2. BLACK VEIL BRIDES (PARTIE XII)

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— J'en sais rien, entendis-je derrière moi. Je vais voir de ce côté-là.

Je me retournai presque mécaniquement, et aperçus un regard fier surmonté d'une chevelure rousse balayer les environs, d'un air à la fois inquiet et furibond. Elle dut sentir que je la fixais, car ses yeux verrouillèrent les miens. En avisant mon expression – que les quelques larmes que j'avais eu le malheur de verser n'avait pas dû arranger – elle s'approcha de moi en fronçant les sourcils, inquisitrice.

— Ça va ?

Je haussai les épaules.

— Je ne sais pas comment rentrer.

— Ça, ce n'est rien, répondit-elle, perplexe face à cette réponse qu'elle n'attendait pas. On peut te ramener, si tu veux. Il n'y a rien d'autre, tu es sûre ?

— Un abruti de première, c'est tout. Rien qui vaille la peine d'en parler.

— Tu sais ce qu'on dit, les abrutis, c'est comme les points noirs : personne n'en veut mais ils surgissent toujours au pire moment, au pire endroit. Et t'as beau vouloir les exploser, au final, c'est toi qui te retrouves avec un trou à la place de la tronche.

Sa tentative de consolation me fit sourire.

— Allez, dis-moi comment tu t'appelles.

Je relevai la tête et rencontrai son regard perçant.

— Enji.

Elle hocha la tête avant de m'entraîner à sa suite.

— Rachel, se présenta-t-elle à son tour. Viens, je te ramène.

— T'étais pas en train de chercher quelqu'un ?

— T'en fais pas pour ça, balaya-t-elle d'un revers de la main. Je trouve toujours ce que je cherche.

Elle me fit descendre par une autre échelle et monter dans une embarcation quasiment identique à celle qui m'avait amenée jusqu'ici... et qui était repartie sans moi. Je guidai Rachel de mémoire sur le chemin du retour – une chance que j'étais bonne patrouilleuse –, mais ne me montrai pas plus prolixe pour autant. Celle-ci ne me questionna pas non plus, ce qui n'en rendit le trajet que plus simple. Nous arrivâmes rapidement à destination, devant le dernier niveau du parking émergé.

— Je te remercie, soupirai-je en enjambant le bord du canot pneumatique. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si tu n'avais pas surgi au bon moment.

— Ce n'est rien.

Elle se prépara à partir en sens inverse.

— Ah, et au fait, donne-lui du fil à retordre, m'enjoignit-elle en m'adressant un vague salut militaire.

— À qui ? demandai-je, un peu perdue.

— À ton mec, enfin.

— Mon...

Elle leva les yeux au ciel devant mon air hagard.

— L'abruti de première !

— Oh ! Euh... on n'est pas ensemble, me crus-je obligée de me justifier.

— Ah bon ?

Je rêvais ou elle avait l'air déçue ?

— Ouais, ben... rien n'est perdu, assura-elle en s'éloignant pour de bon. Fais juste en sorte que ce ne soit pas trop facile. Allez, salut.

Je restai interdite. Si elle émettait un tel jugement alors qu'elle ne savait rien de la situation, j'avais dû vraiment avoir l'air désespérée de me retrouver seule pour lui faire penser un truc pareil. La honte s'ajouta à la liste des émotions que j'avais écumées aujourd'hui.

Épuisée, je remontai le parking où toute forme de vie semblait avoir disparue, pour mon plus grand soulagement. Je poussai de toutes mes forces sur la porte rouge, plus difficile à ouvrir que je ne l'imaginais. Ne m'inquiétant pas outre mesure du bruit provoqué, j'avalai les marches quatre à quatre jusqu'à tomber sur Parson. Du moins, je crus deviner la silhouette du garde.

— Eh, Parson, baisse la lampe, s'il te plaît, me plaignis-je en plaçant ma main en visière. C'est moi, Enji.

— Tiens, tiens, prononça lentement une voix inconnue. Alors comme ça, Parson reçoit de la visite la nuit...

ENDLESS RAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant