Moment raconté par Aminata :C'est avec le ventre noué que je me rendis chez Romain cette fameuse nuit où mon destin allait être scellé. Malgré mon stress dû à cet appel que nous devions passer à Abidjan, je ne pouvais m'empêcher de sourire intérieurement en pensant à la tête que ferait Kira lorsqu'elle découvrirait que j'ai filé son numéro à Michael. Ce dernier avait tellement insisté que je n'ai pas eu le cœur à refuser. Et puis, je n'y voyais pas trop de mal puisqu'il souhaitait lui présenter ses excuses. Toutefois, la raison pour laquelle rien qu'à la vue de Michael, Kira se mettait dans tous ses états, m'échappait. Mon petit doigt me soufflait que Mike l'attirait physiquement, mais elle refusait de l'admettre. J'avais bien fait d'y mettre mon grain de sel. J'espère que ces deux-là se rapprocheraient, et qui sait ? Peut-être qu'une union en naîtrait ? Mon seul souci est de voir Kira se remettre sur pied en tournant la page Khaled.
Bref, revenons à nos moutons. J'appréhendais de revoir Romain seule à seul. Depuis notre séparation, nous nous étions toujours retrouvés en la présence d'un tiers : Kira, en l'occurrence. Romain m'ouvrit la porte en me souriant timidement. Certes, mon homme me manquait, mais il m'avait fait beaucoup trop de mal en m'abandonnant. Je ne pouvais juste pas effacer comme par magie, ce fâcheux épisode de notre longue saga d'amour. Je ne répondis pas à son sourire. Ça me faisait bizarre de revenir dans cet appart : mon départ se ressentait par les murs privés de mes masques et tableaux d'art Africains.
- Moi : Salut.
- Romain : Salut.....Tu veux boire quelque chose ?
- Moi : Non merci.
- Romain : Assieds-toi. Comment tu vas ? Pas trop fatiguée, j'espère ?
Ouais après nous avoir abandonnés mon bébé et moi, tu peux revenir des mois après pour faire le mec qui se soucie de s'enquérir de nos nouvelles. Je suis assez rancunière, j'avoue, mais c'était vraiment la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
- Moi : Je vais bien.
Son regard s'attarda encore une fois sur mon ventre. Je sais qu'il rêve de le toucher et de sentir le contact de son fils ou de sa fille, mais je n'étais pas encore prête à lui accorder ce droit. C'était le seul véritable moyen de le punir pour son acte impardonnable.
- Romain : Bon, on se lance ? J'ai déjà acheté une carte téléphonique. Tu te sens prête ????
Je hochais timidement la tête. Prête ou pas, il fallait bien le faire, j'avais trop trainé.....
Au bout de la troisième sonnerie, ma mère décrocha, la voix toujours aussi douce. Romain me prit la main. Je lui en fus reconnaissante. Mon cœur battait la chamade. J'ai cru qu'il allait sortir de ma poitrine. Le bébé avait l'air d'avoir saisi la gravité du moment car il n'arrêtait pas de me donner des coups de pied au ventre. Après les salamalecs d'usage, je rentrais dans le vif du sujet. Ma mère a accusé le coup avec une certaine résignation, même si je percevais ses sanglots au bout du fil. Elle n'arrêtait pas de me répéter : « Qu'as-tu fait ma fille ? Qu'as-tu fait ??? Eh Dieu, ton père va nous tuer. Qu'as-tu donc fait ? ». Je n'en pouvais plus de l'entendre pleurer ainsi. C'était ma faute, tout était de ma faute. Si j'étais restée chaste, tout ceci ne serait pas arrivé. Mais l'heure des regrets était largement passée.
Les pleurs de ma mère résonnaient donc, accompagnés de cris de douleur. Si elle piquait une crise cardiaque, je n'allais jamais me le pardonner. Je n'en pouvais plus, j'ai jeté le combiné du fixe, mes larmes commençaient elles aussi à gagner du terrain. Romain prit le relais. Je ne sais pas comment il se débrouilla mais il a su calmer ma mère. Je saisis juste quelques bribes de leur conversation : « Prendre mes responsabilités..... L'épouser.....Nous sommes désolés....Ne vous inquiétez pas....On se mariera sans tarder.... » .