PARTIE 31

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Moment raconté par Ami :

Je bondis de ma chaise, telle une furie à la mauvaise surprise. Non ! Je n'en voulais pas à Sophie, le principal fautif était nul autre que Romain qui permettait à sa satanique mère de me parler sur ce ton. Quelqu'un SVP pour rappeler à cette blanche que l'esclavage avait été definitivement aboli et que le vénéré Bob Marley nous avait assez mis en garde contre l'esclavage mental pour que je sois assez idiote pour tomber dans le piège. Sans m'en rendre compte, je m'étais levée du canapé en posant une main protectrice sur mon ventre, plat jusque-là :

- Moi : Non mais, comment osez-vous ? De quel droit vous permettez-vous de m'obliger à avorter ? Je ne compte pas tuer ce petit-être dans mon ventre.

Sophie, sans doute déroutée par ma violente réaction, s'adoucit :

- Sophie : Aminata, calmez-vous. Je ne vous oblige en rien. C'est juste qu'à mon avis, la meilleure solution, c'est d'avorter. Je ne pense pas que mon fils et vous soyez prêts à être parents. C'est une grosse responsabilité, vous savez ? Ce n'est pas du tout à prendre à la légère.

-Romain : Oui, Ami. Je ne t'oblige en rien, et encore moins Maman. Mais j'ai beaucoup réfléchi, depuis que tu m'as annoncé la nouvelle. Et je pense que c'est la chose à faire, même si ça me peine...

Il s'approcha de moi et me prit la main.

- Romain : Nous avons assez de soucis comme ça avec tes parents qui déjà, ne me portent pas dans leur cœur. Ils sont contre le mariage mixte, tu le sais mieux que moi. Ton père parle de conversion à l'Islam, ça, ça passe encore...Mais il a fallu qu'il veuille que je me circoncise en plus de cela. Désolé, Ami, mais ton père est un extrémiste : il réagirait comment s'il apprenait que tu es enceinte ? Ils nous tueraient, et le bébé en premier. N'aggrave pas notre cas STP mon amour. Avorte, nous aurons encore plein d'occasions de faire de jolis métis.

Ma vision était devenue floue, je n'arrivais plus à y voir clair, les larmes troublaient ma vue. Pour la première fois depuis 5 ans, je versais des larmes amères. Je n'avais même pas pleuré quand Mr Laborde m'avait annoncé que j'étais tombée enceinte. Il faut avouer qu'on me surnommait la tigresse depuis le bas âge, car j'étais connue pour être bagarreuse et téméraire, mais surtout je ne pleurais jamais, chose qui avait toujours étonné ma chère mère qui me disait souvent que j'avais un cœur de pierre. Bref, toutefois, ce lâche de Romain avait réussi à me faire chialer : c'était juste atroce comme sentiment de se sentir délaissée par l'être aimé.

Je savais qu'il serait très difficile pour moi de garder cet enfant et que ce choix s'accompagnerait de multiples difficultés comme le courroux de mes parents (mais surtout de mon père), le regard intolérant des gens, la fin de mes études pour ma survie et celle de mon bébé.... Et j'en passe. Mais je n'avais pas du tout anticipé la réaction de Romain. En gros, non seulement j'avais conçu un enfant hors-mariage, mais je connaitrais aussi le malheur d'être mère célibataire. Dure vie de solitaire qui se dessinait à l'horizon. Cependant, je resterai ferme dans ma position : je n'abrégerai la vie de mon bébé pour rien au monde. J'avais commis pour commencer le péché de la fornication, je n'allais pas non plus m'encombrer avec celui d'assassinat.

Je retirais la main de Romain et lui répondit :

- Moi : Epargne ta salive, Romain. Personne ne touchera à mon bébé. Je suis prête à l'élever seule s'il le faut, quitte à me faire déshériter par mon père. Si jamais tu changes d'avis et décides pour une fois de prendre tes couilles à deux mains et agir comme un vrai homme en jouant ton rôle de père, tu sauras où me trouver.

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