2. BLACK VEIL BRIDES (PARTIE VII)

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— Je fais plus que ça, assura-t-il. J'évite un face-à-face ultra-gênant.

— Et tu règles souvent tes problèmes par la fuite ?

Il s'approcha de moi et posa une main résignée sur mon épaule.

— C'est pire que ça. Tu es quand même un problème qui va me poursuivre toute ma vie, souligna-t-il.

Je me dégageai promptement.

— Quel tact, notai-je. Tu crois que je suis heureuse d'être dans une situation pareille ?

— Je ne crois absolument rien de ce genre, rétorqua-t-il. Tu n'es pas la première à te marier en voile noir, tu sais.

Je fronçai les sourcils, cette fois.

— Que ce soit toi, ta mère ou la mienne, vous êtes toutes des mariées en voiles noirs, précisa-t-il. Ce n'est pas votre choix, mais justement, ce n'est pas comme si vous l'aviez jamais eu, le choix. La nouveauté dans l'histoire, c'est que moi non plus, je n'en ai pas envie. Et ne prends pas ça personnellement. Tu es une belle femme, mais je ne te connais pas et je ne t'ai pas choisie. Alors, tu nous vois ici en face-à-face pendant des heures sans savoir quoi se dire ? En admettant qu'on ait envie de se parler ?

Je restai sans voix. Non pas que son discours ne soit pas fondé, mais...

— Cela dit, reprit-il après un instant de réflexion, rien ne t'empêche de venir.

Je levai les mains en signe d'interrogation.

— Tu es toujours aussi difficile à suivre ?

Il répondit à ma question par une autre.

— C'est toujours une façon de briser la glace, non ?

Je pris une brève inspiration en faisant voyager mon regard dans toute la pièce. Je ne me voyais vraiment pas rester ici toute seule pour ma première soirée. Et en y réfléchissant bien, nous en serions toujours au même point lorsqu'il reviendrait de sa petite virée. Peut-être que le fait de nous connaître ne serait-ce qu'un tout petit peu mieux faciliterait notre adaptation l'un à l'autre.

— O.K., acceptai-je avant de changer d'avis. Je ne sais pas dans quoi je m'embarque ni même pourquoi, mais tant que tu te tais, tout devrait bien se passer.

Ce fut à son tour de lever les yeux au ciel, mais j'étais certaine de ne rien exagérer du tout en ce qui le concernait.

— Mais... les couloirs ne sont pas surveillés ? m'étonnai-je. Tu peux sortir comme tu veux ?

— J'aimerais bien, soupira-t-il. Allez, suis-moi.

Il tira le verrou de la porte, avant de se diriger une nouvelle fois vers son lit. Je m'apprêtais à lui demander ce qu'il comptait faire lorsqu'il passa sa main sur le mur à droite du sommier et en retira une grande plaque carrée.

— Après toi, m'invita-t-il d'un geste de la main.

Je m'accroupis à sa hauteur et fixai un instant son visage d'un air intrigué, avant de m'avancer dans l'ouverture. Je débouchai sur un petit palier, ouvert sur une volet de marches plus que vétustes.

— Ce sont les escaliers de secours, me devança-t-il en replaçant la plaque derrière lui. On les a condamnés il y a un moment. Le réseau électrique est ingérable, ici, c'est tout juste si on arrive à faire clignoter un néon. C'est pour ça que la surveillance est assurée par un garde relayé toutes les quatre heures.

— Et tu ne te fais jamais pincer ?

— J'ai de bonnes relations, rigola-t-il.

S'il avait lui aussi vécu parmi les soldats, il n'y avait rien d'étonnant là-dedans. Nous progressâmes dans les marches métalliques jonchées de débris, jusqu'à arriver devant un pan de mur qui s'était détaché, obstruant entièrement le passage. N.J. passa son bras autour de ma taille pour m'aider à surmonter l'obstacle, et je ressentis une nouvelle fois cette force tranquille qu'il mettait dans chacun de ses mouvements. La température sembla monter de quelques degrés, avant de revenir à la normale lorsqu'il me relâcha.

ENDLESS RAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant