1. UNDERWATER (PARTIE III)

1.4K 186 76
                                    

Je n'attendis pas qu'il ajoute quoi que ce soit pour sauter. Le monde défila à la verticale durant moins d'une seconde, avant qu'un filtre vert et gris ne me dévoile la partie immergée de l'iceberg – littéralement. Grâce au ciel et aux progrès techniques effectués par quelques personnes désireuses de surfer sur la vague d'une fin du monde – à laquelle elles ne croyaient pas plus qu'à celle de 2012 –, nous avions eu la chance de disposer de technologies aussi pointues que la combinaison que je portais actuellement.

En plus d'éviter la sensation de froid ou de vêtements mouillés qui n'avait rien de franchement agréable en plongée sous-marine, elle se métamorphosait depuis la base du cou jusqu'au sommet du crâne en une véritable seconde peau, au confort inespéré. Des petits détails qui faisaient toute la différence, comme la possibilité d'ouvrir les yeux sous l'eau en les gardant parfaitement secs, ou encore la possibilité de s'alimenter en oxygène grâce à d'innombrables et minuscules veinules, rattachées à des recharges défiant toute gravité. Sans compter que sa fluidité permettait une grande aisance dans les mouvements effectués, ce qui ne gâchait rien. Même si, paradoxalement, je n'avais jamais été fan de plongée, cette combinaison me rendait les choses considérablement plus faciles.

Je me dirigeai vers l'immeuble 12 en apercevant l'ombre des pales en rotation de l'hélicoptère survoler ma position, avant de s'éloigner. Ma réserve d'oxygène étant quasiment pleine, puisque j'avais été larguée tout près du point cible, j'ignorai la cabine dont m'avait parlé Ghost pour m'engouffrer dans le bâtiment délabré. Je serrai le poing pour activer la commande intégrée au niveau de la paume de ma main, déclenchant la fonction halogène de mon équipement.

L'eau prit des reflets violets, alors que de petites tâches lumineuses dansaient sur les murs fissurés. Quelque chose me disait qu'ils n'allaient plus tenir longtemps – ce qui expliquait aussi pourquoi cette zone était libre. Personne n'aurait été assez fou pour essayer d'aménager ce qu'il restait d'espace habitable, alors que tout pouvait s'écrouler dans les jours ou les heures à venir.

Voilà pourquoi aucune passerelle de liaison n'avait été établie entre les tours de ce secteur. Pour ma part, ces dernières n'avaient encore jamais failli à leur mission en restant debout, et représentaient un excellent moyen de surveiller l'ennemi de l'extérieur, sans me faire repérer par les milliers de moyens de détection à l'actif de mon père – pour ne pas dire, l'ennemi de l'intérieur.

Je nageai rapidement dans les escaliers, pour atteindre l'un des premiers niveaux où l'eau ne faisait qu'en effleurer le seuil. Autant dire que j'étais déjà montée assez haut. Je me secouai pour chasser les dernières gouttes d'eau qui perlaient sur mes jambes, avant de me diriger vers les affaires que j'avais laissées derrière moi lors de ma dernière visite. J'attrapai une paire de jumelles posées près de l'une des rares fenêtres qui n'avaient pas encore explosé à ce niveau, et me dirigeai vers une ouverture béante pour éviter toute obstruction à ma vue autre que celle – pourtant moindre – de ma combinaison.

Avec un soupir, je regardai s'activer sur une passerelle du secteur 35 une formation de soldats armés, en pleine session d'entraînement. La pluie tiède s'abattait imperturbablement sur leur tête, ce qui ne semblait pas pour autant détourner d'un iota la concentration qu'exigeait d'eux leur instructeur. Tous portaient un brassard avec l'emblème de l'Union Bleue par-dessus leur veste militaire. Je restai songeuse. Se pouvait-il qu'il se cache parmi eux ?


Media : Cry Out, One Ok Rock.

ENDLESS RAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant