7. GONE (PARTIE XI)

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Je lâchai un profond soupir et secouai la tête.

— Le problème, N.J., c'est que je n'arrive plus à croire en personne. Je n'arrive plus à croire que ce qui nous pousse à agir les uns envers les autres n'ait pas seulement trait à une question d'intérêt et au plaisir de faire souffrir les gens. Cite-moi ne serait-ce qu'une personne dans ton entourage qui agit réellement par compassion ou par amitié. Et s'il te plaît, ne me mentionne pas. Tu n'as aucune idée de qui je suis au fond.

Il pinça les lèvres, visiblement en désaccord.

— Bien que ta dernière affirmation soit discutable, je n'insisterai pas. Mais je peux te citer beaucoup de gens qui agissent encore pour ces valeurs. Regarde ma mère.

— Mais justement, regarde-là ! Cette pauvre femme est indéniablement la personne la plus altruiste et généreuse que je connaisse, mais elle est définitivement coincée dans une vie d'oppression et ses sacrifices ne la mèneront à rien. J'ai essayé de satisfaire mon père tout au long de ma vie même si je ne pouvais pas l'encadrer, parce que je savais que c'était le prix à payer pour préserver Nate. Mais au final, il a toujours souffert de la situation, cette nuit-là plus que jamais. À quoi ça sert, alors ? À quoi ça sert de continuer comme ça ?

Norin semblait dépassé par la situation. Je voyais bien qu'il cherchait à me convaincre du contraire, mais il semblait conscient que ses mots ne rimeraient à rien à cet instant précis. Il réfléchit pendant près d'une minute, laissant planer un grand silence, avant de relever mon menton pour capter mon attention.

— Va t'habiller, on va faire un tour, m'intima-t-il doucement.

— Pourquoi faire ? demandai-je de mauvaise grâce.

Je réalisai que ce n'était pas le tee-shirt dix fois trop grand pour moi qui me tombait au-dessus des genoux qui allait me protéger de la pluie.

— Te changer les idées.

Je fis la moue, peu emballée à l'idée de sortir de ma réclusion.

— Dis, tu ne vas pas m'emmener quelque part en me demandant d'admirer un paysage magnifique, tout ça pour me dire que c'est pour ces choses-là et ces petits instants qu'il faut se battre, hein ? Parce que je te jure que, non seulement je ne suis pas d'humeur, mais en plus, je n'ai pas le courage de me déplacer pour ça.

Il se mit à rire en fronçant les sourcils, comme si cette idée lui paraissait aussi douteuse qu'à moi. Il n'était pas du genre à croire à l'idée semi-héroïque de l'homme déterminé à encourager les fragiles personnes qui l'entourent à se battre, et lutter pour quelque chose auquel ils ont eux-mêmes du mal à croire. Enfin, je l'en pensais capable, mais pas à tort et à travers.

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