PARTIE 25

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Je restais plantée dans notre salon comme une demeurée atteinte d'un sortilège de pétrification. Que diable faisait donc Gael chez moi, surtout après avoir eu l'énorme toupet de me chasser de son bureau la dernière fois qu'on s'était vus?! Ça devait encore être l'une des manigances de ma mère. Elle ne me lâcherait donc jamais cette vieille ? A ce que je sache, une place de mère ne confère pas non plus des droits inaliénables tels que le droit de réglementer ma vie amoureuse. Cette dernière était certes chaotique, mais rien ne lui permettait de la contrôler obsessionnellement ainsi. Une onomatopée me brulait les lèvres, et je ne pus la retenir plus longtemps :

- Moi : Tchiiip ! Qu'est-ce que tu fou chez moi, toi ? Je pourrais m'abaisser à ton niveau et te foutre dehors aussi, tu sais ?

Gael, sans nul doute surpris par ma réaction, semblait horriblement embarrassé. Bien sûr, ma mère ne tarda point à prendre parti en sa faveur :

- Ma mère : Wa Kira, c'est quoi ces manières ? Est-ce la manière dont je t'ai appris à traiter nos hôtes ?

Les remontrances de ma mère eurent un effet de calmant sur moi. D'ailleurs, le regard noir qu'elle me lança me dissuada de répliquer. Ayiii J'avais beau faire ma Xena la Guerrière à râler tout le temps contre l'attitude de ma mère, mais s'il y'avait bien une personne sur terre dont j'avais absolument peur et qui était en mesure de me faire sentir comme une enfant prise en faute, c'était bien elle !

La mine boudeuse, les lèvres pincées, je me rapprochais de Gael pour lui tendre les bouts de mes doigts en guise de salutation. Aussitôt, son visage afficha un sourire satisfait, et il me serra cordialement la main.
Voilà, je l'avais salué, on était quittes. Donc, je pouvais sortir du salon maintenant en paix. Ils n'ont qu'à continuer de jacasser, moi j'avais d'autres chats à fouetter. Sans leur adresser un seul mot, je me dirigeais vers la porte pour sortir du salon dont l'air m'étouffait déjà de sa présence quand la voix rocailleuse de ma mère m'interrompit :

- Ma mère : Tu vas où, Kira ? C'est toi que Gael est venu voir hein, pas moi. Moi, je dois retourner à mes fourneaux.

Aussitôt dit, aussitôt fait ! Elle sortit du salon, nous laissant seuls. Si elle croit que sa manœuvre va marcher, elle se trompe lourdement ! Ce n'est pas en nous laissant seuls qu'on allait se rabibocher. Ce mec me laissait de marbre, et ce n'était pas près de changer. Le mec qui éveillait tous mes sens était loin d'ici, et sûrement dans un sommeil profond en ce moment. Une vraie marmotte, Khaled !

Je m'assis sur le canapé, pris la commande de la télé, et zappa à tout hasard en l'ignorant. Il brisa enfin le silence :

- Gael : Kira, je ne suis pas venu ici ni pour me disputer, ni pour te mettre en mal avec ta mère.

- Moi : Oui je sais, tu es venu pour récupérer toutes les choses que tu m'as offertes, non ? T'inquiète ! J'ai déjà tout empaqueté. Donne-moi juste une minute, je monte les chercher.

Je savais bien qu'il n'était pas venu pour cela, mais j'ai fait exprès de remettre ce sujet sur le tapis, juste pour lui faire mal, comme il me l'a fait en me chassant de son bureau comme une vulgaire moins que rien.

- Gael : Justement. A ce sujet, je suis venu m'excuser. Je regrette amèrement de t'avoir traité de la sorte, c'était juste sur le coup de la colère. Mon plus grand défaut, c'est d'être impulsif. Et puis, j'ai vraiment ressenti de la peine quand Ismaël m'a annoncé tout cela. J'avais mal, et en même temps j'avais honte. Il faut que tu me comprennes STP. Tu penses peut-être le contraire, mais je suis humain, je suis capable de ressentir des émotions, même si je passe mon temps à les refouler. Bref, je me suis senti trahi, bafoué, mon orgueil en a pris un sacré coup. Après tout, quel mec ne réagirait pas ainsi si on lui annonçait que la fille dont il est amoureux l'a trompé avec un petit ? Il faut que tu me comprennes. STP, pardonne-moi !

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