PARTIE 16

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Tout ? Tout quoi ? C'était quoi encore ce délire ? Quelqu'un pouvait-il m'expliquer pourquoi dans mon entourage il n'y avait que des fous ? Je me demandais abruptement de quoi Gael pouvait bien faire allusion. C'était un bien grand mot ce « Tout ». Je m'imaginais tous les scénarios possibles. Après tout, avec Ismaël, il valait mieux s'attendre au pire. Et cette fois-ci, j'étais bien curieuse de connaitre les horreurs qu'il avait encore inventées. Je décidai donc de jouer la carte de l'ironie.

- Moi : Tu sais tout ? Absolument tout ? Tu te prends pour Dieu l'omniscient et l'omnipotent ? Ou alors Dieu t'a Lui-même investi d'une mission divine ou prophétique? Eclaire-donc ma lanterne Seigneur Gael ?

Gael et Ismaël me regardaient, abasourdis par mon insolence. Quelle ne fut ma surprise alors lorsqu'enfin Gael daigna me donner des informations supplémentaires :

- Gael : Kira, ceci n'est pas un jeu. Je suis au courant de ton infidélité. Je sais que tu sors avec un certain Khaled S. en même temps que moi.

Ouh là ! Waow. Pour dire vrai, je ne m'attendais pas à celle-là. J'étais quasi sûre qu'il allait me sortir un fait invraisemblable digne de l'esprit machiavélique d'Ismaël. Gênée, je me tournais et me retournais sur ma chaise. Je ne savais plus où me mettre. J'étais comme engloutie par les vagues de la honte et de la culpabilité. J'aurais dû savoir que tôt ou tard ma tromperie me rattraperait. Je ne regrettais certes pas de l'avoir commise, mais je n'en étais pas fière du tout. La question qui me taraudait l'esprit était la suivante : comment Gael avait-il pu le découvrir ? Nous n'avons aucun ami en commun, par conséquent, aucune de ses connaissances n'a eu l'occasion de me voir trainer avec Khaled en ville ou à la plage durant les jours de semaines que je lui consacrais. La voix de Gael me tira de mes pensées :

- Gael : Alors ? Tu n'as rien à dire pour ta défense ?

- Ismaël : Elle a perdu sa langue apparemment. Elle fait moins la maligne.

Je tiltais enfin. Mais bien-sûr !!! Qui d'autre à part Ismaël, pouvait bien être derrière toute cette manigance?  J'enrageais littéralement. J'avais juste envie d'étrangler ce bâtard.

- Moi : Et d'où tiens-tu tes infos ? Je présume que c'est Ismaël qui s'est autoproclamé ton détective privé...

- Ismael : Eh oui chérie ! Détective Isma pour vous servir, Mademoiselle. Bref, Facebook est un dangereux appareil miss. N'oublie pas que dessus, tout le monde connait tout le monde. Même si tu m'as supprimé de ton Facebook, je veillais à inspecter ton profil à travers celui de ma sœur. J'ai donc vu tes messages sur le mur du fameux Salem, et une photo où il t'a taguée. C'était vraiment un jeu d'enfant. Il a suffi que je regarde son profil, pour détecter qu'on avait un ami en commun : Lahat, qui n'est nul autre que le cousin de ton Khaled. A ma demande, il l'a questionné innocemment  et, c'est Khaled lui-même qui lui a confirmé que vous sortiez ensemble depuis quelque temps.

Mamma Mia. Ce n'étaient ni Lahat, ni qui que ce soit qui m'avaient tuée, c'était plutôt Facebook qui m'a tuée. Putain ! Je devais être la énième victime de cet étrange appareil qu'est l'internet.
Et pourtant, Khaled et moi, nous ne nous affichions pas trop sur Facebook : juste quelques messages sur le mur, quelques cœurs, une photo (où on était à la plage) .....Et ç'en était assez pour me faire démasquer. Moi, Kira la cocue était devenue l'infidèle de service percée à jour, par nul autre qu'Ismaël, le roi des volages. Quelle ironie du sort ! Franchement, parfois Dieu a vraiment le sens de l'humour.

Je transpirais de honte et de culpabilité malgré le bruit de la clim apparemment mise à fond dans le bureau. Je triturais les boutons de manchette de ma veste afin de me donner une certaine contenance. Mon ego démesuré en avait pris un sacré coup, mais je n'allais pas me laisser faire, telle une accusée devant un juge sévère et un avocat hargneux.

- Moi : Ismaël, tu n'as que ça à faire ?  Épier obsessionnellement mes moindres faits et gestes. Tu es vraiment pitoyable ! Pfff mais je n'ai qu'une chose à te dire, tout le monde peut se permettre de me juger, tout le monde, excepté toi, sale porc !

Avant qu'il ne puisse en placer une, j'enchainai en me raclant la gorge :

- Moi : Gael, je reste toujours déçue par ton comportement de samedi, et à la base, je suis venue ici pour te l'exprimer, et pour rompre avec toi. Il ne sert à rien de se voiler la face : nous ne sommes pas faits l'un pour l'autre, nous n'avons même pas les délires. Et ce que tu recherches, c'est une femme-trophée, une femme-objet. Notre relation ne me convient tout simplement pas, et je ne vais pas le nier. Je sors effectivement avec Khaled. J'ai longtemps hésité avant d'accepter finalement de lui donner sa chance.

- Gael : Et tu n'as pas honte de me faire cet aveu avec cette lueur de défi dans les yeux ? Kira ,je t'ai fait éperdument confiance, j'envisageais sérieusement de te prendre pour épouse, je ne cherchais pas à jouer. Tu n'as rien trouvé de mieux que foutre en l'air notre relation pour ce jeunot ?

Gael avait brandi une photo en disant sa dernière phrase. J'hallucinai ! Ismaël s'était même assuré d'avoir la photo de Khaled et moi postée sur Facebook ! Purée ! Il avait en plus eu le culot de l'imprimer et de la montrer à Gael. J'avais l'impression de vivre un cauchemar. Je croyais que ce genre de choses ne se passait que dans les feuilletons bidons ?  Ce genre de complot et de coup bas terribles se passait donc dans la vie réelle ? Décidément, je n'étais pas au bout de mes surprises.

- Gael : Je veux que tu me rendes tous les cadeaux que je t'ai offerts : parfums, robes, tissus, bijoux....Tout sans exception. Vous êtes toutes les mêmes en fait ! De vraies infidèles, mais moi je ne fais pas partie de ce lot d'idiots. Rends-moi tout sans tarder. Mais pour le moment, tu vas gentiment déguerpir de mon bureau.

Je regardais Gael comme si c'était la première fois que je le voyais. Ses traits étaient durs et trahissaient tout son mépris envers ma petite personne. Je repensais à notre rencontre à l'aéroport : les images défilaient dans ma mémoire, toujours aussi singulièrement fidèles. Je revoyais l'homme au sourire éclatant qui m'avait gentiment proposé de me faire voyager en première classe, l'homme prévenant qui m'avait secouru quand Ami fut en détention... Je ne le reconnaissais plus, là maintenant. Il aurait pu se conduire comme un homme jusqu'au bout, là il n'agissait qu'en sous-homme en s'abaissant à un tel niveau et en se livrant à de telles bassesses.

Je sortis  de son bureau à pas feutrés, sans un regard pour ces deux détestables personnages. « On me tue, mais on ne me déshonore pas ». Ma fierté rugissait telle une lionne en cage. Gael avait osé me chasser de son bureau comme une moins-que-rien ! Et il me réclamait tous ses cadeaux et offrandes.

Je sortis à la hâte de son building dont l'air était devenu étouffant, et m'apprêtai à héler un taxi pour m'y engouffrer moi et ma peine insupportable, lorsqu'Ismaël se pointa.

- Ismael : Je t'avais bien dit que je ferai de ta vie un enfer sur terre. Ecoute, si tu ne te remets pas avec moi, tu ne seras avec aucun autre ! Ne l'as-tu donc pas encore compris ?

J'avais le visage brouillé par les larmes, mais je pouvais lire cette détermination dans son visage. Putain ! Au début, je n'avais pas pris au sérieux sa menace, mais je commençais à vraiment m'inquiéter.

- Moi : Fou moi la paix ! Tu m'as trompée, ça ne te suffit donc pas ???? Reste avec ta Monica et laisse-moi vivre ma vie, ce ne sont pas tes menaces à deux balles qui vont m'empêcher de dormir.

- Ismaël : Tu es aveugle ou quoi ? Je fais tout ça pour t'atteindre. Ni Monica, ni aucune autre fille ne m'intéresse. Je suis amoureux de toi, je l'ai toujours été. Reviens avec moi STP. Pardonne-moi, et donne-nous une autre chance. Si tu acceptes, ce sera un tout nouveau départ pour nous deux : j'annule direct mes fiançailles avec Monica.

Mon portable nous interrompit en sonnant. C'était ma mère à l'appareil. Elle ne parlait pas, elle gueulait carrément. Jamais elle ne m'avait parlé sur ce ton.

- Ma mère : Kira , tu es où ? Rentre de suite à la maison ! Je viens de raccrocher avec Gael et si la honte tuait, j'aurai déjà rejoint mes aïeux au ciel en ce moment. Donc, durant tout ce temps où ton père et moi te laissions en toute confiance faire des sorties avec Khaled, vous en profitiez pour flirtouiller ? Tu n'as pas honte de sortir avec ce gosse ?  Rentre tout de suite à la maison, je t'attends de pied ferme.

Clic. Elle avait raccroché. Eh Allah Mon monde venait de s'écrouler pour de bon.

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