PARTIE 27

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Moment raconté par Khaled :

Allongé sur mon lit, les yeux fermés, je savourais cette obscurité ainsi que cette sensation de vide dans ma tête. J'avais veillé à tirer les rideaux de ma fenêtre et à éteindre toutes les lumières dans ma chambre, sans oublier de fermer la porte à double tours par crainte d'être dérangé. Cependant, j'avais beau m'enfermer dans cette carapace que j'avais construite, mais elle n'en atténuait pas pour autant ma douleur tant physique que morale. Comment en deux jours, mon monde en était venu à s'écrouler pour de bon tel un château de sable ?

La réponse à la question que je m'adressais ne tarda point à venir : mon portable vibra furieusement dans ma poche. Je fus tenté de l'ignorer, mais je finis par céder : encore un message d'elle! Eh bah , là voilà la réponse  à ma redondante question : Kira était la cause de mon mal-être persistant. Et moi, comme un con, j'étais là à me torturer comme une femmelette, comme une tarlouse pendant que (j'en suis sûr !) Mademoiselle était certainement dans les bras de son « Gael » chéri, et m'envoyant des messages pour me faire croire qu'elle était à l'agonie. Si elle savait comment j'ai eu mal quand elle a prononcé deux fois de suite « Gael » de sa voix minaudante. Pfff ! Je ne voudrais pas paraitre condescendant mais j'étais conscient du fait que j'étais beau : j'avais hérité cela de ma chère Maman. Bref, tout ça pour dire que j'étais très bien placé pour tromper Kira , mais ça ne m'avait jamais effleuré l'esprit. Et pourtant Dieu seul sait que je suis la coqueluche de mon Ecole Supérieure d'Administrations des Entreprises. Les jeunettes avaient la  manie de courir derrière moi, ne se contentant pas seulement de me faire les yeux doux : elles y allaient franco, me draguant ouvertement et me faisant des propositions sexuelles très alléchantes. En gros, vous l'aurez compris, j'avais un club de groupies à mon effigie. Toutefois, tout cela ne m'intéressait pas, et tout ce qui m'importait, c'était de décrocher mon diplôme de master, intégrer une entreprise de renommée et rendre fière la première femme de ma vie : ma mère. Et parce que je vouais un respect sans limites à ma mère et à ma sœur, je ne voulais donc pas faire à ces jeunes filles inconscientes, quelque chose  que je n'aimerai pas que l'on fasse à Naima, ou à Maman.

D'ailleurs, pour être franc, je n'avais jamais auparavant rencontré une fille qui m'avait vraiment donné l'envie de me lancer dans une relation sérieuse. Même pas cette fille-membre de mon club Jeunes Leaders Africains, une certaine Diaba, d'origine marocaine, à en croire ses traits incroyablement fins. J'étais pertinemment conscient du fait que je lui plaisais : mon charme naturel avait opéré lol. Plus sérieusement, Diaba était super belle, et par-dessus tout, extrêmement intelligente. Ce que j'adorais chez elle, c'était son côté « grande gueule » : elle avait toujours une critique à formuler durant les réunions. J'aimais son tempérament de tigresse. Mais, je n'avais jamais tenté de faire le premier pas, tout simplement car il n'y avait pas ce déclic, ce « feeling », qui immédiatement vous rendait ivre de passion, de spontanéité et vous décidait à vous envoler vers les lieux inconnus de l'amour.

Ce déclic, ce feeling, je l'ai ressenti dès la première fois que j'ai entendu la voix de Kira au téléphone : ce petit timbre frenchie dans sa voix, son débit de parole lent... Elle m'a tout de suite intriguée. Pour dire vrai, j'ai passé des jours et des jours à parcourir inlassablement ses différents albums sur Facebook. J'avais eu l'impression de la connaitre depuis des lustres. J'étais limite obsédée par cette fille et ce sentiment inexplicable qui s'emparait de moi avant même de l'avoir rencontrée, me faisait horriblement peur.

Quelle ne fut ma joie quand sa propre mère m'appela pour me demander de l'accompagner à l'aéroport la chercher. J'étais anxieux comme tout, mais en même temps, curieux de savoir qui se cachait derrière cette mosaïque de photos. J'étais sûr qu'à la minute près où je la rencontrerai, elle allait affreusement m'ennuyer, comme toutes les filles qui croisaient mon chemin.

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