L’annonce de Romain me fit l’effet d’une douche froide. « Ami est en détention à la police !!! A cause de toi ! ».Tel est l’écho qui résonnait dans mes oreilles. Je n’arrivais pas à digérer l’information. Comment est-ce seulement possible ? Pas plus tard qu’hier, j’ai eu au téléphone une Ami désemparée par sa relation amoureuse qui tournait mal, et là Romain qui m’annonce qu’elle est en détention à la police. Je lui répondit d’une voix chevrotante :- Moi : Romain qu’est-ce que tu racontes ? Si c’est une blague, elle est de très mauvais gout.
- Romain : Tu te fou de moi Kira ? Ecoute, je n’ai pas que ça à faire. Je t’ai prévenue en tout cas, donc débrouille toi pour faire sortir ma petite amie de prison, sinon tu auras affaire à moi.
- Moi : Ooooh je suis à des milliers de kilomètres moi ! Je fais comment pour la faire sortir ? Je n’ai pas étudié à l’école de Poudlard, je ne sais pas transplaner . Si tu te calmais déjà afin qu’on puisse parler posément et trouver des solutions, ce serait…
Clic. Le connard m’avait raccroché au nez. Je comprenais parfaitement qu’il soit outré, mais quand j’ai demandé à Ami de donner une raclée à Monica la Garce, c’était sur le coup de la colère, après avoir reçu la photo d’Ismaël et elle allongés sur le lit. Je n’avais pas vraiment réfléchi aux conséquences que cet acte aurait. Comment aurais-je pu deviner qu’Ami réaliserait cette tâche allégrement ? La preuve, je l’ai eue hier et on n’a pas abordé une seule fois l’histoire avec Monica/ Ismaël. J’étais tellement perdue que j'en oubliais même la présence de Gael.
- Gael : Ma chérie. Y’a-t-il un problème ?
- Moi : Non, non aucun problème. Tout va bien.
- Gael : Kira, tu peux tout me dire tu sais. Explique-moi ton problème que je puisse t’aider STP.
J’hésitais longuement à me confier à lui : d’une part car il s’agissait d’une partie intime de ma vie, et d’autre part, par peur d’être jugée, et je n’étais pas fière de moi. Je me sentais coupable et je luttais contre mes larmes. Mais l’heure était grave et je ne devais pas faire la fine bouche, tout simplement parce que mes options restaient très limitées. Je ne pouvais guère en parler à mon père car il me tuerait tout simplement et je ne souhaitais en aucun cas figurer dans un journal local avec comme gros titre « Un père entre dans une rage folle et massacre sa fille ».Quant à ma mère, elle me comprendrait surement et m’apporterait un soutien inconditionnel, mais je doute fort de ses possibilités de pouvoir m’apporter une quelconque aide. Gael était mon seul espoir présent. A contrecœur, je lui résumais l’histoire et lui expliquais la situation actuelle d’ Ami. Et pour la première fois de ma vie, je me rendis compte que j’avais en face de moi non pas un jeune homme, mais un vrai adulte mûr et confiant, et qui avait la situation en main.
- Gael : Ne t’affole pas Kira. Je connais un avocat de grande renommée qui habite Paris. Je vais l’appeler de ce pas pour lui demander de faire le déplacement à Toulouse afin de gérer le cas de ton amie. Ne t’inquiètes surtout pas, sauf en cas de grave crime, ils n’ont pas le droit de garder en détention une personne plus de 24H. Ils vont la relâcher dès demain au plus tard. Mais d’abord, donne-moi le numéro de ce Romain que je l’appelle de suite pour l’exhorter au calme et lui dire que je prendrai les dispositions nécessaires.
Joignant l’acte à la parole, il composa le numéro de Romain. Je n’arrivais pas à entendre ce que ce dernier disait au bout du fil, mais il me semblait plus calme que tout à l’heure. J’admirais la dextérité et le sang froid avec lesquels Gael s’employait à résoudre le problème. J’en restais bouche-bée. Il appela son fameux avocat et apparemment, si j’en croyais mon ouïe, il s’agissait d’un fameux Mr Lecomte qui avait l’air très compétent. Quand il lui raconta l’histoire, il le rassura en qualifiant la situation de moins grave et en lui promettant de tout mettre en œuvre pour la faire sortir. A la fin de l’appel, il était question que Gael lui envoie un chèque relatif aux frais. Putain ! J’étais paralysée de honte….et de reconnaissance. Je venais à peine de connaitre ce mec, et pourtant il se dévouait corps et âme pour m’aider. Ce qui est sûr, c’est qu’il remontait carrément dans mon estime.
Bref, il va sans dire que l’arrestation d’Ami a jeté un froid dans notre diner, et a plané sur toute la soirée. Je n’arrivais plus à avaler quoi que ce soit, même si je me sentais assez tranquillisée depuis qu’il avait appelé son avocat.
Il me raccompagna jusque chez moi et n’arrêta pas de me réconforter en m’assurant que les choses se décanteront d’ici demain. Au moment d’entrer chez moi, animée par je ne sais quelle force invisible ou par quelconque folie, je lui fis un gros câlin qui en disait long sur toute ma gratitude.Le lendemain, à mon réveil, j’étais comme une lionne en cage, en proie à mes tourments, ne pouvant me confier ni à ma mère, ni à qui que ce soit. J’étais tenaillée par la peur de voir Ami se faire condamner, ou pire, se faire rapatrier. Je ne me le pardonnerai jamais. D’ailleurs, je n’osais même pas y penser. C’est enfin aux alentours de 15h que je fus délivrée, et c’était Ami même à l’appareil :
-Ami : Merci ! Merci beaucoup ma Kira. Ton avocat m’a fait sortir grâce à Dieu. Hé c’est un grand Monsieur déh ! Jai juste une interdiction formelle d’approcher Monica. Cette p*** là a vraiment foutu le bordel
- Moi : Tu es folle toi ! C’est moi qui devrais te remercier ouais ! Tu t’es embarquée dans ce pétrin par ma faute. Wallah tu es une vraie amie. Une vraie de vraie.
- Ami : Non, c’est moi qui te remercie ! J’ai allié l’utile à l’agréable même. Cela faisait longtemps que je n’avais pas pratiqué mon Karaté, c’était un pur plaisir de bastonner cette voleuse de mec. Je me suis éclatée. Puis, toute cette histoire m’a aidée à recoller les morceaux avec Romain. Quand il l’a appris, il a cru devenir fou. Tchieeé, il croyait qu’il allait pouvoir se débarrasser de moi aussi facilement. Lui-même il sait qu’il ne peut pas me résister, même derrière les barreaux
- Moi : mdr Ami tu es une vraie folle, tu sais ça ? En tout cas merci beaucoup ma belle. Merci infiniment. Tu me prouves encore une fois que notre relation est une vraie l’amitié. Tu es une vraie sœur, sinon tu n’aurais pas fait ça. Mais de grâce, stp, ne t’approche plus de Monica. Tu l’as bastonnée. Fin de l’histoire. D’ailleurs j’ai commencé à tourner la page et je commence sérieusement à me sortir Ismaël de la tête.
- Ami : Humm c’est l’ami de ton avocat blanc là hein ? Ah en tout cas, il a l’air d’un grand avocat déh. Très professionnel. Où est ce que tu l’as dégoté même ?
- Moi : Longue histoire ma chère. Je te raconterais tout dans les détails ne t’inquiètes pas. Allez, je ne veux pas exploser ton forfait. Portes toi bien, on se parle demain. Bisous.
Je poussai un énorme ouf de soulagement. Il y’a finalement eu plus de peur que de mal. J’appelai sans tarder Gael pour le remercier et en profitai pour l’inviter à manger chez moi ce Week-end. Je lui devais bien cela. Bref, toute cette histoire m’avait fait oublier Khaled, mais vous me connaissez non ?! Avec ma poisse habituelle, la réalité n’allait pas tarder à me rattraper. Dans la soirée, Khaled et moi étions en train de nous envoyer des textos jusqu’au moment où on évoqua le sujet de nos âges respectifs.
- Khaled : Je sais que ce n’est pas très poli de demander l’âge à des demoiselles, mais je suis curieux de connaitre le tien.
Mon âge n’était pas un tabou, je m’en moquais plutôt qu’on me le demande ou pas. Et donc naturellement je lui répondis que j’en avais 23 et bientôt 24, dans deux semaines précisément. Sa réponse fut brève :
- Khaled : Ah d’accord….
Je n’avais toujours pas encore tilté. Je lui demandai :
- Moi : Et toi ? T’as quel âge ?
- Khaled : Euh j’en ai 22, j’aurais 23 ans dans un mois exactement.
Quoi ?????? Ainsi donc mon coup de cœur était moins âgé que moi ? Sans mentir, cela me contrariait fortement. Je ne me voyais vraiment pas du tout sortir avec un mec plus jeune que moi. Quelle injustice ! C’est à ce moment que je sus réellement que je commençais à tomber amoureuse de Khaled car je ne pouvais m’expliquer cette soudaine tristesse. C’était comme si la terre se fendait en deux. Il s’agissait tout simplement d’une désillusion, laissant sur son passage un cruel dilemme : allais-je me tourner vers Gael l’homme mature, et ayant à son actif une belle carrière professionnelle ? Ou vais-je plutôt céder à l’appel excitant de mon cœur, et défier ma raison en me lançant dans une relation avec Khaled le jeune qui avait déjà su apprivoiser mon cœur ? Le destin était implacable. Un autre sms de Khaled me fit reprendre mes esprits. Il disait explicitement : « Tu sais ma belle, l’amour n’a pas d’âge….. ».
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