qui clochait avec son membre. Le problème lui sauta alors aux yeux... Son bras était absent jusqu'à son coude. Entouré de divers bandages et perforés d'une perfusion de glucose, ce moignon suscita un haut le coeur chez Ayasha.

L'envie de vomir lui redonna la force de se redresser en position assise. En se fichant, du fil qui retenait son bras mutilé, l'amérindienne tira son moignon vers elle. Sans oser y toucher d'abord, elle l'observa sous tous les angles quand que ses yeux se brouillèrent de larmes. La sensation nouvelle de ne plus être capable de bouger une de ses mains la fit sangloter sous le choc.

Tout en pleurant, Ayasha revit par flash, les derniers événements dont elle se souvenait. Elle vit son réveil dans la cage électrique, la torture de sa soeur, le trajet dans la camionnette, la belle femme blonde... Sa dernière image était celle d'un Shimada tirant vers elle. Ayasha en déduisit que ce coup avait sûrement blessé son bras pour qu'elle se retrouve sans aujourd'hui.

Mais maintenant que tout lui était revenu en mémoire, la benjamine se posa un milliards de questions. Où était sa famille ? Son père ? Sa soeur ? Son oncle ? Sa tante ? Son cousin ? Que lui était il arrivé pour qu'elle se retrouve dans cette chambre d'hôpital ? Comment tout cela s'était finit ? Était elle la dernière de sa famille à être en vie ?

Ayasha repensa à sa mère déjà perdue et en pleura de plus belle. L'amérindienne se laissa tomber dans son oreiller pour déverser un torrent de larmes. Elle hoqueta bruyamment, eut des nausées en gardant son moignon à l'œil, sentit son coeur s'écraser de tristesse ainsi que d'inquiétude. La sobriété de la chambre dans laquelle elle était allongée la rendait morose. Elle trouvait ce blanc fade, froid. Malgré la couleur qu'apportaient les fleurs à la pièce, Ayasha n'y vit que des teintes sombres, comme si un filtre négatif s'était posé sur ses pupilles.

Cela ne dura que quelques minutes avant que l'on ne toque soudainement à la porte de la chambre. Ayasha sursauta, surprise de se faire interrompre dans son moment de tristesse. Sans savoir si elle devait autoriser ou non l'intrus à entrer, elle se tut pour toute réponse. Mais on revint frapper à la porte.
- Nous avons vu que vous étiez réveillée. Commença une voix douce masquée par le mur. M'autorisez vous à entrer ? Je ne vous veux aucun mal.

Croyant reconnaître la voix de l'ange qui lui avait tendu la main après être tombée hors de la camionnette, Ayasha répondit d'une voix enrouée.

- Oui... Dit-elle en toussant.

Aussitôt, la poignée s'abaissa et une belle femme blonde entra dans la pièce. En blouse blanche, coiffée d'un long carré lisse et d'une coiffe de médecin, Angela s'avança dans la chambre pour se diriger vers le lit de la blessée. Cette dernière voulut se redresser mais la médecin l'arrêta d'un geste de la main.

- Ménagez-vous. Conseilla Ziegler en posant sa paume sur l'épaule d'Ayasha pour l'inciter à rester allongée.

L'amérindienne s'exécuta sans broncher. Sans savoir pourquoi, elle vouait à cette parfaite inconnue, une confiance totale. Sans doute était ce parce que cette femme dégageait une douceur hors du commun qui avait le don de rassurer les personnes à proximité. Toujours est-il qu'Ayasha contempla la beauté des traits d'Angela comme pour profiter de cette vue. La médecin attrapa une chaise à proximité du lit afin de s'y assoir gracieusement en croisant ses fines jambes. Elle se pencha alors vers l'amérindienne.

Esprit  ᴼᵛᵉʳʷᵃᵗᶜʰ ᶠᵃⁿᶠⁱᶜᵗⁱᵒⁿOù les histoires vivent. Découvrez maintenant