Avant que Michael puisse enchainer avec d'autres remarques caustiques sur mon compte, je m'avançais vers lui, enragée et terriblement blessée par ses propos. De quel droit se permettait-il d'émettre des avis sur ma personne, sans me connaitre, et sans rien savoir de ma vie et de ce que j'avais enduré jusqu'ici ? Il ne pouvait imaginer une seule seconde toute la souffrance que je ressentais en moi, et que j'essayais de canaliser pour ne pas en affecter mon entourage. Sans réfléchir, en éternelle impulsive que je suis, je lui ai tiré sauvagement les cheveux en beuglant :- Moi : Connard !!! De quel droit tu te permets de venir chez moi et de me critiquer ouvertement, hein ? Espèce d'imbécile ! Je vais t'arracher tes cheveux, on verra bien si tu continueras à faire ton malin quand tu seras chauve.
Horrifiée par mon geste inattendu, Ami s'était aussi mise à crier :
- Ami : Ayiiiii ! Kira, t'es devenue folle ou quoi ? Lâche-le ! Arrête !
Michael essayait en vain d'enlever mes mains de ses cheveux. Moi, je continuais à toujours tirer dessus comme possédée par le diable. Voyant que je n'allais pas céder, Michael n'eut d'autre choix que de me renverser sur le tapis. En une fraction de seconde, sans que je ne puisse comprendre le comment du pourquoi, je m'étais retrouvée étalée à même le sol, Michael allongé sur moi. J'étais essoufflée mais je tenais bon, ne lâchant toujours pas ses cheveux. Cependant, j'étais légèrement gênée par cette proximité ainsi que par la posture où nous nous trouvions. Son nez effleurait le mien, et je pouvais sentir son souffle sur mon visage.
- Michael : Lâche mes cheveux, glaçon ambulant! Tu es juste jalouse parce que j'ai plus de cheveux que toi, mais ce n'est pas une raison pour me les arracher. Allez, lâche-moi maintenant, tu me fais vraiment perdre mon temps.
- Moi : Excuse-toi d'abord. Tu m'as grave offensée. Tes paroles étaient profondément blessantes et très injustes.
Il soupira, surement commençant à lentement perdre patience. Mais je n'allais pas céder aussi rapidement. C'était beaucoup trop facile de venir chez les gens (sans y être invité, au passage), les injurier, et puis s'en sortir sans la moindre égratignure. Ce qui est sûr, c'est qu'il n'allait pas de suite oublier cette journée : je lui avais tellement tiré les cheveux que son cuir chevelu commençait à en devenir rougeâtre. J'étais plutôt fière de moi lol
- Michael : Bon okay, on va faire simple. Tu as cinq secondes pour lâcher mes cheveux, sinon je t'embrasse comme tu ne l'as jamais été. Et je te préviens, je suis très loin d'être doux.
Non mais, qu'est-ce qu'il est culotté ce mec ! Et il avait l'air très sérieux en plus. Rapidement, je pesais le pour et le contre : d'une part, il était hors de question que je me laisse embrasser par un inconnu pour des raisons aussi puériles, mais d'autre part, une partie espiègle de ma conscience voulait à tout prix tenter l'expérience. Je plongeais mon regard dans ses yeux marron noisette : il y'avait toujours cette lueur moqueuse. Raaaaaah Je déteste ce mec ! C'est fou comme il m'énerve. La partie raisonnable de ma conscience me souffla : « Kira , lâche ses cheveux, tu te comportes comme une sauvageonne là. S'il t'embrasse, t'es foutue pour de bon ».
Je desserrais enfin mon étreinte sur ses cheveux. Monsieur prit tout son temps pour se relever, profitant une dernière fois de notre position. Il tenait tout de même à me narguer jusqu'à la dernière minute de la bataille finale :
- Michael : J'ai gagné, glaçon ambulant. T'as perdu. Loser, va !
C'est le moment qu'Ami choisit pour intervenir enfin.
- Ami : Oh ça suffit vous deux ! Vous agissez comme des gosses. Pfffff . Le seul gosse qu'il y'a dans cette pièce, se trouve dans mon ventre, alors SVP agissez en adultes. Toi Michael excuse-toi, t'y es allé un peu fort quand même.
Toujours énervée et bouillonnant de rage, je pris en vitesse mon sac, et sortis de l'appart. Ça, c'était le comble ! Pour être en paix, il fallait que ça soit MOI qui quitte mon propre appart. Pfff. Mais l'air frais m'a fait beaucoup de bien et m'a permis d'évacuer ma colère. Je me suis commandée un bon chocolat chaud dans mon bistro préféré, et j'ai fait un tour au centre-commercial.
Je suis rentrée vers 20H, certaine de trouver Michael parti. Ami était en train de nous faire à manger et un excellent parfum de poulet au four me chatouillait les narines. Ouf cet ignoble Michael n'était plus là. Ami se retourna dès qu'elle m'entendit insérer la clé dans la serrure et m'attribua un regard sévère en guise de bienvenue. On aurait dit ma mère dans ces moments-là, quand elle s'apprêtait à me réprimander.
- Ami : Non mais Kira, est ce que ça va dans ta tête ? Qu'est ce qui t'a pris ?
- Moi : Il m'a cherchée, il m'a trouvée. Il n'a eu que ce qu'il méritait.
- Ami : D'accord. Il l'a cherché certes, mais t'aurais pu le remettre à sa place, sans lui tirer les cheveux. Le pauvre, il avait le cuir chevelu tellement irrité que j'ai eu du mal à lui faire ses tresses.
- Moi : Tant mieux. Ça lui apprendra à être poli la prochaine fois. Et d'ailleurs, s'il veut se retresser, tu n'as qu'à aller chez lui. Je ne veux plus le voir chez moi.
Ami parut peinée par mes mots. Consciente d'avoir gaffé sur cette dernière phrase, je me suis ressaisie à temps. Je n'avais aucune envie de faire sentir à Ami qu'on était « chez moi », mais plutôt, « chez nous ». J'avais toujours prôné avec elle la fameuse phrase espagnole : Mi casa es su casa.
- Moi : Bon d'accord, il peut revenir se tresser. Je ferais en sorte de ne pas me retrouver en sa présence : j'irai chez Hortense ou trainer en ville.
- ami : Pas besoin. Je l'ai bien sermonné. Il ne t'embêtera plus. Tu sais Kira, Mike est très cool. Sous ses airs de dur, c'est quelqu'un de bien. Apprends à le connaitre.
- Moi : J'hallucine ! Tu l'appelles déjà par son surnom en si peu de temps ? Puis tu le connais à peine, comment peux-tu savoir que c'est quelqu'un de bien ?
- Ami : Je le sais juste. Bref, j'ai fait les courses avec l'argent qu'il m'a filé pour les tresses. Je nous ai fait du bon poulet. Tu vas te régaler.
- Moi : Il ne fallait pas. Garde tes sous pour le bébé. Son père et toi en aurez besoin.
- Ami : En parlant de ce con de Romain, je dois aller chez lui là. On va appeler mes parents pour leur annoncer ma grossesse. Je suis super anxieuse. Je n'ai aucune idée de la manière dont ils réagiront.
Je la pris dans mes bras pour la rassurer. J'étais moi-même stressée par l'issue qu'aurait ce coup de fil. J'espérais de tout mon cœur que ses parents le prendraient bien. Ami partit rejoindre Romain, et je restais seule dans l'appart, tournant en rond. Je n'avais plus l'habitude de rester seule dans ce minuscule studio. Du coup, dès qu'Ami sortait, je ressentais très fort son absence. J'allais avoir de sérieux problèmes si elle décidait par tout hasard de redonner une chance à Romain, et de réaménager avec lui. Je frôlerai surement la dépression.
Bref, je me préparais à me réchauffer une grosse part de poulet au four à micro-ondes quand mon portable sonna. Je reçus un message d'un numéro inconnu. Le message disait à peu près : « Salut cher glaçon ambulant. Pour me faire pardonner mon attitude de cet après-midi, je t'invite au ciné. Il y'a une séance à 22H15 de ton film Twilight pourri qui est toujours à l'affiche. On peut le voir si tu veux. Si tu l'as déjà vu, Dieu merci, ouf ! On regardera autre chose de beaucoup mieux. Je passe te chercher dans moins d'une heure. Sois prête. A toute. ».
Oh merde ! Je vais commettre un double meurtre cette fois-ci : d'abord tuer Ami pour avoir donné mon numéro à ce personnage détestable, et puis étrangler Michael. Non mais, est-ce une façon de s'excuser ça ? De plus, c'était une invitation déguisée : il s'agissait plutôt d'un ordre. Le mec me parle comme s'il était mon chef, et comme si j'étais à son service, prête à obéir à ses moindres ordres. Je ne vais nulle part, je ne bougerai pas d'un iota.
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