Elysa Ragnarök et les Maraudeurs ( EN CORRECTION)

La visite

Elysa rentra dans la petite pièce tendue au moindre bruit, ses mains tremblaient en réalité son corps entier tremblait. Elle n'avait pas peur, mais quelque chose d'étrange semblait lui tordre l'estomac. Elle avait la vague sensation d'être épiée par quelque chose cachée quelque part dans les recoins sombres de la pièce. Elle se demandait à quel point son père avait pu changer, sa lettre lui avait donné un avant de folie ? Elle n'était pas sûre. Elle aurait aimé que sa mère soit là avec elle, que leur famille soit réunie à nouveau comme avant. Voir sa mère sourire à nouveau, et cette visite aurait suffi, peut-être, à lui sauver la vie. Les deux Aurors l'avaient laissée seule dans la pièce humide et froide. Elle se sentait comprimer toute seule. Elle ne pouvait s'empêcher de se retourner une ou deux fois, pour regarder si personne n'arrivait cacher dans le noir pour la tuer.

La tension monta de plus belle quand la deuxième porte se déverrouilla face à elle. La peur et la tristesse accumulée ces dernières années semblaient s'envoler lorsque la porte s'ouvrit sur lui. Un sourire étira les lèvres d'Elysa, il était là. Réellement là, devant elle.

Au premier regard, il semblait fatigué et méconnaissable. Ses longs cheveux bruns avaient foncé avec le temps, ils retombaient sur son front cadavérique. Ses yeux bleus trahissaient la tristesse qu'il endurait depuis des années. Il avait beaucoup maigri, si bien qu'Elysa s'inquiéta. Comment pouvait-il tenir debout ? Elysa hésita. Était-il réellement son père ou un imposteur ? Elle n'était pas sûre, mais lorsqu'elle croisa enfin son regard. Elle sut que c'était bien lui.

Son père eut un sourire timide puis son regard brilla d'une lueur joyeuse qui fit revivre son regard entier. Elle se leva d'un bon et se jeta dans les bras de son père qui ne portait pas de menottes, à quoi serviraient des menottes à un sorcier ?

Ragnar serra sa fille aussi fort qu'il le put. Jamais il n'aurait cru que l'on pouvait le laisser voir sa fille, la seule famille qui lui restait. Son cœur semblait battre enfin pour quelque chose d'autres que l'attente de son exécution. La fatigue et la tristesse ne lui pesaient plus aussi fort sur ses épaules. Il déposa un baiser sur le haut de sa tête. Elle portait la même odeur qu'à son habitude, un mélange de noix de coco et de vanille, le même que sa mère. Il se recula le premier et posa un genou à terre pour se mettre à sa hauteur.

-Tu as tellement grandi..., murmura-t-il dans leur langue natale. Tu es si belle.

Un Auror posté en retrait prit la parole d'une voix dure.

-Pas de langue étrangère.

Ragnar haussa frénétiquement les épaules avant de murmurer des paroles incompréhensibles. Il passa une main dans sa barbe devenue blanche avec le temps et la peur.

-Tu es devenue une personne tellement belle, dit-il en anglais cette fois-ci. J'espère que tu hériteras de sa sagesse pour l'amour de Dieu, lança-t-il d'un ton moqueur.

Elysa fronça les sourcils, les paroles de son père ne la faisaient pas rire. Son père avait changé et il était différent. Elle repoussa les larmes. Ragnar remarqua le comportement de sa fille.

-Écoute, je suis désolé pour toutes les fois où tu as pleuré pour ou à cause de moi. Pour toutes ces épreuves que tu as dû passer ou que tu vas devoir encore passer. Et pour avoir détruit ta vie. Mais elle va continuer à être sombre et incertaine, tu vas devoir devenir une autre personne, devenir plus forte que les autres. Tu vas devoir faire cela pour moi et pour maman... D'accord ?

Elysa se contenta de hocher la tête. Elle avait vécu cette scène des centaines de fois dans sa tête. Elle avait tout calculé, ses paroles et ses gestes, et pourtant, aucun mot ne sortait de sa bouche. Elle se sentait pétrifiée par quelque chose. C'était ses derniers moments avec lui.

Il posa une main sur sa joue.

-Ne t'inquiète pas, tout se passera bien. Je vais seulement rejoindre, maman... sa voix se brisa, il sourit presque aussitôt. (Elysa serra les poings et renifla.) Et toi ma chérie, tu auras la vie que tu mérites. Tu auras la vie que tu veux vivre, cette vie remplie de joie, d'amour bien sûr, il y aura toujours de la douleur et la tristesse de toutes les épreuves possibles. Mais tu vas les affronter parce que tu es quelqu'un d'extraordinaire. Tu n'es pas comme moi, tu es une bonne personne. Tu ne mérites aucune souffrance...

Elysa prit une longue inspiration, il lui faisait ses adieux et son cœur se brisait doucement sans faire de bruit. Elle serra son père contre elle, elle ne voulait pas qu'il parte.

-Ne me laisse pas seule papa...

Ragnar serra sa fille un peu plus fort. Il savait que tout serait difficile, mais il ferait tout pour sa fille, quitte à sacrifier sa vie.

-Tout va bien se passer, commença-t-il, je te le promets. Tu n'es pas toute seule, jamais.

Elle secoue la tête, elle allait perdre sa seule famille.

-S'il te plaît, reste avec moi...

Entendre sa fille lui retira le peu de joie qu'il lui restait. Il avait réfléchi longuement sur la situation et pourtant, c'est toujours la même fin qui se passait : la mort. Rien n'aurait pu le faire changer d'avis, s'il avait commis ses meurtres, c'était pour la sauver, elle. Il savait qu'en se détruisant, il détruisait sa fille et sa femme. Les deux seules personnes qui comptaient dans sa vie, mais il n'avait pas eu le choix. Il arrivait.

-Écoute Elysa. Après ma mort, tout ira très vite. Ne te fie à personne, parce qu'il arrive.

Elysa fronça les sourcils, ses mains s'agrippèrent sur les épaules frêles de son père. Elle ne comprenait pas. Qui arrivait ?

-Je... Je ne peux pas te le dire, mais tu seras sauvée...

Il hocha la tête plusieurs fois de suite avant de murmurer d'autres paroles sans aucun sens. Elysa ne savait même pas comment elle devait réagir. Elle prit une dernière fois son père dans ses bras, elle n'allait pas rater la moindre chance de serrer une dernière fois son père dans ses bras. Son père répondit aussitôt à son étreinte.

-Je t'aime tellement Elysabeth... Sois forte pour moi, je t'en prie. Et vis cette vie.

Elysa sentit les larmes monter, cette fois-ci, elle ne lutta pas contre elle-même. Elle laissa les larmes couler.

-Promis.

L'Auror s'approcha. Elysa comprit qu'il était temps, elle serra son père le plus fort possible, elle respira une dernière fois son odeur. Elle avait peur d'oublier son odeur, oublier le son de sa voix, oublier son visage, et de simplement l'oublier... La peur lui brisait son cœur peu à peu.

-Je t'aime papa...

-Moi aussi, ma chérie.

La porte se referma sur le visage souriant de son père. Elysa se retrouvait à présent seule dans la petite pièce. Le silence la tuait. Elle aurait voulu crier au monde l'injustice, mais elle quitta la pièce dans un silence intense et meurtri.