7. GONE (PARTIE I)

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La scène qui se déroulait sous mes yeux était digne de mes pires cauchemars. Mon père émergeant de l'ombre, une arme braquée sur son propre fils. Fox titubant avant de s'écrouler par terre sous le poids des coups qu'il semblait avoir reçus. Un garde de Negendra que je ne connaissais pas, menaçant lui aussi la vie de Genesis, qu'il força d'ailleurs à se mettre à genoux. Plusieurs pensées se bousculèrent dans mon esprit en même temps, mais l'une d'entre elles se fracassa contre les parois de ma poitrine avec une intensité rare. C'est moi qui suis à l'origine de tout ça.

— Pour une surprise, tu admettras que c'en est une, ironisa le général Adamson.

— Lâche-le tout de suite, crachai-je en pointant Nate du menton.

Il éclata d'un rire sinistre.

— Je crois que tu n'es pas en position d'exiger quoi que ce soit, fit-il remarquer en attrapant l'épaule de mon petit frère pour le rapprocher du canon de son arme.

J'inspirai brutalement, prise de panique.

— Si tu fais ça, tu n'obtiendras plus rien de moi, le menaçai-je, la gorge sèche.

Il haussa les sourcils.

— Quelque chose me dit que quoi que je décide, je n'obtiendrai pas grand-chose de toi.

— Tu sais très bien que...

— Tais-toi ! Je t'interdis de m'interrompre, m'arrêta-t-il d'un ton tranchant. Je te rappelle que c'est à ton père et à ton général que tu t'adresses ! Et il est inutile de mentir. Je t'ai laissé une chance de faire ce que j'attendais de toi, je t'ai laissé le temps qu'il t'a semblé nécessaire, j'ai même accepté d'épargner la vie de cet être misérable... Et regarde ce que tu as fait. Tu as essayé de me court-circuiter, de contourner mes ordres. Tu espérais vraiment m'avoir aussi facilement ? Tu as vraiment cru que l'idée que tu puisses essayer de rapatrier ton frère à tes côtés ne m'avait jamais traversé l'esprit ? Que je serais assez idiot pour croire que tu te plierais à mes ordres et ne me décevrais pas pour la première fois de ta vie ?

J'attendis qu'il ait fini son petit discours et observai un moment de silence avant de reprendre la parole.

— Tu m'as à peine laissé deux mois, papa, me lançai-je à mes risques et périls. Comme si c'était aussi simple de pousser le premier venu à faire... ça.

Je restai volontairement vague, sachant très bien qu'il me comprendrait. Nathan n'avait pas besoin d'entendre ces choses-là, même s'il ne les comprendrait sûrement pas sur l'instant. Néanmoins, s'il m'arrivait quoi que ce soit, je ne tenais pas à ce qu'il se remémore cet instant des années plus tard, en réalisant que sa sœur avait envisagé de jouer les traînées pour lui sauver la vie – et son visage terrifié m'indiquait clairement qu'il se souviendrait de la moindre minute de cette scène. J'étais sûrement naïve d'espérer le voir me survivre, mais je ne pouvais tout simplement pas me résoudre à l'imaginer disparaître.

— Mais tu as fait pression sur sa vie depuis qu'il est né, poursuivis-je en désignant le petit. Tu m'as toujours extorqué tout ce que tu m'as pris, comme si je n'étais qu'un soldat avec un intérêt stratégique tout juste suffisant pour te retenir de te débarrasser de moi. Et tu espérais vraiment que je ne te décevrais pas ? Tu as quand même conscience de ce que tu as voulu m'obliger à faire, cette fois ?

— Je te conseille de baisser d'un ton, Engel.

Je haussai les épaules, prenant le risque d'y aller au bluff.

— Je te l'ai déjà dit, si tu touches à un seul de ses cheveux, je te jure que tu peux te mettre le déclenchement de ta guerre où je pense.

— Pardon ? feula-t-il en desserrant inconsciemment sa prise autour de Nate.



Media : Gone, Coldrain.

ENDLESS RAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant