Je regardais Gael, choquée par ses mots blessants. J'étais en proie à divers sentiments : j'étais fâchée, vexée, outrée, outragée... Mes mains me démangeaient, j'avais juste une folle envie de le gifler, mais il ne fallait absolument pas que je cède à la tentation, j'avais déjà eu ma dose de violence pour l'année. Non mais, pour qui se prenait ce type ?!!! Il se prenait pour mon pere? D'ailleurs, même mon propre père n'osait me parler sur ce ton.- Moi : T'as fini ? Là, c'est toi qui va la fermer et m'écouter attentivement car je vais te parler peu et bien. Déjà, tu es ni mon mari, ni mon frère, et encore moins mon père, donc STP tu me parles sur un autre ton. Tu es qui déjà pour me juger ? Non mais, on est où là ?!!!!!
Je respirai bruyamment, afin de me calmer, puis continuai mon speech. Tant que je n'aurai pas formellement et clairement exprimé à ce con le fond de ma pensée, je risquerais de me retourner dans ma tombe à ma mort.
- Moi : Ecoute Gael, tu n'as aucune idée de la façon dont je me suis sentie à la vue de mon ex et de la fille avec qui il m'a trompée. Et pourtant, j'ai veillé à me calmer, et j'ai feint l'indifférence. Tu n'avais rien remarqué, jusque-là non ? Après, ils ont fait exprès de venir bras dessus, bras dessous, à notre table pour me narguer. Et qui me cherche, me trouve !!!! Je ne regrette absolument pas de leur avoir parlé sur ce ton, car ils le méritaient amplement. Je déplore la bagarre certes, mais si c'était à refaire, je ressortirai les mêmes mots, à la virgule prés.
- Gael : Je m'en fou de ce que tu as ressenti. Une Dame digne de ce nom, une future Madame Ouedraogo doit savoir se contrôler en toute circonstance.
-Moi : Eh bah, ça a le mérite d'être clair. Si toi tu ne penses qu'à ta foutue réputation de merde, eh bah moi je reste humaine, je suis encore capable de ressentir des émotions.
Sur cet échange houleux, on en est restés là. Je suis sortie de sa voiture, d'un pas décidé, et cette fois, Monsieur n'a pas cherché à me retenir. Il a démarré en trombe et est parti à toute allure au volant de sa voiture. Je m'en fou ! Que grand bien lui en fasse ! Il pouvait tout aussi bien faire un accident de la route, ce n'est pas à moi qu'il manquera tchiiip. Je dévalai les escaliers, montai dans ma chambre et m'endormis sans me déshabiller. J'étais tellement harassée par la bagarre que je ne souhaitais qu'une seule chose : dormir sans rêves et cauchemars. En tout cas, c'était officiellement officiel : c'était la pire soirée d'anniversaire de ma vie.
Heureusement que le lendemain, j'avais prévu de passer la journée avec mon bien-aimé Khaled chéri. Nous allions passer la journée à loumbila, à la sortie de la ville. Rien de tel, pour oublier les soucis de la vie quotidienne. Khaled vint me chercher aux alentours de midi, vêtu d'un short jean et d'un tee-shirt bleu. Il était trop craquant mon bébé. J'avais juste envie de le serrer dans mes bras, et de lui faire plein de bisous, mais cela devait attendre. J'allais passer pour une excentrique si je le faisais devant mes parents. Malgré les bouderies et les pleurnicheries de Malick destinées à nous convaincre de le laisser venir avec nous, on tint bon, résolument déterminés à passer la journée en amoureux. Au moment de partir, ma mère nous retint pour nous prodiguer ses fameux conseils.
- Ma mère : Kira, n'oublie pas réciter tes sourates et je te le répète, ne te baigne surtout pas. Tu as la manie de te marrer effrontément à chaque fois que je te donne mes conseils. Vous les jeunes, vous êtes de vraies têtes de mules. Je t'ai dit maintes fois que mon ancêtre Alpha Amadou Sow avait tellement peur de leau, il la méprisait tellement qu'il priait pour que quiconque de ses descendants qui s'aventurerait à aller volontairement se baigner y reste noyé.
J'étais morte de rire. Ah ma mère, avec ses fameuses superstitions ! Elle était trop drôle. Même mon père, d'habitude très sérieux, éclatait de rire.