PARTIE 13

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C'était Malick !!!!!! Mon éternel chenapan de petit frère avait interrompu l'un des plus intenses moments de ma vie. J'étais légèrement énervée par cette intrusion et en même temps, horriblement embarrassée. Après tout, j'étais l'ainée de ma famille et je me devais de donner le bon exemple. Mais, qu'adviendrait-il de moi si mon petit frère racontait ce qu'il avait vu à mes parents ? Je risquais de me faire lapider, ou pire : me faire enterrer vivante.

Khaled semblait horriblement gêné mais il veillait à garder son sang-froid. Il fit comme si de rien n'était.

- Khaled : Oui Malick, qu'est-ce que tu veux ? T'as fini ta partie de PlayStation ?

- Malick : Tu faisais quoi à ma soeur là ?

- Moi : Malick , c'est rien. Viens on va jouer à la playstation.

- Malick : Nooo tu ne sais pas jouer à la Play, Kira. D'ailleurs, tu es une handicapée en ce qui concerne les jeux vidéo. Puis, je ne suis pas fou, je vous ai vus faire comme dans les films.

Si je souhaitais m'en sortir sur ce coup-ci, il fallait que je joue une autre carte : celle de la négociation.

- Moi : Ok Malick. Ne raconte rien à Maman et à Papa STP. Khaled et moi on voulait juste essayer ce que font les toubabs dans les films. Nous ne le ferons plus, promis. C'est dégueu en plus ! Ce n'est pas bien. Pas bien du tout !

Khaled pouffait et je me retenais pour ne pas le gifler. Au lieu de m'aider, il était occupé à se marrer. Mec, l'heure était grave !

- Malick : Donc vous n'êtes pas amoureux ? Pourtant je préfère Khaled à Gael. Khaled au moins, il accepte de jouer avec moi à la Play...

Purée ! Ce gosse ne m'attirait que des ennuis. Qu'est-ce qu'il avait à mentionner le nom d'Ibou dans cette histoire ? D'autant plus que Khaled me scrutait maintenant avec des yeux interrogateurs du genre « Qui est-ce Gael dont Malick parle? ». Il reprit de plus belle :

- Malick : Ne vous inquiétez-pas. Je dirai rien à Papa et Maman, ni à mes copains mêmes. A une seule condition : que tu m'achètes chaque aprèm pour mon goûter un biskrem (biscuit) et une bouteille de bridel.

Ce gamin avait le sens des affaires, je vous dis. Bref, je l'avais échappé belle. Marché conclu donc. Il repartit jouer à la Play, mais en laissant la porte ouverte, surement pour nous dissuader de recommencer. Lol
: Relax Kira ! C'était juste Malick. Ç'aurait pu être pire non ?

- Moi : Pffff. Rien ne me garantit qu'il saura garder le secret. Puis, tout cela est de ta faute. Qu'est ce qui t'a pris de m'embrasser ?

- Khaled : ça ne t'a pas plu ? Pourtant tes lèvres affirment le contraire. Elles s'en ont données à cœur joie. Bref, sur une note plus sérieuse, laisse-nous une chance. Toi et moi savons parfaitement qu'on est animé par des sentiments profonds l'un envers l'autre.

Je n'avais vraiment pas le cœur à lui dire que je sortais avec un autre. Je ne savais pas comment il le prendrait. Ensuite, cela vous paraitra surement égoïste, mais je n'avais pas envie de le perdre. J'étais perdue certes, au milieu de ce tiraillement stérile entre mon cœur et ma raison, mais j'étais amoureuse de Khaled. Et cette fois ci, renoncer à cet amour, n'était tout simplement pas une option.

Je ne sus comment, ni pourquoi, mais c'est à partir de ce moment précis que je décidai de lui accorder sa chance, peu importe les conséquences, et la différence d'âge qui nous séparait.
Bref, donc je sortais avec Khaled et Gael en même temps : chose que je n'avais jamais faite de ma vie. Sortir simultanément avec deux mecs était monnaie courante dans la vie des jeunes filles burkinabés, mais pas dans la mienne. Et dire que je passais tout mon temps à fustiger le comportement de ces filles qui le faisaient et à les mépriser. Comme quoi, il ne faut jamais dire jamais.

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