Esprit ᴼᵛᵉʳʷᵃᵗᶜʰ ᶠᵃⁿᶠⁱᶜᵗⁱᵒⁿ

Chapitre 44 : C'est trop tard

Le cri puissant de Nahele résonna dans toute la place en faisant écho contre les parois des immeubles environnants. L'amérindienne se tenait droite, fière, pas une seule once de doute ne venant ternir ses traits. Les bras le long de son corps désormais armés de divers ustensiles, elle ne bougeait plus d'un poil et attendait, les sourcils froncés sur ses yeux amandes, une réaction de celui qu'elle venait d'appeler.

Autour de cet espace détruit, la ville s'agitait de panique. Paradoxalement, rien dans l'attitude de Nahele ne montrait de l'agitation. Elle était calme, déterminée, savait pertinemment ce qu'elle devait faire pour se satisfaire. Son but était droit devant elle, proche de l'horizon dont désormais et à cause de Sombra, elle commençait à voir le bout. Mais qu'importe le temps qu'il lui restait, la seule chose qui importait était de protéger tous ceux qui lui avaient tant donné.

Il n'était même plus question de vengeance, simplement de compassion, d'amitié et même d'amour. Si elle s'apprêtait à sortir les armes, cette fois-ci elle était sûre de ne pas le regretter et de le faire uniquement pour défendre son idéal. Finalement elle l'avait trouvé. Ce n'était pas de venger sa famille, ou bien de devenir avocate, ou encore de fonder une vie banale et monotone avec un homme. C'était simplement d'affronter ceux qui s'en prenaient à des êtres à qui elle s'était attachée et d'empêcher que des enfants ne suivent la voie de la haine à cause d'eux.

Quand avait elle réussi à déterminer ce chemin ? Cette voie à suivre ? Au fond, elle ne pouvait le savoir et c'était parce que cela s'était construit rapidement depuis sa rencontre avec Hanzo, sans que cela ne crie gare. Et dire qu'elle avait essayé de le tuer, alors qu'il avait été le début de son bonheur. Oui, de son bonheur car il n'y avait pas meilleure sentiment aux yeux de Nahele que de retrouver une route solide sur laquelle elle était fière et certaine de vouloir s'engager.

Depuis tant d'années, elle avait été traînée dans la naïveté qu'était l'insouciance, puis dans la misère causée par la guerre, pour finir dévorée de l'intérieure par l'aigreur et la haine. Elle qui avait perdu sa famille, il lui avait fallut 10 ans pour comprendre que le message que lui avait transmis ce drame n'était pas de se venger, mais de se battre de toutes ses forces pour que plus jamais cela ne se reproduise. Pendant 10 ans, elle avait marché dans la mauvaise direction en abandonnant sa soeur, délaissant son humanité pour se laisser consumer par la vengeance. Mais désormais, elle était persuadée qu'elle avait eut tord de faire cela. La vengeance ne lui avait apporté aucun apaisement, seulement un vide intérieur.

Alors en cet instant si dur, si terrible où elle aurait dû avoir peur de la mort qui l'attendait, de la rudesse du combat qu'elle s'apprêtait à mener, elle ne s'était jamais sentie aussi vivante. Elle était accompagnée de 4 âmes qui lui transmettaient toute leur force et leur détermination, elle savait ce qu'elle voulait, et la volonté qui lui donnait une force incroyable la contractait délicieusement.

Nahele soupira de plaisir. Les 4 esprits qui l'habitaient lui chuchotaient qu'ils lui faisaient confiance. Elle s'en sentie gonflée d'honneur. L'amérindienne serra ses poings, et attendit patiemment que Doomfist et Reinhardt entendent son appel.

Les deux combattants, bien qu'absorbés dans leur affrontement, furent attirés irrésistiblement par le cri de Nahele qui avait été plein de rage et de confiance. L'allemand à qui on venait de briser une nouvelle partie de son armure, s'écarta de Doomfist en faisant quelques pas en arrière. Reinhardt était clairement en train de perdre malgré qu'Akande soit blessé. Tout simplement parce que ce géant noir était tellement doué dans son art de se battre qu'il avait réussi à palier le manque de sa jambe par des mouvements moins mobiles mais presque tout autant dévastateurs.

Doomfist s'arrêta aussi de s'acharner sur l'allemand et se tourna vers Nahele. Il fut alors subjugué par l'attitude tellement fière de l'amérindienne et il ne supporta pas ce regard vidé de toute peur. On devait trembler devant sa force et non le provoquer ainsi. Surtout quand on était une petite femme sans aptitude physique hors norme visible. Akande y vit là un nouveau défis à relever pour devenir plus fort : celui de remettre à sa place les insolents qui se croyaient à sa hauteur. Le géant noir préféra alors se focaliser sur cette nouvelle adversaire et en oublier l'allemand qu'il avait déjà presque vaincu.