PARTIE 24

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C'est la voix de Khaled qui me ramena à la réalité.

- Khaled : Bébé, tu ferais mieux d'arrêter, sinon je risque de ne plus me contrôler.

J'eus un sourire imperceptible. Je dois l'avouer, cela me flattait que je fasse autant d'effet à Monsieur. Je me mordis les lèvres et lui murmura à l'oreille :

- Moi : Relax baby. Laisse-toi aller. Je ne vais pas te violer. Tu sais très bien qu'on ne va pas franchir le cap.

- Khaled : Je sais bien. Mais si on continue, on risque de faire des bêtises. Et arrête de te mordre les lèvres ainsi, tu sais bien que ça m'excite.

J'éclatai de rire, et continuai à me mordiller les lèvres. Eh oui, je savais être très coquine quand je le voulais. Je ne vais pas jouer aux saintes-nitouches : l'intimité est une source de vitalité dans un couple, qu'on se le dise clairement !

- Khaled : Vilaine fille ! Attends qu'on se marie, tu verras ! Rira bien qui rira le dernier. Tu risques de souffrir ma vieille.

Il me rhabilla délicatement lui-même et me prit dans ses bras. On passa le reste de la soirée allongés sagement sur son lit, écoutant de la musique douce, discutant de tout et rien, et rêvassant d'un futur proche ensemble, en tant que jeunes mariés. Khaled était sur la même longueur d'onde que moi : il se projetait déjà dans un avenir matrimonial, et évoquait déjà le sujet du nombre d'enfants souhaité. Je me laissais aller dans ses bras, et transportée par le son des voix de Nesly, Fanny J, et Marvin, j'errais dans des contrées lointaines que seuls les amoureux transis ont eu la chance de découvrir.

On ne tarda pas à s'endormir. N'eut été l'intervention de Yima en m'appelant sur mon portable d'une manière insistante, je ne me serais pas réveillée et j'aurai été dans un sale pétrin. Ma mère aurait crié sur tous les toits que j'avais eu l'audace de découcher.

- Yima : Kira ! Kira!!! Ibi moulo kaira ? (Tu fous quoi toi?). Je t'appelle depuis tout à l'heure, tu ne décroches pas! J'espère que tu es rentrée chez toi, il est presque 3H du mat là.

- Moi : Quoiiiii ? Putain !!! Je me suis endormie !!! J'y vais là de suite, t'inquiète.

Je réveillai Khaled dare-dare. Il était profondément endormi, et ronflait légèrement. Je n'étais pas mieux que lui : j'étais toute décoiffée et mes yeux étaient tout rouges. On sortit vite de la maison, et on héla un taxi. Je fis une prière intérieure : Pourvu que Maman soit en train de dormir ! Pourvu que Maman soit en train de dormir ! Néanmoins, je restais pessimiste quant à l'exaucement de cette invocation pour la simple et bonne raison que ma mère avait l'habitude de se réveiller tard dans la nuit pour faire des prières surérogatoires et égrener son chapelet.

Bien-sûr, je ne pouvais expliquer à Khaled les causes de mon désarroi, puisque j'avais caché à Monsieur que ma mère était au courant de notre liaison, et qu'elle ne l'approuvait pas du tout. Bon sang ! Qu'est-ce qui m'avait pris de faire toutes ces cachotteries ? Il fallait vraiment que je lui en parle une bonne fois pour toutes, et même en profiter pour mettre sur le tapis l'histoire avec Gael. C'était décidé : il fallait qu'on parte sur des bases claires, et que je le mette au courant de TOUT. Mais pas ce soir ! Ce n'était pas du tout le moment idéal.

Dans le taxi, il me tint la main, et on resta silencieux. C'était comme s'il avait senti que quelque chose n'allait pas. Je ne sais pas comment il se débrouillait, mais aucune de mes émotions ne lui échappait. Arrivés chez moi, je lui dis de ne pas descendre du taxi pour ne pas éveiller de soupçons. En plus, notre gardien était une vraie commère. Il était pire que RFI !

-Moi : Baby, ce n'est pas la peine que tu descendes du taxi. Reprends-le pour repartir chez toi. Et surtout, envoie-moi un texto dès que t'arrives.

Je voulus payer le taxi, mais il refusa, comme d'habitude.

- Khaled : Bon vas-y alors, façon le taxi bougera pas tant que je te verrai pas de mes propres yeux rentrer chez toi. Kira ?

- Moi : Oui chéri ?

- Khaled : N'oublie jamais que je t'aime plus que tout.

Je souris. Mon cœur endormi jusque-là, s'était réveillé pour se livrer à une danse que je ne saurais nommer. J'étais trop troublée.

- Moi : Je t'aime aussi Khaled.

Il me baisa la main, et je pus enfin sortir du taxi. Ayiii !!! Je ne savais pas que j'avais affaire à un chevalier de la fin du 19e siècle. L'enfant-là m'étonnera toujours !! Aucun homme ne m'avait jamais auparavant fait de baise-main.

J'ignorais royalement les regards appuyés et sous-entendus de Bakary notre gardien, et insérais tranquillement ma clé dans la serrure de la porte. Pourtant, j'aurai juré avoir aperçu des yeux vifs m'épier à travers les rideaux de notre balcon.

C'est une fois dedans que j'entendis le taxi démarrer. Fidèle à ses propos, Khaled faisait toujours ce qu'il disait.

Cette nuit-là, je dormis d'un sommeil tranquille et sans rêves, loin de me douter qu'à mon réveil, la course interminable de mes soucis, allait me rattraper. C'est vers les coups de midi que je me réveillai donc. Comme tous les dimanches, je pris naturellement mon temps pour prendre une longue douche relaxante, et mis un habit traditionnel. Je n'avais aucune envie de prendre un petit déjeuner, il était presque 13h et la maison embaumait de l'odeur d'un bon « riz gras » qui me chatouillait les narines. Mon ventre en gargouillait déjà d'envie.

Je descendis dans notre salon pour saluer mes parents. Malick était confortablement assis dans le petit salon, jambes croisées, en train de jouer à la PlayStation. A ce rythme, cet enfant allait se changer en personnage de jeux vidéo. C'est fou ça ! Mes parents lui passaient tous ses caprices. Tchiiip. Moi à son âge, je n'étais pas autant chouchoutée.

Je rentrai donc dans le grand salon en rouspétant intérieurement contre mon petit frère quand ce que je vis stoppa net mes pensées : Maman, vêtue royalement, était en grande conversation avec nul autre que Gael . Leur sujet de conversation devait être fort drôle car ils riaient à gorge déployée tous les deux. C'était quoi encore ca et que foutait ce détestable personnage chez moi ?!





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