ENDLESS RAIN

12. WILD CHILD (PARTIE XII)

Je me laissai entraîner dans les couloirs, étrangement détendue. J'avais l'impression que tout était encore possible, désormais, malgré le climat actuel.

— Où est-ce que tu m'emmènes avec tant d'empressement ? m'enquis-je en le voyant faire des enjambées de plus en plus grandes.

— Malgré les apparences, je ne pense pas qu'on ait exactement tout le temps devant nous. Et je sais que tu te poses encore pas mal de questions. Mon but est d'y répondre le plus vite possible pour pouvoir passer à autre chose et profiter du temps qu'il nous reste.

Nous nous stoppâmes de concert, de mon côté un peu choquée, là où il semblait seulement réaliser ce qu'il venait de dire.

— Vu sous cet angle, j'ai conscience d'avoir été un peu alarmiste, reconnut-il. Mais ce n'est pas ce que je voulais dire... Enfin, pas dans le sens où tu l'entends. Il va y avoir du changement, c'est certain, mais probablement pour du positif.

Je sentis mes sourcils s'arquer d'incrédulité.

— Comment ça, probablement ?

— Ouh là, la liste d'interrogations semble visiblement se rallonger ! Dépêchons-nous avant que je ne me retrouve submergé...

Refusant de m'en dire plus, il m'emmena à l'extérieur pour effectuer une petite traversée matinale, le temps de rejoindre une autre zone du secteur 17, où des tours proprement gigantesques s'élevaient vers le ciel. Nous grimpâmes dans celle qui devait sans l'ombre d'un douter abriter le point culminant d'Endless Rain.

Nous déboulâmes finalement dans les étages supérieurs, qui abritaient en apparence un petit repaire scientifique – bien que tous les gens qui s'y affairaient n'avaient absolument pas la tête de l'emploi. Nous nous fîmes saluer sans distinction, comme si nous n'étions que des particules à peine visibles dans le brouillard réflexif de leur esprit. Je ne répondis que du bout des lèvres, consciente que même une absence de réponse ne changerait rien à la situation.

— N.J....

— Qu'est-ce qu'on fait ici ? Je sais. Minute papillon, on vient juste de poser les pieds sur la terre des révélations, ajouta-t-il d'une voix quasi-mystique, avant d'éclater de rire. Tu sais que, le pire, c'est que tu risques d'être déçue ? Je ne sais pas ce que tu t'es imaginé sur la question, mais tout ça ne tient qu'en trois-quatre mots.

Je tirai une chaise vide, placée près d'un bureau enseveli sous des cahiers de calcul, ne redoutant nullement de déranger quelqu'un. La dizaine de résistants présents évoluait en petits groupes de discussion, sans prêter attention à leur environnement.

— Alors, je t'écoute.

— Formule d'abord une question, ma belle, répliqua-t-il avec un clin d'œil.

— Eh bien... Tu m'as expliqué les débuts de la Résistance, du moins, à partir du moment où tu as rejoint cette organisation. Mais tu ne m'as toujours pas expliqué le but de sa création, laissai-je échapper, incertaine.

— Cette partie me semblait pourtant évidente... Je veux dire, tous autant que nous sommes, nous avons toujours renié le pouvoir en place.

— Sauf que vous l'avez passivement accepté. N.J., tous les Résistants étaient des infiltrés jusqu'à récemment, voire le sont encore. Vous n'avez pas mené des actions qui ont ébranlé ceux qui nous dirigeaient. Avant d'être approchée par l'un d'entre vous, j'ignorais même jusqu'à l'existence d'une forme aussi organisée de rébellion. Si je devais reformuler clairement, je te demanderais : pourquoi avoir créé la Résistance avec pour but originel de destituer nos dingues de parents, si c'était pour rester caché dans l'ombre pendant plus de vingt ans ?